analyse linéaire scène 14 acte I des Fausses confidences
Publié le 24/04/2023
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«
Objet d’étude : Le théâtre du XVIIème au XXIème siècle.
Etude d’une œuvre intégrale :
Marivaux, Les Fausses Confidences, 1737.
Parcours associé : Théâtre et stratagème.
Séance 10 : Lecture linéaire du texte 2
🡪 Texte 2 : La première « fausse confidence »
Eléments d’introduction :
Les Fausses Confidences est une comédie écrite en prose qui se compose de
3 actes.
C’est une pièce qui a été jouée pour la 1ère fois en 1737, par des
comédiens italiens.
C’est la 25ème pièce de Marivaux : le dramaturge y
reprend ses thèmes de prédilection : la naissance de l’amour/ les stratagèmes
amoureux/ l’aveu/ la résistance au sentiment amoureux/ l’aveu.
L’intrigue montre les étapes d’un plan savamment organisé par le valet
Dubois pour permettre à son ancien maître Dorante, jeune homme de bonne
famille mais sans argent, de faire la conquête de la riche veuve Araminte.
Pour y parvenir, le valet entreprend d’éveiller chez Araminte le sentiment
amoureux à l’égard de Dorante.
Dans la scène 14 de l’acte I, qui constitue
un moment clé de la pièce en ce qu’elle met en œuvre la première fausse
confidence, Dubois feint de transgresser le secret de l’amour fou qui agite
son maître.
Il emploie tous ses talents de manipulateur pour montrer à
Araminte qu’elle est le sujet d’une fascination extraordinaire.
Le but de ce
stratagème est de susciter chez la jeune femme des pensées dont elle ne
pourra se défaire.
Dubois se révèle ainsi être le maître des fausses confidences.
Il se lance
avec une certaine virtuosité dans un récit inventé et improvisé de cet
amour secret.
Cette parole mensongère sert cependant une cause
sincère.
Son objectif, faire qu’Araminte soit flattée des sentiments amoureux de
Dorante afin qu’elle tombe elle aussi amoureuse.
Dubois est dans son rôle de manipulateur, le valet entreprends un stratagème.
C’est la première fois où on assiste à Dubois qui manipule les autres
personnages.
Problématiques :
En quoi l’art de la parole permet-il à Dubois de mettre en scène le
stratagème ?
Comment Dubois manipule-t-il le langage pour prendre Araminte aux
pièges de l’amour ?
Quelles manigances Dubois met-il en œuvre pour prendre Araminte aux
pièges de l’amour ?
Mouvements :
Mouvement 1 : De la ligne 1 « Il vous adore » à la ligne 15 « bien son tort ».
Un entremetteur habile
Mouvement 2 : De la ligne 16 « Cela est fâcheux » à la ligne 28 « à un point !».
Intitulé : Le récit d’un coup de foudre amoureux
1er mouvement : De la ligne 1 « Il vous adore » à la ligne 15 « bien son tort » : Un
entremetteur habile.
La confidence d’un amour passionnel
Le mouvement s’ouvre sur la confidence d’un amour passionnel.
En fin connaisseur de l’âme humaine, Dubois flatte la passion que provoque
Araminte auprès de Dorante : « Il vous adore » l.1.
Il emploie le champ lexical de l’adoration « adore », « contempler », « l’air
enchanté », « extasié » pour décrire et appuyer l’intensité du sentiment
amoureux.
Il dépeint une passion démesurée et dévastatrice :
« il y a six mois » met en avant un sentiment amoureux qui perdure dans le
temps
Les hyperboles l.6 « il y a six mois qu’il ne vit point, qu’il donnerait sa
vie » ; « Vous ne croiriez pas jusqu’où va sa démence ; elle le ruine, elle lui
coupe la gorge » présente Dorante comme un personnage aliéné qui a perdu
la raison.
L’énumération « Il est bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de
bonne famille » l.7, permet de faire l’éloge de Dorante.
L’euphémisme « d’une figure passable » montre la beauté physique de
Dorante.
L’objectif de la parole ici est programmatif, il programme Araminte
à être séduite par Dorante, son langage, ses paroles ont pour objectif de la
manipuler afin qu’elle soit à son tour séduite.
Les termes d’intensités « bien », « bonne » soulignent les qualités de
Dorante.
Piquée par la curiosité, Araminte demande « de quoi s’avise-t-il ? » pour
savoir jusqu’où peut aller une passion si virulente.
Son intérêt est éveillé.
Une parole suggestive qui éveille la jalousie
Après avoir évoqué l’amour de Dorante, il tente de susciter l’intérêt
d’Araminte en éveillant sa jalousie :
Il fait allusions à des prétendantes fictives qui courtisent Dorante.
L’utilisation du pluriel rend presque hyperbolique le succès que rencontre le
jeune homme auprès d’autres femmes.
Elles apparaissent ainsi à Araminte
comme des potentielles rivales : l.
8 et 9 « il n’a tenu qu’à lui d’épouser des
femmes qui l’étaient (c’est-à-dire « riches »), et de fort aimables ».
Pour accentuer ce faux-semblant, Dubois insiste sur l’une d’elle « une
grande brune très piquante » dont Dorante refuse les avances.
Les femmes évoquées restent anonymes.
Cet élément pourrait trahir le jeu de
Dubois.
Cependant il parvient à donner du crédit à son propos en affirmant
« Je le sais, car je l’ai rencontrée.
»
Bien qu’elle feigne de jouer l’indifférente comme nous l’indique la
didascalie « avec négligence », Araminte semble réaliser qu’elle pourrait être
doublée par une autre soupirante.
L’adverbe « Actuellement » dévoile
l’intérêt qu’elle porte à ce que lui relate Dubois (de même que l’adjectif
« fâcheux » peut exprimer une forme de contrariété).
Dubois perçoit la réussite de sa ruse et s’emploie à la poursuivre jusqu’à son
terme quand il reprend « Oui, Madame, actuellement ».
Portrait d’un honnête homme
Bien que Dorante soit « bien fait, d’une figure passable, bien élevé et d’une
bonne famille » (l’énumération révèle sa beauté physique), il n’a pas une
position avantageuse pour prétendre à une union avec Araminte.
Lui « n’est
pas riche » contrairement à elle.
Pour outrepasser cet obstacle, Dubois vante ses qualités morales :
En rapportant à Araminte que Dorante est convoité par des femmes « qui
offraient de lui faire sa fortune », il révèle le caractère désintéressé de son
maître qui les éconduit.
(« il fuit » ; « Monsieur refuse tout »)
Pour mettre en évidence la fidélité et la sincérité de Dorante, Dubois justifie
les refus face aux demandes en mariage par un pseudo aveu d’amour :
Il donne l’illusion de transgresser un secret confié par Dorante lui-même en
rapportant au discours direct des paroles inventées : « Je les tromperais, me
disait-il; je ne puis les aimer, mon cœur est parti....
»
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