Argumentation directe ou indirecte ?

« Pour commencer, il faut définir les limites d’actions de chacune des voies.Du fait qu’elle soit trop explicite, la voie d’argumentation directe peut faire risquer (selon les époques) la censure àl’auteur.

On peut prendre l’exemple de La fontaine qui sera notamment censuré pour ses Contes et Nouvelles jugéstrop libertins.Les maitres mots des écrivains étant « Placere et Dicere » il est fort possible que le « placere » soit invisible auyeux d’un certain public pour cette voie argumentative.

On peut se demander ou est le plaisir dans les Pensées dePascal par exemple.Pour l’argumentation indirecte, le plus grand risque est que la thèse de l’auteur soit mal interprétée ou comprise àson inverse.

Ainsi dans La cigale et la fourmi de La Fontaine la morale est ambigüe, qui de la fourmi avare ou de lacigale peu prévoyante blâme t’il ?Cependant, les récits tel que l’apologue peuvent manquer d’intérêt auprès des lecteurs par des visées trop impliciteet donc invisible.

Par exemple la véritable visée de Mme de la Carlière de Diderot ne peut être dégagée qu’après uneanalyse pousser du texte.Le choix vers lequel s’orientera l’auteur repose sur le choix du public : il sera plus facile de persuader les enfants pardes apologues que de les convaincre à travers des essais.

Cependant, il faudra aussi prendre en compte le niveaud’éduction du public afin d’adapter le façon de présenter l’argumentation : Roman, pièce de théâtre, lettre ouverte,…Il faudra aussi tenir compte de la personnalité et du talent de l’auteur, si celui-ci se sait un talent de fabuliste, ilpourra le mettre à profit plutôt que de l’inhiber dans un autre genre au risque de rater son œuvre.

Si l’écrivain à unepersonnalité forte, il serait préférable qu’il la mette en pratique de façon directe.Enfin, suivant les codes de l’époques, certains genres seront plus en vogue que d’autres, et afin de s’assurer unpublic l’écrivain pourra mettre à profit cette « mode littéraire ».

De nos jours, les romans représentent la majeurepartie des œuvres publiées, ainsi, la plupart des auteurs contemporains ont recours à ce genre de récits.Les deux voies se valent dans leur efficacité, en effet, les auteurs recourent dans l’une de leur œuvre àl’argumentation directe, dans une autre à l’argumentation indirecte.

Montesquieu est l’auteur des Lettres persanes,roman épistolaire fictif qui fait la satire humoristique du pouvoir politique et religieux de son temps, et de L’esprit deslois, traité de sociologie et de philosophie politique.Il peuvent parfois réunir les deux voies en un seul texte, ainsi Fontenelle dans L’histoire de oracles utilise l’anecdotede La dent d’or afin d’appuyer son raisonnement contre les superstitions.

Les Fables en général peuvent être prisescomme modèles, alliant voie implicite dans le récit et explicite dans la morale. Ainsi, lorsque que l’écrivain cherche a défendre des idées à travers son œuvre, deux grandes voies s’ouvrent à lui,celle de l’argumentation directe, et celle de l’indirecte.

Il serait tentant d’accorder une plus grande attention à uneargumentation directe, basée sur un raisonnement clair et rigoureux car elle semble suffisante.

Cependant bonnombres d’auteurs ont recours à l’argumentation indirecte qui touche plus facilement à travers les sentiments.

Lelecteur peut être alors, impliquer et de ce fait plus facile à persuader.

Bien que la moins efficace des deuxargumentations, elle est celle qui porte le plus ses fruits car on retrouve nombres de textes littéraires qui sontpassés du coté de l’invention.

De nos jours, pour partager, diffuser des idées, ajouter à la littérature, d’autres outilsde persuasion se développent : le cinéma, la chanson, les bandes-dessinées.

Tous sont utilisateurs de la voieindirecte.Loin d’être la moins pertinente, l’argumentation directe est seulement moins adaptée aux envies actuelles du public.. »