Anthologie poétique : Nuit

« Celuy qui tout courbé le long des rives tire Contre le fil du fleuve un trafiquant navire, En fondant tout en eau, remplit les bords de bruit, Sur la paille estendu se repose la nuict.

Celuy ~ui, d'une fauls maintes fois esmoulue, Tond 1 honneur biguarré de la plaine velue, Se repose la nuict et dans les bras lassez De sa compagne perd tous les travaux passez.

Seuls, seuls, les nourrissons des neuf doctes pucelles, Cependant que la nuict de ses humides aisles Embrasse l'univers d'un travail gratieux, Se tracent un chemin pour s'envoler aux cieux, Et plus haut que le ciel d'un vol docte conduisent Sur l'aisle de leurs vers les humains qui les lisent ...

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JEAN PASSERAT A LA LUNE 0 bel œil de la nuict, o la fille argentée Et la sœur du soleil et la mere des mois, 0 princesse des monts, des fleuves et des bois, Dont la triple puissance en tous lieus est vantée : Puisque tu es, deesse, au plus bas ciel montée, D'où les piteus regrets des amans tu reçois, Dis, lune au front cornu, as tu vu quelquefois Une ame qui d'amour fust si fort tourmentée? Si doncques ma douleur vient ton corps esmouvoir, Tu me peux secourir, ayant en ton pouvoir Des songes emplumez la bande charmeresse.

Choisis l'un d'entre tous qui les maux d'un amant Sache mieulx contrefaire, et l'envoye en dormant Representer ma peine à ma ftere maistresse.. »