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ANTOINE FRANÇOIS PREVOST

Publié le 31/03/2012

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Cet abbé est un libertin ; ce philosophe est un esprit religieux ; ce bénédictin écrit des romans ; il en écrit dix ou douze. les uns interminables. les autres inachevés, dans une langue abondante et souvent académique ; mais il publie un jour un bref récit. dépouillé et tragique, dans lequel il résume toutes les énigmes de sa vie. On n'en finirait pas d'énumérer les contradictions de Prévost. car il est né pour rassembler toutes les contradictions de son siècle, sans jamais parvenir à les dénouer. Sa vie est faite de sursauts pour se dégager : dès 1712. âgé de moins de seize ans, il tente d'échapper à sa famille et s'engage dans l'armée, pour se retrouver bientôt chez les Jésuites : cinq ans plus tard, il les fuit. se jette à corps perdu dans les folies de la Régence. mais se trouve bientôt contrJint d'entrer chez les Bénédictins, et d'y prononcer ses voeux : de cette nouvelle condition. il tente vainement de s'accommoder, huit ans durant, mais soudainement, en 1728. il défroque, s'échappe en Angleterre.

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« 354 MANUEL D'HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE Voltaire et avec les libertins de Hollande.

tant et si bien qu'il se rend suspect et se fait exiler une nouvelle fois, en 1741, et une nouvelle fois.

i 1 implore.

auprès du cardinal Fleury.

sa grâce.

rentre en France l'année suivante.

Loin que ses contradictions se dénouent.

elles s'aggravent de duplicité, d'ambiguïté ; s'il en a donné.

au début de sa carrière.

l'expression claire et drama­ tique dans Manon Lescaut.

il les développe ensuite.

jusqu'à la fin de sa vie, dans des œuvres de plus en plus complexes et interrogatives.

Il procède à reculons.

dans une sorte de labyrinthe intérieur ; Manon Lescaut.

c'est 1 'ecce homo de Prévost.

et toute son œuvre roma­ nesque est une suite de stations sur un chemin sans issue.

Peu à peu isolé.

il apparaît comme le poète maudit de son siècle.

Essayons de comprendre.

Il a décrit lui-même cette malé­ diction, et plus d'une fois, il J'explique par une rupture avec le père.

C'est que le vieux geste du patriarche envers le fils prodigue, J'opposition de l'autorité familiale et du désir de liberté, d'individualisme et d'amour, prend ici tout son sens.

Antoine­ François Prévost était d'une riche famille d'Hesdin.

On y était, depuis des siècles, magistrat ou prêtre.

Le père était « avocat au Parlement, conseiller du roi et son procureur aux villes et baillage d'Hesdin"· représentant donc l'autorité traditionnelle, avec tout le loyalisme militant qu'on devait attendre dans une province récemment rattachée, l'Artois.

Pendant tout le XVIII' siè­ cle, la famille acquiert charges et terres, nom et « qualité "· Parallèlement, les cadets deviennent abbés, prieurs et curés de paroisse, comme l'étaient le grand-oncle et l'oncle de Prévost, comme il devait l'être lui-même.

Toute une lignée de bons prê­ tres, de magistrats intègres veille sur lui et lui répète: tu seras prêtre, tu illustreras ton nom par tes vertus, par tes charges et par tes bénéfices.

Et c'est ce que bon gré mal gré il a fait, étant tour à tour jésuite et bénédictin, professeur à Saint-Germer, prédicateur à Evreux, aumônier du prince de Conti et prieur de Saint-Georges de Gennes, mais au prix de quels mensonges ; il prononce ses vœux avec " restrictions intérieures ..

, et sous la menace pater­ nelle ; il obtient sa réintégration, en 1734, grâce à une semblable restriction sur toutes ses aventures de Hollande ; il accepte d'être aumônier parce que le prince est libertin.

D'où une cons­ tante imposture, et un divorce intérieur : rêver d'amour, de. »

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