Arts et Culture ÉMILE ZOLA
Publié le 05/02/2019
Extrait du document

Un monde moderne
La méthode de travail du romancier est rigoureuse. Il s’appuie sur une documentation extrêmement fournie, multiplie les lectures d’ouvrages scientifiques, médicaux, économiques. En véritable journaliste, il n’hésite pas à se rendre «sur le terrain». Le «dossier Germinal» est établi à partir des carnets d’un voyage dans le nord de la France, et de nombreuses notes de lectures sur la géo-
Émile Zola photographié par Nadar. Travailleur, acharné, le romancier produisit entre 1871 et 1893 près d’un roman par an pour construire Les Rougon-Macquart.
Dans La bête humaine, publiée en 1890, Émile Zola présente le monde des chemins de fer. Jean Gabin en incarna le héros dans un film réalisé par Jean Renoir (1938).
nai L’Aurore, en janvier 1898. Il y attaque nommément tous les responsables de la hiérarchie militaire et réclame l’intervention du président de la République pour que triomphent la vérité et la justice. La conséquence est une condamnation pour diffamation qui le contraint à un bref exil en Angleterre. Il est radié de l’ordre de la Légion d’honneur et perd tout espoir d’entrer à l’Acadé-mie. La lutte politique se poursuit car, si Dreyfus est gracié en 1899, il n’obtient qu’en 1906 -quatre ans après la mort de Zola- la révision de son procès et sa réintégration dans l’armée.
L’adieu d’un artiste
C’est dans sa vie familiale que Zola trouve des réconforts : marié à Alexandrine Meley à la fin des années 1860, il n’avait pu avoir d’enfants. En 1888, il rencontre Jeanne Rozerot, qui lui donne deux enfants. Aimé de ces deux femmes, Zola mène, pendant dix ans, une vie paisible.
En 1878, Zola achète à Médan, dans la vallée de la Seine à l’ouest de Paris, une maison de campagne. Avec les succès littéraires et l’aisance matérielle qu’ils apportent, il peut agrandir sa propriété. Les Zola séjournent là de longs mois, le romancier est au calme pour travailler, les amis et artistes n’hésitent pas à venir y séjourner. De ces rencontres amicales et littéraires, il résultera un ouvrage collectif, Les soirées de Médan (1879), qui rassemble des nouvelles de Zola, Maupassant (Boule de Suif), Huysmans (Sac au dos)... Quant à Jeanne Rozerot, elle s’est vite installée aux alentours de Médan avec les enfants, Denise (née en 1889) et Jacques (né en 1891).
Cette harmonie familiale est brisée en 1902. Émile Zola meurt dans des conditions obscures, asphyxié par le poêle de sa chambre. Accident? Malveillance criminelle? On ne le saura jamais. Anatole France, prononçant son éloge funèbre, résume bien le destin de l’homme: «Il a honoré le monde par une œuvre immense et par un grand acte. Envions-le, sa destinée et son cœur lui firent le sort le plus grand: il fut un moment de la conscience humaine.»
graphie, la géologie et l’organisation sociale d’un bassin minier. Le résultat de cette méthode «expérimentale» est une chronique passionnante de la seconde moitié du XIXe siècle en France : dans Les Rougon-Macquart, Zola nous confronte aux mutations décisives d’une époque, comme l’industrialisation du pays, l’exode rural, le développement de Paris, l’essor du grand commerce, les appétits spéculatifs d’une bourgeoisie triomphante, affairiste, ainsi que l’apparition d’un prolétariat urbain peu à peu politisé.
Mais Zola est un artiste. La beauté de sa fresque tient aussi à la force poétique et à la puissance visionnaire de son écriture. Les événe
ments prennent très vite une dimension mythique. Le récit est souvent gagné par le souffle de l’épopée. Des images reviennent, formant autant de motifs obsédants. Des titres comme La bête
humaine, La débâcle ou La curée expriment clairement une fascination pour les forces obscures qui animent la nature et l’homme, une attirance pour tous les phénomènes où se déchaîne la violence primitive: catastrophes naturelles, émeutes, mouvements de foule, férocité des désirs individuels et pulsions criminelles...
La description d’une locomotive dans La bête Humaine aboutit, sous le regard du romancier à transformer cette machine, surnommée la Lison en créature onirique, mi-femme, mi-monstre.
Pareillement, la fosse du Voreux, décrite dans Germinal, est plus qu’une simple construction destinée à conduire les mineurs sous terre ; elle devient, par l’alchimie de l’écriture, une créature des Enfers, une créature dévorant les hommes comme le ferait l’ogre d’un conte ou le monstre d’un récit mythologique. La réalité que peint Zola est loin d’un réalisme plat: elle est totalement recréée, souvent fantastique.
L’honneur d’un homme
ŒUVRES MAJEURES
Les Rougon-Macquart :
Zola ne rentra jamais à l’Académie française. Car en 1894 débute l’affaire Dreyfus. Accusé d’espionnage, le capitaine Dreyfus est jugé en conseil de guerre, dégradé et envoyé au bagne en décembre 1894. Il est innocent. Le coupable réel, le commandant Esterhâzy, est acquitté en 1898 par la même hiérarchie militaire.
Politiquement, Zola est l’homme du progrès. Ses convictions républicaines, ses sympathies pour les humbles, sa foi dans l’avenir, son sens moral affirmé font que, naturellement, il se dresse contre l’ordre établi dès que celui-ci s’appuie sur l’injustice et le mensonge. Progressivement convaincu de l’innocence de Dreyfus, il s’engage avec fougue

«
Émile Zola
Les Rougon-MacquarJ mettent en pratique la
théorie dite naturaliste.
A partir d'une conception
quelque peu démesurée de l'hérédité, Zola veut
montrer comment se transmettent -presque
mécaniquement- des traits de caractère d'une
génération à l'autre, mais aussi commen t le
milieu social influence et modifie ces phéno
mènes.
L'alcool, dans la "b ranche Macquart»,
semblant circuler à la place du sang y fait des
ravages : le père Antoine, imbibé, s'enflamme et
meurt brûlé ; Gervaise, la fille, est détruite par
l'absinthe; les petits-enfants, Jacques et Nana,
sombrent, l'un dans la folie homicide, l'autre
dans la perversion et la maladie.
Un monde moderne
La méthode de travail du romancier est rigoureu
se.
Il s'appuie sur une documentation extrême
ment fournie, multiplie les lectures d'ouvrages
scientifiques, médicaux, économiques.
En véri
table journaliste, il n'hésite pas à se rendre «Sur le
terrain».
Le "dossier Germinal» est établi à partir
des carnets d'un voyage dans le nord de la Fran
ce, et de nombreuses notes de lectures sur la géo-
graphie, la géologie et l'organisation sociale d'un
bassin minier.
Le résultat de cette méthode
"expérimentale» est une chronique passionnante
de la seconde moitié du x1x• siècle en France:
dans Les Rougon-Macquart, Zola nous confronte
aux mutations décisives d'une époque, comme
l'industrialisation du pays, l'exode rural, le déve
loppement de Paris, l'essor du grand commerce,
les appétits spéculatifs d'une bourgeoisie triom
phante, affairiste, ainsi que l'apparition d'un pro
létariat urbain peu à peu politisé.
Mais Zola est un artiste.
La beauté de sa
fresque tient aussi à la force poétique et à la puis
sance visionnaire de son écriture.
Les événe
ments prennent très vite une dimension mythi
que.
Le récit est souvent gagné par le souffle de
l'épopée.
Des images reviennent, formant autant
de motifs obsédants.
Des titres comme La bête
humaine, La débâcle ou La curée expriment clai
rement une fascination pour les forces obscures
qui animent la nature et l'homme, une attirance
pour tous les phénomènes où se déchaîne la violence primitive: catastrophes naturelles, émeutes, mouvements de foule, férocité des désirs individuels et pulsions criminelles ...
La description d'une locomotive dans La bête humaine aboutit, sous le regard du romancier à transf.
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