Analyse linéaire Le Rouge et le Noir livre I chapitre 15

« PREMIER EXTRAIT : « LE ROUGET ET LE NOIR » DE STENDHAL : CHAPITRE 15 Mais, dans les moments les plus doux, victime d’un orgueil bizarre, il prétendit encore jouer le rôle d’un homme accoutumé à subjuguer des femmes : il fit des efforts d’attention incroyables pour gâter ce qu’il avait d’aimable.

Au lieu d’être attentif aux transports qu’il faisait naître, et aux remords qui en relevaient la vivacité, l’idée du devoir ne cessa jamais d’être présente à ses yeux.

Il craignait un remords affreux et un ridicule éternel, s’il s’écartait du modèle idéal qu’il se proposait de suivre.

En un mot, ce qui faisait de Julien un être supérieur fut précisément ce qui l’empêcha de goûter le bonheur qui se plaçait sous ses pas. C’est une jeune fille de seize ans, qui a des couleurs charmantes, et qui, pour aller au bal, a la folie de mettre du rouge. Mortellement effrayée de l’apparition de Julien, madame de Rênal fut bientôt en proie aux plus cruelles alarmes.

Les pleurs et le désespoir de Julien la troublaient vivement. Même, quand elle n’eut plus rien à lui refuser, elle repoussait Julien loin d’elle, avec une indignation réelle, et ensuite se jetait dans ses bras.

Aucun projet ne paraissait dans toute cette conduite.

Elle se croyait damnée sans rémission, et cherchait à se cacher la vue de l’enfer en accablant Julien des plus vives caresses.

En un mot, rien n’eût manqué au bonheur de notre héros, pas même une sensibilité brûlante dans la femme qu’il venait d’enlever, s’il eût su en jouir. Le départ de Julien ne fit point cesser les transports qui l’agitaient malgré elle, et ses combats avec les remords qui la déchiraient. Introduction :         Paru en 1830, le Rouge et le Noir, roman réaliste, sous-titré Chronique de 1830 Le deuxième roman de Stendhal après Armance Ce roman, écrit sous la Restauration retrace l’évolution sociale de Julien Sorel, un jeune fils de charpentier qui rêve de gloire. Ce jeune homme ne sait pas s’il doit se consacrer à une carrière militaire (le rouge) ou ecclésiastique (le noir) d’où le choix de la symbolique apportée par le titre. Ce roman pose aussi le problème de l’amour comme moyen d’ascension sociale. Le texte que nous allons étudier est extrait du chapitre 15 « le chant du Coq » du livre 1. Julien passe sa première nuit dans la chambre de Madame de Rénal.

Femme noble, épouse du maire de Verrières.

Julien est engagé comme précepteur pour les enfants du couple. Mouvements : o Ligne 76 à 88 : o Ligne 89 à 102 : Comment l’analyse des sentiments des personnages montre leur tiraillement qui les empêchent d’accéder au bonheur lors d’un moment intime ? Premier mouvement : Évoque Julien, un jeune homme qui vacille entre orgueil et sentiment, empêché de faire attention à l’essentiel (profiter de l’amour et du bonheur)  L76 à 77 : Cette phrase s’ouvre par la conjonction de coordination d’opposition « Mais » qui révèle le paradoxe dans lequel se trouve Julien.

En effet le groupe circonstanciel « dans les moments les plus doux » est placé en opposition avec l’apposition « victime d’un orgueil bizarre ».

: o « Victime » met en avant la passivité de Julien, il ne contrôle pas son orgueil, il est en fait mené par lui.

De plus cet orgueil est « bizarre », c’est un commentaire du narrateur qui permet de prendre de la distance par rapport au héros de manière amusante  Mise en avant de la complexité du personnage qui même lorsque le moment est agréable, ne s’ouvre pas, reste froid, distant orgueilleux  Il ne profite pas.  L 77-78 : o « Rôle » : comportement inhabituel, est un acteur. o L’adverbe « encore » et le participe passé « accoutumé » témoigne de l’habitude, de la répétition de ce comportement, de ce rôle de séducteur. o « Subjuguer » est différent de « victime ».

Opposition entre ce qu’il est et ce qu’il veut être.  Antithèse. Opposition entre ce qu’est Julien et ce qu’il essaie de paraître.

Il joue un rôle, ne se montre pas tel qu’il est.

Son modèle est Napoléon, un conquérant. L78-79 : o Paradoxe o Encore une fois la complexité du personnage est visible : accentuation des efforts avec le pluriel et l’adjectif « incroyable » MAIS contre balancé par le désir de Julien de rester froid « pour gâter ce qu’il avait d’aimable »  Le but est exprimé par « pour » mais c’est un but paradoxal. L79 à 82 : o Phrase complexe construite avec une opposition entre « Au lieu … vivacité » et « l’idée…yeux ». o La première partie décrit une série d’actions qu’auraient pu faire Julien, basées sur les sentiments « attentif », « aux transports », « aux remords ».

L’utilisation des pluriels accentue le coté sentimental que Julien aurait pu avoir. o La deuxième partie de la phrase décrit ce que Julien a fait. o Omniprésence de l’idée de « devoir » écrit ici en italique pour mettre en avant la pensée de Julien, qui est accentuée par « ne…jamais » qui s’oppose avec « au lieu » au début (hyperbolique).

Le devoir apparaît.... »