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BÉCASSINE (analyse du personnage)

Publié le 07/10/2018

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Mais, contrairement à ces personnages, Bécassine ne connaît pas de problème et encore moins de fin tragique. C’est qu'en effet son histoire est racontée par des auteurs situés eux-mêmes du bon côté de la société, parmi ceux qui tirent profit de cet exode rural. Aussi n’y a-t-il aucun drame dans le destin de Annaïk Labornez, qui se trouve heureuse et bien traitée dans la domesticité de la Marquise de Grand Air.

 

Les aventures de Bécassine, narrées par des membres de la haute bourgeoisie parisienne pour les enfants de cette même bourgeoisie, offrent ainsi un véritable reportage, « de l’intérieur», sur le petit monde du «Faubourg-Saint-Germain» et de ses environs. De ce point de vue, il n’est pas exagéré de dire que Bécassine offre un intéressant complément à l’œuvre d’auteurs comme Paul Bourget ou Marcel Proust. Sans doute y est-on fort éloigné de la pénétration psychologique qui fait la qualité première de A la recherche du temps perdu; mais le monde décrit est le même, avec ses travers, ses réflexes et ses préjugés.

 

Enfin, le mécanisme premier des aventures de Bécassine est l'étonnement, la surprise devant les objets quotidiens que propose le progrès (voiture, téléphone, avion ...). Cet étonnement perpétuel est exacerbé par le contraste qu’offre Lou-lotte, la jeune fille moderne et «dans le vent», à qui toute nouveauté paraît naturelle. Aussi pourra-t-on rapprocher Bécassine de personnages comme le Candide et l'Ingénu de Voltaire ou comme Usbek, le héros des Lettres persanes de Montesquieu.

 

On n’oubliera pourtant pas que, dans ces œuvres, l’étonne-ment est un procédé littéraire employé par les auteurs, pour faire toucher du doigt et ainsi dénoncer certains travers de leur propre société. Une telle préoccupation est manifestement absente de Bécassine.

« 30 • Bécassine fiance, de candeur, de gentilles se et de bon sens qui lui permet d'arranger au mieux les pires situations.

Ainsi se sortira-t-elle sans dommage d'un voyage en Turquie, d'un rallye automobile, d'une excursion en avion et même de la Grande Guerre ...

[ Les origines C'est en 1905 que Bécassine apparaît pour la première fois dans un journal de jeunes filles sages, La Semaine de Suzette.

Née de la collaboration de Jacqueline Rivière et du peintre mondain Joseph Pinchon, la nouvelle héroïne connaît un succès immédiat.

Ses aventures, qui paraissaient d'abord de façon irrégu­ lière, vont trouver leur rythme lorsque, à partir de 1913, un nouveau scénariste les prend en charge.

Il s'agit de Caumery, de son vrai nom Maurice Languereau, directeur de La Se­ maine de Suzette et responsable des éditions Gautier­ Languereau qui publieront dès lors les albums de la célèbre serv ante.

Bien que Caumery soit disparu en 1941 et que Pinchon ait décidé d'abandonner la série, les aventures de Bécassine continueront de paraître jusqu'en 1962, sous le crayon plus moderne du dessi nateur Jean Trubert.

Par ailleurs, très régu­ lière ment, des rééditions seront faites des albums originaux, confirmant si besoin était le succès toujours vivace de ce personn age «bien de chez nous ».

[ L'œuvre et son temps Historiquement, Bécassine appartient à la foule de ceux qui , depuis le XIXe siècle, ont déserté leur campagne pour «m onter à la ville ».

Elle s'apparente ainsi au Rastignac ou au Rubempré de Balzac (dans Le Père Go riot ou Splendeurs et misères des courtisane s), à la Célestine d'Octave Mirbeau (Le. »

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