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Barbare de Rimbaud - Illuminations

Publié le 18/09/2018

Extrait du document

rimbaud

Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays, Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques; (elles n'existent pas.)

 

Remis des vieilles fanfares d’héroïsme qui nous atta-5 quent encore le cœur et la tête loin des anciens assassins Oh ! le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques; (elles n’existent pas)

 

Douceurs !

 

Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, - Douceurs !

 

10 les feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous. - Ô monde !

 

(Loin des vieilles retraites et des vieilles flammes qu’on entend, qu’on sent,)

 

Les brasiers et les écumes. La musique, virement des 15 gouffres et choc des glaçons aux astres.

 

Ô douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, ô douceurs! et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques.

 

20 Le pavillon...

systématiquement associés, qui s’affrontent violemment au fil du texte. Le« choc des glaçons aux astres » et << les brasiers, pleuvant aux rafales de givre » créent une sorte de tempête qui aboutit à un chaos généralisé.

 

Dans ce désordre, tout est en mouvement : << choc », << virement des gouffres », pluie << jetée par le cœur terrestre », flottement des formes. Rimbaud crée un maelström d’images qui se modifient constamment (« les feux à la pluie du vent de diamants ») et se combinent pour générer de nouvelles images: l’eau de la « soie des mers » et le froid des << fleurs arctiques » appellent la glace; les yeux, associés au feu, à l’eau et au givre donnent des << larmes blanches, bouillantes ». Aucune de ces images n’est développée, mais toutes se succèdent à un rythme rapide. Cet effet de tourbillon est encore accru par la multiplication des parenthèses, incises, exclamations, phrases nominales, qui entraînent la phrase dans le vertige des images.

 

La crise du sens

 

Les images ne renvoient à aucune réalité connue ou même possible: qu'est-ce qu’un << pavillon en viande saignante »? Prendre l’expression au pied de la lettre et croire qu’il pourrait s’agir d’un drapeau fait de chair et de sang, c’est tomber dans une lecture réaliste absurde qui manque la dimension poétique du texte; en faire la simple métaphore d’un drapeau rouge, symbole de la révolution, c’est perdre la puissance d’évocation de l'image dans sa brutalité

rimbaud

« Rimbaud met en scène une poésie du chaos, où s'affrontent les éléments dans un paysage ravagé.

Mais c'est de cet univers bouleversé que naît une poétique originale, " barbare , en ce qu'elle tire sa puissance créatrice du désordre lui-même.

PREMIER AXE DE LECTURE UNE POÉSIE DU CHAOS L' abs ence de repères Dès la première phrase, Rimbaud situe son poème " bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays , : les mesures de l' espace et du temps n'ont plus cours, les êtres eux-mêmes ont disparu.

Le poème met en scène le néant symbolisé par le " cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous , ; quant aux " fleurs arctiques , qui revien nent comme un refrain, elles " n'existent pas "· Les formes verbales conjuguées, qui auraient pu ancrer le poème dans une temporalité définie, sont écartées du texte : mises entre parenthèses ou entre tirets.

Seul est employé le mode participe (« les brasiers, pleuvant "• " la voix féminine arrivée ») qui détache l'action de tout contexte.

L'espace lui-même est disproportion né: des hauteurs et des profondeurs gigantesques se rencontrent, mêlant les " gouffres , aux " astres , et les " volcans , aux. »

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