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avec ses vêtements ondoyés et nacrés commentaire composé

Publié le 22/11/2014

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COMMENTAIRE COMPOSÉ « Les Fleurs du mal », de Baudelaire « Spleen et Idéal », XXVII Avec ses vêtements ondoyants et nacrés, Même quand elle marche on croirait qu'elle danse, Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés Au bout de leurs bâtons agitent en cadence. Comme le sable morne et l'azur des déserts, Insensibles tous deux à l'humaine souffrance, Comme ces longs réseaux de la houle des mers, Elle se développe avec indifférence. Ses yeux polis sont faits de minéraux char mants, Et dans cette nature étrange et symbolique Où l'ange inviolé se mêle au sphinx antique, Où tout n'est qu'or, acier, lumière et diamants, Resplendit à jamais, comme un astre inutile, La froide majesté de la femme stérile. BAUDELAIRE, les Fleurs du mal, « Spleen et Idéal », XXVII. L' É c o l e d e s l e t t r e s s e c o n d c y c l e, 1 9 9 9 - 2 0 0 0 , n ° 6 ©L 'École des lettres. www.ecoledeslettres.fr. Reproduction et diffusion interdites 27 QUESTIONS 1. Repérez les comparaisons et les métaphores appliquées à la femme pour analyser le mouvement de ce sonnet. (2 pts) 2. Montrez que le rythme des vers du premier quatrain reproduit le rythme de la démarche de la femme. (2 pts) Vous rédigerez le commentaire composé de ce poème. (16 pts) I. Analyse du sujet et enjeux du commentaire À première lecture, ce poème peut surprendre : si on a d'abord une impression de grande harmonie et de perfection, la pointe finale, « femme stérile », étonne par sa tr ivialité dans un texte qui énumère autant d'éléments et de caractéristiques esthétiques et précieux (« ondoyants », « nacrés », « azur », « polis », « minéraux charmants », « or, acier, lumière », « diamants », « astre »). L'esprit est en quelque sorte captivé par cette harmonie, et la difficulté est d'analyser et de démêler les éléments stylistiques y ayant contribué (champs lexicaux, comparaisons, métaphores, place de ces constituants à l'intérieur de la structure très codifiée du sonnet). La première question four nit un point de départ, à condition d'être précis dans l'observation de la place de ces comparaisons et métaphores, et dans les rapports qu'elles établissent entre comparés et comparants. Il faut approfondir ensuite l'étude de ce « portrait » de femme en étudiant tous les autres éléments qui la caractérisent et la désignent. Les expressions « cette nature étrange et symbolique », « femme stérile », sont énigmatiques. On pourra évaluer le commentaire sur la capacité de l'élève à s'interroger sur ce que représentent cette « femme stérile » et « cette nature étrange et symbolique », sur les effets poétiques ainsi créés et sur le symbole constitué. La seconde question attire l'attention sur les problèmes de métrique. Chacune des strophes doit être analysée aussi précisément que le premier quatrain : accents, coupes, enjambements, rejets, contre-rejets, rimes, etc. Le sonnet est une for me poétique traditionnelle, mais Baudelaire lui fait subir de significatives variations qu'il faut savoir remarquer en examinant l'ordre des r imes et le rapport entre les quatrains et les tercets. 28 L' É c o l e d e s l e t t r e s s e c o n d c y c l e, 1 9 9 9 - 2 0 0 0 , n ° 6 ©L 'École des lettres. www.ecoledeslettres.fr. Reproduction et diffusion interdites CHARLES BAUDELAIRE La problématique serait la suivante : ce sonnet propose un portrait de femme qui s'ouvre sur la description du mouvement souple et ondoyant de sa démarche ; pourtant l'idée demeure que cette femme est indifférente et cruelle : que représente-t-elle - alors qu'elle semble se perdre dans tout un système de comparaisons et de métaphores ? Que symbolise-t-elle ? Il faut ensuite aider l'élève à garder en l'esprit des axes de recherche simples, qui lui permettront de respecter la spécificité du poème : 1) Que présente ce sonnet ? Quels caractères de la femme décrit-il ? (La femme est d'abord représentée à travers le mouvement de sa démarche) ; 2) Comment évolue cette présentation au cours du sonnet ? (Cette femme ouvre à un ailleurs qu'il faudra caractériser) ; 3) Quel sens donner à ce sonnet ? De quoi cette femme est-elle symbolique ? II. Corrigé des questions 1. Trois comparaisons sont disposées en anaphore dans les deux quatrains, donnant ainsi une impression de balancement. La démarche de la femme est d'abord comparée à l'ondulation d'un serpent charmé, « Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés / Au bout de leurs bâtons agitent en cadence », puis, dans le second quatrain, à des éléments naturels, de moins en moins concrets, « Comme le sable morne et l'azur des déserts », puis « Comme ces longs réseaux de la houle des mers », qui évoquent aussi, par leur for me, un mouvement ondulatoire. Les deux tercets ne comportent plus qu'une seule comparaison, au second hémistiche de l'avant-dernier vers, « comme un astre inutile ». Il n'est donc plus question d'ondulation, mais de minéralisation ; ce que confirme la présence des métaphores : « Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants », « cette nature [...] / Où tout n'est qu'or, acier, lumière et diamants ». Les tercets rompent par conséquen...

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