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analyse linéaire louise labé sonnet XIV

Publié le 06/03/2024

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« intro : Louise Labé, poétesse et figure emblématique de la Renaissance française, a marqué la littérature par sa poésie audacieuse et passionnée.

La structure même de ses Oeuvres témoigne de son talent littéraire : en effet il se compose de plusieurs parties en relation les une avec les autres.

Elle écrit à l'âge d’or des recueil amoureux et des sonnets ce qui nous permet aussi de mettre en regard son œuvre avec la tradition poétique du XVIe siècle.

Les élégies peuvent ainsi être perçues comme la transcription de la découverte de l’amour partagé qui laisse le sujet poétique sans voix.

Ainsi les premiers sonnets relatent de la passion amoureuse qui brûle le sujet poétique découvrant pour la première fois l’amour partagé, une passion qui provoque l'écriture lyrique puis, de manière progressive on assiste au déclin de cet amour jusqu’à sa mort.

Et ce n’est que progressivement, et à partir de la mort de cet amour que le sujet poétique conquit le texte jusqu’à trouver sa voix dans la poésie, plus particulièrement avec les sonnets.

La voix naît ainsi de la rupture, une rupture qui provoque le désespoir chez l’amante qui cherche malgré toute la souffrance à s’exprimer. Le sonnet XIV, trouve précisément sa source ici.

Alors que l’amante se raccroche au souvenir de l’amour partagé avec l'être aimé, elle renonce à se laisser mourir tant qu’elle peut chanter, or quand elle ne pourra plus elle ne pourra plus rien faire pour éviter la mort. lecture du sonnet ⇐ Problématique : Alors que le sonnet semble sous le joug du désespoir amoureux, du lyrisme pathétique qui, a priori, ne peut aboutir que sur la mort du sujet poétique, n’y t il pas un combat en faveur de la vie et de la pérennité de la voix poétique qui ne dépend que de l’amour même s’il est douloureux ? 1er mouvement : le temps présent des larmes et du refus de la mort vers 1 à 9. 2eme mouvement : l’avenir angoissant ou la fin de l’amour marque la mort de l’inspiration poétique et par conséquent la mort de la voix poétique.

vers 10 à 14. 1er mouvement : vers 1 à 9 : le temps présent des larmes et du refus de la mort ← plus généralement, le début du premier mouvement est marqué par la douleur et la peine, mais paradoxalement ces émotions ne sont pas niées ou étouffées, le sujet poétique les revendique avec l'énumération des actions qui évoquent les pleurs : - isotopie de la douleur w/ “larmes”, “regretter”, “sanglots” “soupirs” des vers 1 à 3 associée à des verbes qui sous-entendent la force affirmée du sujet “pourront” “résister” - le présent “souhaite” au vers 9 actualise la peine et met bien en avant le temps présent des larmes et de la douleur, cette idée est confortée par les nombreux pluriels dans ces premiers vers qui agissent comme un pluriel concrétisant. - Le contraste avec les souvenirs heureux : antithèse avec “l’heur” et les regrets évoque le paradoxe de se torturer avec le souvenir joyeux de l'être aimé mais cela vaut mieux que la mort. - le conjonction de coordination “et” au vers 3 qui permet d’introduire “soupirs” renforce l'idée selon laquelle la peine et l’amour sont indissociable ⇐ une sorte de revendication de cette douleur qui a priori semble paradoxale, toutefois, la peine et la douleur peuvent etre considerees comme une preuve de vie, tant que l’on souffre, nous ne sommes pas morts.

Ainsi le fait de revendiquer autant cette souffrance peut être compris comme la revendication de la vie, malgré tout. ← De manière syntaxique l’effort de vie se marque par cette longue phrase qui s'étend sur tout le premier mouvement.

L’hyperbate fait que la proposition principale est repoussée au vers 9, les 8 premiers vers sont des subordonnées qui semblent relancer à chaque fois l’impulsion lyrique et par conséquent refuser la mort.

La relance est d’ailleurs en partie orchestrée par l’anaphore “Tant que” aux vers 1, 5 et 7.

De plus, l’emploi du décasyllabe admet une cadence majeure (4//6) ce qui permet au premier hémistiche de donner un second souffle à la phrase à chaque début de vers. ← De même, on remarque plusieurs rejets et enjambements dans ce premier mouvement comme “Pourra ma voix” ou “du mignard luth” : ils marquent à la fois la volonté de retarder la mort et de vouloir toujours repousser la fin, mais il provoque une certaine disharmonie dans la syntaxe du vers : qui semble déjà un peu ébranler le refus de la mort. ← De plus, l’anaphore “Tant que” connote aussi bien la quantité que l’intensité des émotions du sujet poétique à l'égard de son amour perdu, c’est un aspect qui est renforcé par la sémantique des mots employés avec l’usage du verbe “épandre” par exemple.

Le sonnet est donc, dès le début, ancré dans une forme de lyrisme pathétique. ← Puisqu’il s’agit d’un poème d’amour, on s’attend à une certaine conformité à la tradition littéraire de la Renaissance (cad : une reprise des codes des Canzoniere avec une dédicace à l'être aimé) or, ici, l’être aimé n’intervient qu’à partir du vers 2, il n’est pas en position de sujet mais il est toujours sous la forme du pronom personnel tonique ou en possessif : l’accent est bien mis sur le sujet poétique, il y a donc une dualité de pronom approximative. Ainsi, à la différence de la tradition poétique, on sent qu’il y a plus un désir de s’immortaliser soi par la poésie plutôt que l'être aimé, et par conséquent on retrouve là encore l’effort de la vie et le refus de la mort. ← Toutefois le rapport à la tradition reste bien ambiguë : on conserve bien la forme et la musicalité du texte avec le rythme associé au décasyllabe + les effets de sonorité internes + on note quand même une certaine élévation de l'être aimé qui est représenté par les “grâces” ← connotation divine forte qui rejoint la tradition pétrarquiste du poème adressé : renforcé par le vers 8 avec l’expression “ rien fors que toi comprenne” qui rend l’amant unique, spécial voire exceptionnel et cela malgré l’anonymat ⇐ Il y a là la représentation d’une certaine ironie que revendique louise labé qui met en oeuvre une énonciatrice dans le rôle du sujet poétique, mais qui se plie au code et à la tradition qui place plutôt un homme à ce rôle ← le fait que tous les mots placés à la rimes soit des verbes à l’infinitif dans ce premier mouvement donne à envisager une certaine résistance et une combativité du sujet lyrique qui ne cède pas à l’abandon de son amant : chaque verbe à la rime du premier mouvement connote une idée de prolongement, de résilience avec “épandre” “résister” “tendre” “contenter” + ce sont des rimes qui se répètent soit en [é] soit en [endre] ← impression cyclique qui une fois de plus marque la volonté de vivre provoquée par l’alternance entre les rimes isométriques et hétérométriques. ← Une certaine angoisse, ou du moins une certaine inquiétude se dégage dans le rapport au temps, et notamment ce qu’il adviendra dans l’avenir : recherche de la constance et de la stabilité même si ce n’est que souffrance avec l’anaphore “tant que” + le sujet poétique vit dans le souvenir comme l’annonce le vers 2 : nostalgie du passé chantée avec l'assonance en [a].

+ le futur dans les subordonnées “pourront” “pourra”x2 “voudra” ← D’ailleurs les rimes embrassées tendent à faire raisonner et à protéger le passé regretté, l’enclavement par les rimes semble agir comme une protection du souvenir ← Au fur et à mesure que l’on progresse dans le premier mouvement, on voit se dessiner un autre sens : l'inquiétude trouve sa source dans la peur de la perte de la voix poétique : ce qui nous met sur cette piste c’est l’évocation de la Luth au vers 6.

C’est l’instrument de musique qui se rapproche de la lyre soit l’instrument d'Orphée, le premier des poètes.

Ainsi, la voix, la volonté de faire entendre un chant prend un sens métapoétique.

← l’effort de lutte contre la mort ne se fait donc que pour maintenir le vers et la voix poétique. ← D'ailleurs le sujet poétique ne s’exprime véritablement qu’au vers 9, ce qui est très tardif, sinon il est évoqué par métonymies “mes yeux”, “ma voix” “ma main”.

Le premier mouvement autorise le sujet poétique à être spectatrice d’elle-même en évoquant les parties de son corps, il y a donc un glissement vers le sensible : il semble que le regard se déplace, un mouvement verticale, vers le bas qui dévoile une certaine dimension charnelle du sujet poétique et qui parallèlement déplace l'intérêt que l’on porte au sujet poétique vers ce que produit cette voix et cette main, soit le chant poétique. ← on remarque un parallélisme qui permet d’associer voir de superposer la figure du sujet poétique avec Orphée "Ma voix, et un peu faire entendre" et "Ma main pourra.... »

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