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Analyse L'accompagnatrice Nina Berberova

Publié le 05/04/2017

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Biographie Nina Berberova est née à Saint-Pétersbourg en 1901. Elle est décédée à Philadelphie en 1993.Elle reçut à la naissance, comme un cadeau du destin, le privilège d'avoir deux origines, l'une nordique et russe, l'autre méridionale et arménienne. Le mariage de sa mère et de son père a été un choc pour sa famille maternelle, très russe, orthodoxe et patriarcale. La foi arménienne de son père leur semblait différente de la leur et lui-même leur semblait un étranger. Et cependant ses parents se sont aimés toute leur vie. La mort seule les a séparés.En 1917 son père avait le grade de conseiller d'Etat, chargé de missions spéciales auprès du dernier ministre des Finances et était l'un des spécialistes obscurs de l'impôt sur le revenu que la Russie tsariste se préparait à introduire dans le pays. Jugé comme contre-révolutionnaire par les hommes de Lénine il fut obligé de quitter son poste et avec sa il durent quitter la ville. Ils moururent à quelques mois d'intervalle la même année. Dès son enfance Nina écrivait des poèmes. Sa dernière année au lycée fut marquée par des événements majeurs : la révolution d'octobre, la paix de Brest-Litovsk avec l'Allemagne. Le peuple entra dans l'histoire en balayant tout sur son passage, eux les premiers. Nina Berberova écrit " Je connus les tourments que m'inspiraient les inégalités sociales, la politique qui envahissait notre vie et les premières privations. J'ai découvert, par-delà notre appartement vaste et propre où l'on vivait encore heureux, l'enfer de la pauvreté que l'on m'avait longtemps caché. Je ne connaissais les pauvres qu'à travers mes lectures. "A propos de cette époque elle écrit encore " En 1912 et 1916, tout croulait, s'effilochait sous nos yeux comme un vieil habit usé. La contestation était l'air que nous respirions, elle a nourri mes premières vraies émotions. Beaucoup plus tard seulement, à l'âge de 25 ans environ, j'ai su que j'appartenais de par ma naissance à la bourgeoisie. Je ne me sens absolument pas liée à elle, notamment parce que j'ai passé ma vie entière parmi des exilés déclassés comme les héros de mes romans et de mes nouvelles. C'est de l'intelligentsia, déclassée ou non, que je me sens la plus proche. " Elle dit " Les malheurs de mon siècle m'ont plutôt servi : la révolution m'a libérée, l'exil m'a trempée, la guerre m'a projetée dans un autre monde " Au cours de l'été 1922 ce fut l'expulsion massive de l'intelligentsia, le début des répressions systématiques et la destruction de deux générations. En littérature c'était la fin du symbolisme, la montée du futurisme et, par le biais de ce dernier, la mainmise de la politique sur l'art. Le poète Khodassevitch, qu'elle connut à cette époque l'aida à s'exiler. A partir du mois de mai 1922 on commença à délivrer à Moscou des passeports d'émigration.Lorsque Khodassevitch prit la décision de quitter la Russie elle le suivit. A Berlin ils se retrouvent avec d'autres écrivains parmi lesquels Pasternak. En 1923 le Berlin russe se vida. Chacun partit vers une direction différente. Khodassevitch et Nina partirent pour Prague. A l'automne 1924 ils rejoignirent Gorki à Sorrente où il séjournèrent quelques temps avant de s'installer à Paris. Leur vie parisienne ne fut pas facile. Avec leurs passeports d' "apatrides " ils n'avaient pas le droit de travailler comme salariés, ni comme ouvriers.Nina brodait au point de croix de longue bandes, enfilait des perles pour gagner de quoi subsister. Berberova va vivre cette existence dans l'indigence matérielle et le luxe intellectuel. Plus tard elle collabora aux Dernière Nouvelles. A Billancourt elle rencontre le petit peuple russe de l'immigration, aggloméré autour des usines Renault.Et en même temps, avec ces personnages pathétiques ou dérisoires, dépaysés par l'exil, elle découvre les thèmes que paraissait attendre son tempérament de narratrice. Elle entreprend aussitôt de composer de courts récits qui ne seront publiés en France que 68 ans plus tard sous le titre Chroniques de Billancourt. Brisée par la guerre, lasse de l'indifférence française, n'en pouvant plus de sa vie d'émigrée crève la faim, Berberova en 1950, prend le bateau pour New York.L'Amérique lui fait plutôt bon accueil. Sept ans plus tard, la voici qui enseigne la littérature russe à Yale puis à Princeton, goûte aux plaisirs de l'automobile, sillonne les route du Missouri. ….Pourtant son œuvre devra attendre encore pour être reconnue. C'est grâce à une traductrice, Lydia Chweitzer, et au flair d'un éditeur qu'en 1985 paraît en France un court roman " l'Accompagnatrice ".Depuis, au rythme de un par an, les éditions Actes Sud publient ses récits composés dans les années 30 et 40. Tous ces romans ont pour protagonistes ces " émigrés déclassés ". Des histoires faites " de gloire, de misère, de folie et de boue ", écrit Nina Berberova à la fin de ses Mémoires. " L'ACCOMPAGNATRICE " Résumé C'est aujourd'hui le premier anniversaire de la mort de maman.Je n'ai eu qu'une seule maman et je n'en aurai jamais d'autre. Elle s'appelait Catherina Vassilievna Antonovskaya. Elle avait trente-sept ans quand je suis née, et je fus son premier et unique enfant.Elle était professeur de piano, et aucun de ses élèves ne fut au courant de ma venue au monde. Après mon apparition, maman cessa de les recevoir chez elle. Elle était absente de la maison des journées entières. Une vieille bonne s'occupait de moi. L'appartement était petit, il n'y avait que deux pièces. Un jour tout se sut et, une semaine, maman perdit trois leçons ; un mois plus tard, il ne lui restait que Mitenka. Il était impossible de vivre du seul Mitenka. Nous congédiâmes la bonne, nous vendîmes le piano, et sans attendre davantage nous partîmes pour Pétersbourg. Lentement, avec application maman alla vers la conquête de la vie pour elle-même et pour moi. Et dès le premier hiver elle se mit à trotter toute la journée, dans la pluie et dans le gel. J'appris tout au sujet de mon père d'une façon très simple. J'avais quinze ans lorsqu'une amie de maman vint nous voir. C'était le soir, vers six heures. Maman était sortie. Nous parlions, nous évoquions les années lointaines à N., mon enfance.Il arriva je ne sais comment qu'elle me raconta que mon père était un ancien élève de maman et qu'il n'avait, à l'époque, que dix-neuf ans. Et qu'avant lui, elle n'avait aimé personne.Maman rentra. Elle avait maintenant plus de cinquante ans, elle était petite et blanche, comme le sont, il est vrai, la plupart des mamans. Je ne comprenais pas moi-même ce qui m'arrivait. J'avais soudain pitié d'el...

« Et en même temps, avec ces personnages pathétiques ou dérisoires, dépaysés par l'exil, elle découvre les thèmes que paraissait attendre son tempérament de narratrice.

Elle entreprend aussitôt de composer de courts récits qui ne seront publiés en France que 68 ans plus tard sous le titre Chroniques de Billancourt .

Brisée par la guerre, lasse de l'indifférence française, n'en pouvant plus de sa vie d'émigrée crève la faim, Berberova en 1950, prend le bateau pour New York. L'Amérique lui fait plutôt bon accueil.

Sept ans plus tard, la voici qui enseigne la littérature russe à Yale puis à Princeton, goûte aux plaisirs de l'automobile, sillonne les route du Missouri.

…. Pourtant son œuvre devra attendre encore pour être reconnue.

C'est grâce à une traductrice, Lydia Chweitzer, et au flair d'un éditeur qu'en 1985 paraît en France un court roman " l'Accompagnatrice ". Depuis, au rythme de un par an, les éditions Actes Sud publient ses récits composés dans les années 30 et 40.

Tous ces romans ont pour protagonistes ces " émigrés déclassés ".

Des histoires faites " de gloire, de misère, de folie et de boue ", écrit Nina Berberova à la fin de ses Mémoires. " L'ACCOMPAGNATRICE " Résumé C'est aujourd'hui le premier anniversaire de la mort de maman. Je n'ai eu qu'une seule maman et je n'en aurai jamais d'autre.

Elle s'appelait Catherina Vassilievna Antonovskaya.

Elle avait trente-sept ans quand je suis née, et je fus son premier et unique enfant. Elle était professeur de piano, et aucun de ses élèves ne fut au courant de ma venue au monde.

Après mon apparition, maman cessa de les recevoir chez elle.

Elle était absente de la maison des journées entières.

Une vieille bonne s'occupait de moi.

L'appartement était petit, il n'y avait que deux pièces.

Un jour tout se sut et, une semaine, maman perdit trois leçons ; un mois plus tard, il ne lui restait que Mitenka.

Il était impossible de vivre du seul Mitenka.

Nous congédiâmes la bonne, nous vendîmes le piano, et sans attendre davantage nous partîmes pour Pétersbourg.

Lentement, avec application maman alla vers la conquête de la vie pour elle-même et pour moi.

Et dès le premier hiver elle se mit à trotter toute la journée, dans la pluie et dans le gel.

J'appris tout au sujet de mon père d'une façon très simple.

J'avais quinze ans lorsqu'une amie de maman vint nous voir.

C'était le soir, vers six heures.

Maman était sortie.

Nous parlions, nous évoquions les années lointaines à N., mon enfance. Il arriva je ne sais comment qu'elle me raconta que mon père était un ancien élève de maman et qu'il n'avait, à l'époque, que dix-neuf ans.

Et qu'avant lui, elle n'avait aimé personne. Maman rentra.

Elle avait maintenant plus de cinquante ans, elle était petite et blanche, comme le sont, il est vrai, la plupart des mamans.

Je ne comprenais pas moi-même ce qui m'arrivait.

J'avais soudain pitié d'elle, tellement pitié que j'avais envie de me coucher et de pleurer, et de ne pas me relever jusqu'à ce que mon âme se vide en sanglots.

Je me sentais perdre la tête en pensant à l'outrageur.

Je compris que maman était ma honte, de même que j'étais la sienne.

Et que toute notre vie était une irréparable " honte ".

Et puis ce fut la révolution.

J'étais préoccupée par les évènements, j'étais préoccupée par. »

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