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Commentaire du poème Avec ses vêtements ondoyants et nacrés

Publié le 30/12/2010

Extrait du document

SPLEEN ET IDÉAL
Avec ses vêtements ondoyants et nacrés…

 

XXVII

Avec ses vêtements ondoyants et nacrés, Même quand elle marche on croirait qu’elle danse, Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés Au bout de leurs bâtons agitent en cadence. Comme le sable morne et l’azur des déserts, Insensibles tous deux à l’humaine souffrance, Comme les longs réseaux de la houle des mers, Elle se développe avec indifférence.  Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants, Et dans cette nature étrange et symbolique Où l’ange inviolé se mêle au sphinx antique, Où tout n’est qu’or, acier, lumière et diamants, Resplendit à jamais, comme un astre inutile, La froide majesté de la femme stérile.

Axe 1 Une femme à l’image de la nature qui l’entoure

1.       Par son apparence Elle semble se fondre dans le décor. a) Elle est tout en reflets comme le paysage autour d’elle -le lexique évoque les pays chauds : v.5 sable, azur (littéraire = ciel), déserts, donc implicitement la chaleur du soleil ; la comparaison permet l’assimilation de cette femme à son environnement en reprenant l’image du vers 1 « vêtements… nacrés «. -la lumière est intense : énumération du vers 12 (accentuée par l’indéfini qui généralise « tout « ) reprise dans l’allusion à la femme qui « resplendit «v13.   

« b) Elle ressemble à un serpent (faune des pays chauds) -allongement suggéré : comparaison vers 3 (« longs »), enjambement vers 3 /4, et v8 « elle se développe », lerapprochement est également possible par le jeu des sonorités (allitérations en S v3, en B et T pour rendre comptedes gestes des charmeurs de serpents). -elle évoque une certaine lascivité : symbolique biblique du serpent, image de la tentation dans la Paradis terrestre. 3.

Par le mystère qu'elle dégage Elle paraît difficile à définir. a)Elle est étrange -ses apparences peuvent être trompeuses (conditionnel du vers 2) -elle est à l'image de cette nature « étrange et symbolique »vers 10 (correspondances baudelairiennes). b) Elle évoque une créature dangereuse -serpent que l'on doit tenir à distance (« au bout de leurs bâtons »), car il peut mordre -image du sphinx vers 11 (menace pour les hommes : pouvoir suggéré par le mot « majesté »). AXE 2 : Une femme inaccessible 1.

Elle paraît plus minérale qu'humaine a) Elle dégage une certaine « froideur » -elle est associée à des lexiques qui excluent la vie : « sable », « azur », « déserts », vers 12 (personnifications vers 5/6 qui montrent une forme de réversibilité : elle leur ressemble cf.hypallage vers 9 qui assimile ses yeux à des pierres, ce qui rend son regard fixe, mais brillant)-paradoxalement elle donne l'impression d' une forme de stabilité ( sphinx -en Egypte, il gardait les sanctuairesfunéraires-, astre )qui est contraire aux comportements humains. b) Elle est immuable, hors des contingences -univers qui exclut l'éphémère qui serait représenté par le règne végétal ou animal (seul est mentionné leserpent, mais ce dernier est un reptile, il rampe, est proche de la terre) : le monde semble figé dans un étatantérieur à l'arrivée de la vie(cf.

genèse, création des éléments par Dieu : /obscurité, terre/ciel, eaux…) - image de l'éternité : présent qui domine le texte, renforcé par l'idée de la durée contenue dans l'expression « àjamais » vers 13. 2.

Une femme caractérisée par son indifférencea) Elle paraît insensible-lexique de l'impassibilité « insensibles », « avec indifférence », termes péjoratifs qui nuancent le portrait-elle ne paraît pas concernée par « l'humaine souffrance », implicitement elle donne l'image d'une créatureégocentrique, incapable de vrais sentiments de compassionb) On la devine cruelle-effet de généralisation :le pronom indéfini « on » évacue l'expérience unique, pour renforcer le jugement négatif-le sphinx évoque une créature mi-femme, mi-lion, qui cherche à piéger ceux qui veulent la dominer. 3.

Une figure sacraliséea)Elle est en quelque sorte divinisée - honorée: côté hiératique du mot « majesté »-elle paraît intouchable cf.rituel magique vers 3 « jongleurs sacrés », comme si elle faisait l'objet d'un culte. b)Elle renvoie à une image de la pureté-elle est désincarnée « ange inviolé»,image du ciel, donc connotation mystique-finalement, elle n'est pas pleinement femme : la pointe du sonnet(« stérile »,dernier mot, rimant avec« inutile ») : toute l'ambivalence du regard de Baudelaire se manifeste(on est plus proche du blâme que de l'éloge,sorte de renversement par rapport au début du sonnet : la tentatrice, qui danse, image vivante et sensuelle de lafemme, est remplacée progressivement dans le texte par celle de l'ange, créature asexuée, puis par celle du sphinx,. »

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