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André Chedid, Le Message: Des Personnages En Miroir

Publié le 12/09/2018

Extrait du document

D’apparence chétive, elles sont toutes deux d’une grande beauté, comme l’illustre le chapitre 40 : « Elle était belle, elle aussi ! » ; « le beau visage blême […] ».

En outre, abandonnée par son fils, l’autre probablement transpercée de la balle du franc-tireur, elles sont victimes de Gorgio, cause de leurs souffrances : « L’image de sa mère qu’il avait tellement fait pleurer transperça sa mémoire, elle surgit devant lui avec ses larmes »l. 141/142 chap. 39 ; « Une douleur intense la transperce et la jette à terre » l.25 chap. 13.

De nouveau, les ressemblances de chacune sont reconnues par les personnages dans la mesure où ces deux femmes se confondent dans l’esprit de Gorgio en une seule personne, dont le visage est tant semblable à celui de la culpabilité : « Les visages de ces deux femmes se touchaient, se rejoignaient, se confondaient. Il éprouva pour l’une et l’autre une profonde compassion […] Il ne savait plus pour laquelle de ces femmes il courait si vite » l. 17 à 22 chap. 40. Par conséquent, il tente de se porter au secours de Marie afin de se racheter non seulement auprès de cette dernière, mais aussi de sa mère.

« sa femme: « Anton imagine Anya à cette même place.

» l.22 chap.

19. Ainsi, ces deux couples n’en sont finalement qu’un seul et représentent deux versions possibles d’une histoire d’amour.

La première, éphémère, sombre déjà dans le néant ; l’autre, affermie par les années, se déploie dans le temps. • Steph et Gorgio diffèrent l’un de l’autre par leurs caractères et leurs convictions. Tandis que le franc-tireur, pour lequel la guerre fut « une aubaine », est de caractère belliqueux, Steph est de nature pacifiste, « hostile à ce conflit » (l.

21 chap.

42) puisqu’il le sépare de Marie.

En conséquence, l’idée de porter une arme lui répugne : « Jamais je ne me servirai d’une arme.

Jamais je ne tuerai ! » martèle-t-il au chapitre 42.

À l’inverse, Gorgio arbore sa mitraillette avec fierté ; celle-ci le définit et lui donne l’impression d’être virile. Par ailleurs, Steph exerce un métier qui lui confère une certaine responsabilité ; il doit répondre à certaine règles afin d’exercer l’archéologie.

Passionné par les fouilles, il relève les empreintes des hommes, des êtres, des conflits qui ont marqué la terre, d’où sa sensibilité vis-à -vis des guerres s’opposant à l’insouciance de Gorgio, désœuvré et sans travail. Pourtant, une fois encore, les rôles et les comportements s'intervertissent, désaxés par la guerre : d’abord indifférent, Gorgio, confronté à l’image de Marie agonisante, cède peu à peu à la pitié et lâche la mitraillette qui le maintenait dans une position de supériorité cependant que Steph succombe à la violence et commet l’acte le plus cruel du roman en tuant le franc-tireur.

Andrée Chedid suggère alors l’universalité de l’histoire, puisqu’elle y dépeint les deux facettes de l’humanité – la violence et la fraternité – dans chacun de ses personnages dont aucun n’est manichéen. • Si le père de Gorgio et Anton sont issus de la même époque et pratiquent de prestigieux métiers – avocat, médecin… -, ils se distinguent néanmoins au niveau du caractère, comme le montrent leurs réactions vis à vis de Gorgio. En effet, son père, déçu de ce fils insouciant qui néglige les études, ne l’aime pas : « Tu n’es rien.

Tu n’es toujours rien, et tu me fais peur ! » l.

34 chap.

37.

Il l’humilie sans cesse et méprise « son allure arrogante, sa démarche assurée ». A contrario, Anton a su percer le masque de brutalité de brutalité derrière lequel se cache le jeune homme et voit en lui l’enfant qu’il est encore ; de ce fait, il lui fait confiance dès leur première rencontre : « C’est lui qui va ramener l’ambulance, j’en suis certain » (chap.

57 l.

70/71.) répète-il à Anya et Steph.

Gorgio est touché par cet homme si avenant et désire immédiatement lui venir en aide : « Il pressa le pas, il fallait leur venir en aide.

Il le souhaitait vraiment.

» l.

7/8 chap.

39. En revanche, le ressentiment de son père lui inspire irrespect et insolence : « "Va au diable !" murmura Gorgio » l.

41 chap.

37 C’est donc l’amour dont a besoin Gorgio, l’amour inaccessible d’un père qui lui fait peur ; l’amour d’un père que semble lui offrir Anton : « Chaque fois qu’il l’évoquait, Gorgio tremblait au souvenir de la rencontre avec son père.

Son regard le poursuivait.

[…] Soudain l’image du vieil homme, torse nu, qu’il venait de quitter, avait resurgi » l.1/6 chap.

39. »

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