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Balzac - le Chef-d'oeuvre inconnu: « la mission de l'art n’est pas de copier la nature, mais de l'exprimer »

Publié le 14/01/2012

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Analyse du sujet :

 

     Le sujet se présente sous forme de propos extraits d’une des nouvelles les plus célèbres de Balzac le Chef-d’œuvre inconnu. Classé dans la section des Etudes Philosophiques de la Comédie humaine et sous-titré à sa publication « conte fantastique «, ce texte apparaît surtout (d’après le titre et le contenu même de la citation du sujet) comme un récit qui porte un discours sur l’art et la création en général. C’est en effet, à partir d’un discours adressé par le personnage balzacien Maître Frenhofer, à un autre personnage le peintre Franz Porbus (un personnage qui a réellement existé) qu’on découvre cette réflexion sur la création artistique. Cette rencontre improbable entre deux personnages appartenant à deux dimensions différentes (la réalité et la fiction) représente un préambule intéressant : Balzac donne à son personnage fictif un avantage d’autorité en le qualifiant  de maître, avantage que son âge confirme (dans la nouvelle, il est désigné par « le vieillard «) et la citation  réaffirme son ascendant sur son interlocuteur puisqu’il y prend la posture d’un donneur de leçons qui corrige les erreurs de jugement de Porbus « la mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer « et énonce ce qui sonne comme une vérité sur l’essence de l’art et le statut de l’artiste 

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« romains en réaction contre la peinture de l'époque, et devenu un concept-clé de la critique esthétique en France aux 17 e et 18 e siècles.) - Le secret de l’artiste réside ainsi dans un effort de dépassement, d’expression (du verbe « exprimer » au sens d’ « extraire, produire, faire sortir quelque chose », ou encore le s ens plus commun « rendre manifeste, sensible à travers une représentation linguistique ou autre ») créatrice, le poète distille et condense l’essence de la réalité au lieu d’en reproduire platement les aspects et les contingences.

- S’opère ainsi une hiérarchisation discriminatoire : l’artiste est par définition l’antonyme du copiste : cette valorisation moderne ( au lendemain de la Renaissance et réactivée par la révolution romantique) de l’individu créatif et créateur signe la dé classification de l’agent co piste, (premier avatar ou un des ancêtres de l’auteur, notamment au Moyen - Âge) simple instrument, (ce qui apparaît dans la nuance péjorative de « vil : bas, de peu de valeur ou sans valeur, méprisable » et non source de l’ œuvre (du latin opera , pluriel d e opus : activité, travail) • Eléments de plan détaillé : • A l’origine, le réalisme naît d’une réaction contre le romanesque, l’illusion mensongère, comme le définit Champfleury dans le Réalisme (1857) : « La reproduction exacte, complète, sincère du milieu où l’on vit, parce qu’une telle direction d’études est justifiée par la raison, les besoins de l’intelligence et l’intérêt du public, et qu’elle est exempte de mensonges, de toute tricherie.

», or, cette reproduction ne peut être une copie fidèle de la réa lité car comme l’affirme Mau passant dans la préface de Pierre et Jean : « Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante q ue la réalité même.

Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes d'incidents insignifiants qui emplissent notre existence.

» • Toute œuvre d’art correspond à un choix, une sélection, une intervention qui subtilise l’essence du réel et le transforme en œuvre d’art : le dramaturge, le romancier ou le poète transfigure la réalité observée à partir de choix narratifs, (les points de vue romanesques dans les romans de Flaubert, le réalisme subj ectif dans les romans de Stendhal) • Les romans traduisent parfois les angoisses personnelles de leurs auteurs, leur inconscient déplacé dans des créatures fictives : Félix de Vandenesse ou Eugène de Rastignac seraient des doubles de Balzac lui- même mais on ne peut pas considérer le Lys dans la Vallée ou le Père Goriot comme des autobiographies • Certaines descriptions de Balzac sont des éléments argumentatifs pour justifier de la suite des événements ou pour créer un déterminisme social ou historique plutôt qu e comme évocation platement réaliste de Paris ou de certaines provinces.

• Le monde des drames romantiques est certes emprunté à un cadre historique réel (l’Espagne du XVIIème siècle dans Hernani ou l’Italie de la Renaissance dans Lorenzaccio) mais l’action des deux pièces essentiellement fictive traduit plutôt la vision des deux dramaturges de la corruption politique et des clivages sociaux indépendamment de l’exactitude réaliste.

• Le créateur (poëte) ne nomme pas les objets (selon les mots de Mallarmé), mais les suggère car la poésie (pas seulement la poésie symboliste , malgré leur haine du réel jugé indigne de l’attention du poète et opposé à l’idéal supérieur « oui, ici- bas a une odeur de cuisine », « abreuve -toi d’idéal »(Mallarmé) ) est par définition déta chée de la stricte référentialité, le discours poétique étant par définition intransitif et auto -télique.

Mallarmé va jusqu’à conseiller au jeune poète de délaisser le réel et de l’exclure du champ poétique : « Exclus -en si tu commences/ le Réel parce que vil/le sens trop précis rature/ ta vague littérature » • L’artiste est un démiurge (les ambitions hugolienne, balzacienne, ou mallarméenne d’art total signent la liberté du créateur et son emprise sur le monde fictif dont il est le maître.

• La réflexion de Jean Rousset dans Forme et Signification va dans le même sens en montrant la différence entre le réel assimilé au chaos et à l’absence de sens et l’art comme structuration signifiante de ce réel : « Certes, la réalité n’est généralement pas étrangère à l’ art.

Mais, l’art ne recourt au réel que pour l’abolir, et lui substituer une nouvelle réalité.

Le contact avec l’art. »

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