BAUDELAIRE: La vraie grandeur des parias
Publié le 07/09/2013
Extrait du document

Un scandale qui rapporte
Une destinée solitaire
Chez Baudelaire l'inspiration est avant tout aspiration, non
aspiration linéaire, déterminée, désir d'accomplissement, mais
une aspiration qui sans cesse se retourne sur elle-même, contre
elle-même, qui vibre dans le paradoxe, qui s'affirme dans la
négation. L'originalité de la poésie baudelairienne, sa puissance
inaugurale, ce en quoi elle est un ferment pour l'avenir,
réside dans cette dualité, dans la fidélité à cette scission initiale
autant qu'initiatrice. La vérité poétique coïncide chez lui avec
la vérité existentielle, une ambition spirituelle et morale sans
cesse battue en brèche par la conscience d'une fatalité scellée
depuis l'enfance.

«
pression qu'il n'ajamais réellement« avancé».
Parce qu'au lieu
de construire une œuvre qui serait un alibi à la souffrance et
au malheur,
il s'est employé à conjurer les mythes que, depuis
notre enfance, la famille, l'école, la société,
la« culture» tissent
autour de nous et que nous acceptons avec reconnaissance
comme
autant de baumes sur nos plaies secrètes.
Il a résisté de toutes ses forces à ce qu'il considérait comme
une imposture : la perversion
du langage poétique détourné
de sa mission première, de sa fonction magique,
pour servir à
des tâches non seulement
«utilitaires», mais lénifiantes et
mystifiantes.
Le chant qu'il fait entendre sort des catégories reçues pour
traduire les élans inavouables de l'âme humaine.
Pour celui
qui a osé écrire
«Dieu est un scandale, un scandale qui rap
porte» 1
, la poésie aussi était un «scandale», mais un scan
dale qui ne devait lui rapporter
que le désaveu de sa famille,
la honte
d'un procès, les soucis d'argent.
Il remet le poète à
sa place, celle
d'un paria, dans une société embourgeoisée,
axée sur le profit
et la fausse parole.
Il est certain que la révolte de Baudelaire contre son milieu
aurait pu
prendre d'autres formes.
Il n'en reste pas moins que
l'on ne saurait dissocier sa décision
d'être poète de ces années
de retrait silencieux dans lequel
il a mûri longuement la
conviction de sa différence.
Sa conception
et sa pratique de la
poésie s'inscriront dans le prolongement
de ce cheminement
intérieur, qu'il évoquera dans une note de
«Mon cœur mis à
nu» : «Sentiment de solitude, dès mon enfance.
Malgré la
famille -et au milieu des camarades, surtout, - sentiment de
destinée éternellement solitaire.
»
Un mythique paradis perdu
Pourtant la nostalgie d'un mythique paradis perdu se confon
dra avec une enfance idéalisée.
Il est certain que le bref
intermède de parfaite intimité avec la mère, passé dans la
«blanche maison, petite mais tranquille», aiguillera la nostal
gie du
«vert paradis des amours enfantines» qu'il chantera
avec ferveur
et avec douleur dans « Mœsta et errabunda » :
" - Mais le vert paradis des amours enfantines,
l'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,.
»
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