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Anthologie poétique: Rêve

Publié le 12/04/2014

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Anthologie poétique: Rêve

Rien ne m'effraye plus que la fausse accalmie D'un visage qui dort ; Ton rêve est une Égypte et toi c'est la momie Avec son masque d'or.

JEAN COCTEAU

Le rêve qu'on a en soi, on le retrouve hors de soi.

VICTOR HUGO

J'écrivais des silences, des nuits, je notais

l'inexprimable. Je fixais des vertiges.

... Je devins un opéra fabuleux.

ARTHUR RIMBAUD

Et quand tu n'es pas là

Je rêve que je dors je rêve que je rêve.

PAUL ELUARD

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.

ROBERT DESNOS

Le poète à venir surmontera l'idée déprimante du divorce irréparable de l'action et du rêve.

ANDRÉ BRETON

VICTOR HUGO

CE QUE DIT LA BOUCHE D'OMBRE

Homme, tu veux, tu fais, tu construis et tu fondes, Et tu dis : — Je suis seul, car je suis le penseur. L'univers n'a que moi dans sa morne épaisseur. En deça, c'est la nuit ; au delà, c'est le rêve. L'idéal est un oeil que la science crève,

C'est moi qui suis la fin et qui suis le sommet. —Voyons ; observes-tu le boeuf qui se soumet ? Ecoutes-tu le bruit de ton pas sur les marbres? Interroges-tu l'onde? et, quand tu vois des arbres, Parles-tu quelquefois à ces religieux?

 

Comme sur le versant d'un mont prodigieux,

Vaste mêlée aux bruits confus, du fond de l'ombre,

Tu vois monter à toi la création sombre.

Le rocher est plus loin, l'animal est plus près.

Comme le faîte altier et vivant, tu parais!

Mais, dis, crois-tu que l'être illogique nous trompe?

L'échelle que tu vois, crois-tu qu'elle se rompe?

Crois-tu, toi dont les sens d'en haut sont éclairés,

Que la création qui, lente et par degrés,

S'élève à la lumière, et dans sa marche entière,

Fait de plus de clarté luire moins de matière

Et mêle plus d'instincts au monstre décroissant,

Crois-tu que cette vie énorme, remplissant

De souffles le feuillage et de lueurs la tête,

Qui va du roc à l'arbre et de l'arbre à la bête,

Et de la pierre à toi monte insensiblement,

S'arrête sur l'abîme à l'homme, escarpement ?

« Comme sur le versant d'un mont prodigieux, Vaste mêlée aux bruits confus, du fond de l'ombre, Tu vois monter à toi la création sombre.

Le rocher est plus loin, l'animal est plus près.

Comme le faîte altier et vivant, tu parais 1 Mais, dis, crois-tu que l'être illogique nous trompe? L'échelle que tu vois, crois-tu qu'elle se rompe? Crois-tu, toi dont les sens d'en haut sont éclairés, Que la création qui, lente et par degrés, S'élève à la lumière, et dans sa marche entière, Fait de plus de clarté luire moins de matière Et mêle plus d'instincts au monstre décroissant, Crois-tu que cette vie énorme, remplissant De souilles le feuillage et de lueurs la tète, Qui va du roc à l'arbre et de l'arbre à la bête, Et de la pierre à toi monte insensiblement, S'arrête sur l'abime à l'homme, escarpement? Non, elle continue, invincible, admirable, Entre dans l'invisible et dans l'impondérable, Y disparaît pour toi, chair vile, emplit l'azur D'un monde éblouissant, miroir du monde obscur, D'êtres voisins de l'homme et d'autres qui s'éloignent, D'esprits purs, de voyants dont les splendeurs témoignent, D'anges faits de rayons comme l'homme d'instincts; Elle plonge à travers les cieux jamais éteints, Sublime ascension d'échelles étoilées, Des démons enchaînés monte aux âmes ailées, Fait toucher le front sombre au radieux orteil, Rattache !'astre esprit à !'archange soleil, Relie, en traversant des millions de lieues, Les groupes constellés et les légions bleues, Peuple le haut, le bas, les bords et le milieu, Et dans les profondeurs s'évanouit en Dieu 1 Cette échelle apparaît vaguement dans la vie Et dans la mort.

Toujours les justes l'ont gravie; Jacob en la voyant, et Caton sans la voir.

Ses échelons sont deuil, sagesse, exil, devoir.

Et cette échelle vient de plus loin que la terre.

Sache qu'elle commence aux mondes du mystère, Aux mondes des terreurs et des perditions ; Et qu'elle vient, parmi les pâles visions, Du précipice où sont les larves et les crimes, Où la création, effrayant les abîmes,. »

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