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Athalie de Racine: vers 919 à 938. Commentaire.

Publié le 13/02/2012

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racine

Circonstances. - Mathan, ministre d'Athalie, est venu dans le Temple, accompagné de Nabal, réclamer le jeune Eliacin au nom de la reine. Ou Joad, le grand prêtre, livrera l'enfant, ou le Temple sera détruit. Mathan sait que Joad refusera. Et il se réjouit à la pensée de voir disparaître ce sanctuaire qui l'importune, ces prêtres qu'il déteste. Nabal s'en étonne :

Qui peut vous inspirer une haine si forte ! Est-ce que de Baal le zèle vous transporte ?

C'est à cette double question que Mathan répond ici; après quoi il se trouve amené, naturellement, à refaire la genèse de son apostasie et à retracer sa conduite, du jour où il entra "dans une autre carrière" ...

racine

« raient a cette haute charge dont l'encensoir est le signe exterieur, comme la couronne ou le bandeau l'etaient de la royaute.

Joad avait sans doute le plus de droits a cette dignite :.

titres.

de famille, d'anciennete, valeur morale, pike...

Mathan semble reconnaitre tout cela dans un seul mot : j'osai contre lui disputer l'encensoir.

Audace temeraire, sans doute, que n'approuvaient ni sa conscience, ni ses freres dans le sacerdoce.

Et it mit tout en jeu pour arrive'.

cette injtiste fin : manoeuvres deloyales et Ca- chees, lutte ouverte, mais ce fut en vain, ses machinations et ses combats n'aboutirent qu'a un echec qui lui arracha des larmes de rage et le jeta dans un affreux desespoir, - La resignation ne pouvait entrer en une ame aussi passionnee; et le desespoir chez un homme d'action n'a qu'un temps.

e Puisqu'il n'y a rien a faire ici qui -iuisse combler mes &sirs, allons ailleurs, tentons autre chose ), se dit Mathan.

Et it voile son apostasie, car c'en etait une, sous un euphemisme habile : j'entrai dans une autre carriere.

En fait, it aban- donnait la plus noble des vocations pour le plus vil des métiers : celui de flatteur et d'hypocrite.

La conversion fut totale.

Ce pretre se secularisa fond; it se fit mondain avec les mondains, courtisan avec les courtisans, y mettant toute sa fougue native.

Son dme, c'est-à-dire ce qu'il y a en lui- meme de plus intime, s'attacha par des liens nombreux et puissants a la cour - cette cour qu'Athalie a depeinte au petit Eliacin sous un jour si attrayant -- et cela sans restriction aucune...

tout entiere.

Ame vendue, Ame damnee.

Tacticien et strategiste consommé, it mit des degres a son avancement, it se contenta d'abord des postes subalternes, puis s'eleva petit a petit dans la hierarchie nouvelle, jusqu'aux marches du trove, jus- qu'aux rois eux-memes, dont ii cut hien-tot l'oreille, l'audience, dont it de- vient l'indispensable conseiller.

Comme it sortait du temple de Jahweh, on attacha a sa parole un poids, un credit sacres; ses avis devinrent bientot autant d'oracles; on le considera comme un de ces prophetes qui, dans le passé, avaient surgi en Israel.

Cependant it jouait un role indigne.

Tandis que les nabis d'autrefois elevaient hardiment la voix pour reprocher aux rois leurs crimes, leur impiete, lui, ayant itudie soigneu- sement leur cceur, ne cherchait qu'a flatter leurs caprices, mot terrible et vrai, qui evoque le regime du bon plaisir, trait caracteristique du despo- tisme oriental.

Et, pour resumer cette politique infernale, Mathan la drape dans une image, elle aussi pleine de couleur locale : Je leur semai de lives le bord des precipices. *** Jusqu'ici le caractere de Mathan ne nous etait connu que par les autres personnages de la piece: Abner, Joad.

Mais ne nous ont-ils pas trompes? La jalousie, la haine ne leur inspiraient-elles pas leurs jugements? Par un calcul savant, Racine a attendu jusqu'it ce moment pour confirmer d'une facon eclatante les appreciations des ennemis de Mathan.

Lui-meme va nous devoiler le fond de son Arne.

C'est au troisierne acte seulement que nous allons connaitre le passé du renegat par le detail, et cela a l'ins- tant précis oil it va jouer un role Omit.

Ce passage est done comme un complement d'exposition.

Ileureux procede qui repartit sur 3 actes les renseignements necessaires au spectateur our bien saisir les elements de l'action engagee.

Mais, dira-t-on, ces confidences a Nabal sont-elles bien naturelles? Et ne sent-on pas trop ici l'auteur qui vent instruire son public? Non.

C'est un besoin pour les criminels de raconter leurs crimes, aux apostats de redire les phases de leur apostasie.

Et meme cette sorte d'inconsequence qui fait dire a Mathan : Est-il besoin que je rappelle? et fait suivre la question dun recit des evenements n'est qu'apparente, elle est dans la nature.

C'est un peu comme lorsque nous disons d'une chose qui nous tient au coeur je vais vous dire la chose en deux mots, et que nous nous y etendons a loisir.

Cette histoire retrospective fait partie inte- grante de l'action : elle explique la conduite presente de Mathan.

On lui a reproche de se trop bien peindre en ces vers.

t Ffft-ce le pire des etres, a-t-on objects, ii est impossible de dire de soi autant de mal.

A defaut de pudeur, Pinter& aurait dfi le retenir.

) - Remarquons seulement que Ma- than se felicite ici, bien plus qu'il ne se condamne, devant un confident digne de lui.

A son point de vue, ce n'est pas du mal, mais du bien qu'il raient à cette haute charge dont l'encensoir est le signe extérieur, comme la couronne ou le bandeau l'étaient de la royauté.

Joad avait sans doute le plus de droits à cette dignité :.

titres.

de famille, d'ancienneté, valeur morale, piété...

Mathan semblé reconnaître tout cela dans un seul mot : j'osai contre lui disputer l'encensoir.

Audace téméraire, sans doute, que n'approuvaient ni sa conscience, ni ses frères dans le sacerdoce.

Et il mit tout en jeu pour arriver à cette injüste fln : manœuvres déloyales et ca­ chées, lutte ouverte, mais ce fut en vain, ses machinations et ses combats n'aboutirent qu'à un échec qui lui arracha des .larmes de rage et le jeta dans un affreux désespoir.

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- La résignation ne pouvait entrer en une âme aussi passionnée; et le désespoir chez un homme d'action n'a qu'un temps.

« Puisqu'il n'y a rien à faire ici qui puisse combler mes désirs, allons ailleurs, tentons autre chose », se dit Mathan.

Et il voile son apostasie, car c'en était une, sous un euphémisme habile : j'entrai duns une autre carriëre.

En fait, il aban­ donnait la plus noble des vocations pour le plus vil des métiers : celui de flatteur et d'hypocrite.

La conversion fut totale.

Ce prêtre se sécularisa à fond; il se fit mondain avec les mondains, courtisan avec les courtisans, y mettant toute sa fougue native.

Son âme, c'est-à-dire ce qu'il y a en lui­ même de plus intime, s'attacha par des liens nombreux et puissants à la cour - cette cour qu'Athalie a dépeinte au petit Eliacin sous un jour si attrayant ;_ et cela sans restriction aucune ...

tout entière.

Ame vendue, âme damnée.

Tacticien et stratégiste consommé, il mit des degrés à son avancement, il se contenta d'abord des postes subalternes, puis s'éleva petit à petit dans la hiérarchie nouvelle, jusqu'aux marches du trône, jus­ qu'aux rois eux-mêmes, dont il eut bientôt l'oreille, l'audience, dont il de­ vient l'indispensable conseiller.

Comme il sortait du temple de Jahweh, on attacha a sa parole un poids, un crédit sacrés; ses avis devinrent bientôt· autant d'oracles: on le considéra· comme un .

de ces prophètes qui, dans le passé, avaient surgi en Israël.

Cependant il jouait un rôle indigne.

Tandis que les nabis ~'autrefois élevaient hardiment la voix pour reprocher· aux rois leurs crimes, leur impiété, lui, ayant étudié soigneu­ sement .leur .cœur, ne c.

herchait qu'à flatter leurs caprices, mot terrible et vrai, qui évoque le régime du bon plaisir, trait caractéristique du despo­ tisme oriental.

Et, pour résumer cette politique infernale, Mathan la drape dans une image, elle aussi pleine de couleur locale : Je leur semai de fleurs le bord des précipices .

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• • Jusqu'ici le caractère de Mathan ne nous était connu que par les autres personnages de la pièce : Abner, Joad.

Mais ne nous ont-ils pas trompés? La jalousie, la haine ne leur inspiraient-elles pas leurs jugements? Par un calcul savant, Racine a attendu jusqu'à ce moment pour confirmer d'une façon éclatante les appréciations des ennemis de Mathan.

Lui-même va p.ous dévoiler le fond de son âme.

C'est au troisième acte seulement que nous allons connaître le passé du rené~at par le détail, et cela à l'ins­ tant précis où il va jouer un rôle déCisif.

Ce passage est donc comme un complément d'exposition.

Heureux procédé qui répartit sur 3 actes les renseignements nécessaires au spectateur pour bien saisir les éléments de l'action engagée.

Mais, dira-t-on, ces confidences à Nabal sont-elles bien naturelles? Et ne sent-on pas trop ici l'auteur qui veut instruire son public? Non.

C'est un besoin pour les criminels de raconter leurs crimes, aux apostats de redire les phases de leur apostasie.

Et même cette sorte d'inconséquence qui fait dire à Mathan : Est-il besoin que je rappelle? et fait suivre la question d'un récit des événements n'est qu'apparente, elle est dans la nature.

C'est un peu comme lorsque nous disons d'une chose qui nous tient au cœur : je vais vous dire la chose en deux mots, et que nous nous y étendons à loisir.

Cette histoire rétrospective fait partie inté­ grante de l'action : elle explique la conduite présente de Mathan.

On lui a reproché de se trop bien pemdre en ces vers.

«Fût-ce le pire des êtres, a-t-on objecté, il est impossible de dire de soi autant de malo A défaut de pudeur, l'intérêt aurait dû le retenir.» - Remarquons seulement que Ma­ than se félicite ici, bien plus qu'il ne se condamne, devant un confident digne de lui.

A son point de vue, ce n•est pas du mal, mais du bien qu'il. »

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