Anthologie poétique : Magie
Publié le 13/04/2014
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Anthologie poétique : Magie
N'éteignez pas l'esprit, ne méprisez pas les prophéties. Au contraire éprouvez tout, et retenez ce qui est bon.
SAINT PAUL
Galaad s'approcha de la lance qui était couchée sur la table, toucha au sang, puis alla en oindre les plaies que le roi méhaignié portait aux jambes. Aussitôt le roi s'habilla et quitta son lit, sain et sauf, rendant grâce à Notre-Seigneur de l'avoir soudainement guéri.
La Quest; du Graal.
... Arracher des mots au silence et des idées à la nuit.
HONORÉ DE BALZAC
La magie est la mise en pratique de l'occulte.
De nos jours, il n'y a plus assez de foi pour faire un sorcier.
JOSÉPHIN PÉLADAN
Je dis qu'il existe entre les vieux procédés (de sorcellerie) et le sortilège qui restera la poésie, une partie secrète : je l'énonce ici.
STÉPHANE MALLARMÉ
En ouvrant un oeuf à la coque, j'y trouve une mouche. Du tiède jaune de l'oeuf non coagulé, elle sortit, frotta ses ailes avec peine et s'envola lourdement.
Quelqu'un avait dû me faire cette plaisanterie. Dois-je en faire mention ici? Est-ce digne du nom de Magie?
HENRI MICHAUX
PIERRE DE RONSARD
LA CHASSE DÉMONIAQUE
Un soir vers la minuit, guidé de la jeunesse
Qui commande aux amants, j'allais voir ma mattresse
Tout seul, outre le Loir, et passant un détour
Joignant une grand croix, dedans un carrefour,
J'ouïs, ce me semblait, une aboyante chasse
De chiens qui me suivaient pas à pas à la trace ;
Je vis auprès de moi, sur un grand cheval noir
Un homme qui n'avait que les os, à le voir,
Me tendant une main pour me monter en croupe :
J'avisai tout autour une effroyable troupe
De piqueurs qui couraient une Ombre, qui bien fort
Semblait un usurier qui naguère était mort
Que le peuple pensait pour sa vie méchante,
Etre puni là-bas des mains de Rhadamante.
Une tremblante peur me courut par les os,
Bien que j'eusse vêtu la maille sur le dos,
Et pris, tout ce que prend un amant que la Lune
Conduit tout seul de nuit pour chercher sa fortune.
Dague, épée, et bouclier, et par sur tout un coeur
Qui naturellement n'est sujet à la peur :
Si fussé-je étouffé d'une crainte pressée,
Sans Dieu qui promptement me mit en la pensée
De tirer mon épée et de couper menu
L'air tout autour de moi avecque le fer nu :
Ce que je fis soudain, et si tôt ils n'ouïrent
Siffler l'épée en l'air, que tous s'évanouirent?
Et plus ne les ouïs ni bruire, ni marcher,
Craignant peureusement de se sentir hacher,
Et tronçonner le corps, car bien qu'ils n'aient veines
Ni artères, ni nerfs comme nos chairs humaines,
Toutefois comme nous ils ont un sentiment,
Car le nerf ne sent rien, c'est l'Esprit seulement.
D'un point nous différons, quand le fer nous incise.
Notre chair est longtemps avant qu'être reprise,
Les Daimons à l'instant, tout ainsi qui fendrait
L'air ou le vent, ou l'Eau qui tôt se reprendrait.
Que dirais-je plus? Ils sont pleins d'art et de science,
Quant au reste impudents et pleins d'outrecuidance.
Sans aucun jugement, ils sont follets, menteurs,
«
PIERRE DE RONSARD
LA CHASSE DÉMONIAQUE
Un soir vers la minuit, guidé de la jeunesse
Qui commande aux amants, j'allais voir ma maltresse Tout seul, outre le Loir, et passant un détour Joignant une grand croix, dedans un carrefour,
J'ouïs, ce me semblait, une aboyante chasse
De chiens qui me suivaient pas à pas à la trace ; Je vis auprès de moi, sur un grand cheval noir Un homme qui n'avait que les os, à le voir, Me tendant une main pour me monter en croupe : J'avisai tout autour une effroyable troupe De piqueurs qui couraient une Ombre, qui bien fort
Semblait un usurier qui naguère était mort Que le peuple pensait pour sa vie méchante, Etre puni là-bas des mains de Rhadamante.
Une tremblante peur me courut par les os,
Bien que j'eusse vêtu la maille sur le dos, Et pris, tout ce que prend un amant que la Lune
Conduit tout seul de nuit pour chercher sa fortune.
Dague, épée, et bouclier, et par sur tout un cœur
Qui naturellement n'est sujet à la peur : Si fussé-je étouffé d'une crainte pressée,
Sans Dieu qui promptement me mit en la pensée
De tirer mon épée et de couper menu L'air tout autour de moi avecque le fer nu : Ce que je fis soudain, et si tôt ils n'ouïrent Siffier l'épée en l'air, que tous s'évanouirent 'l Et plus ne les ouïs ni bruire, ni marcher,
Craignant peureusement de se sentir hacher, Et tronçonner le corps, car bien qu'ils n'aient veines
Ni artères, ni nerfs comme nos chairs humaines,
Toutefois comme nous ils
ont un sentiment, Car le nerf ne sent rien, c'est l'Esprit seulement.
D'un point nous différons, quand le fer nous incise.
Notre chair est longtemps avant qu'être reprise,
Les Daimons à l'instant, tout ainsi qui fendrait L'air ou le vent, ou l'Eau qui tôt se reprendrait.
Que dirais-je plus? Ils sont pleins d'art et de science, Quant au reste impudents et pleins d'outrecuidance.
Sans aucun jugement, ils sont follets, menteurs,
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