bel ami
Publié le 02/01/2013
Extrait du document
«
cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des
romans populaires.
C'était une de ces soirées d'été où l'air manque dans Paris.
La ville, chaude comme une étuve, paraissait suer
dans la nuit étouffante.
Les égouts soufflaient par leurs bouches de granit leurs haleines empestées, et les
cuisines souterraines jetaient à la rue, par leurs fenêtres basses, les miasmes infâmes des eaux de vaisselle et
des vieilles sauces.
Les concierges, en manches de chemise, à cheval sur des chaises en paille, fumaient la pipe sous des portes
cochères, et les passants allaient d'un pas accablé, le front nu, le chapeau à la main.
Quand Georges Duroy parvint au boulevard, il s'arrêta encore, indécis sur ce qu'il allait faire.
Il avait envie
maintenant de gagner les Champs-Élysées et l'avenue du bois de Boulogne pour trouver un peu d'air frais sous
les arbres ; mais un désir aussi le travaillait, celui d'une rencontre amoureuse.
Comment se présenterait-elle ? Il n'en savait rien, mais il l'attendait depuis trois mois, tous les jours, tous les
soirs.
Quelquefois cependant, grâce à sa belle mine et à sa tournure galante, il volait, par-ci, par-là, un peu
d'amour, mais il espérait toujours plus et mieux.
La poche vide et le sang bouillant, il s'allumait au contact des rôdeuses qui murmurent, à l'angle des rues :
« Venez-vous chez moi, joli garçon ? » mais il n'osait les suivre, ne les pouvant payer ; et il attendait aussi autre
chose, d'autres baisers, moins vulgaires.
Il aimait cependant les lieux où grouillent les filles publiques, leurs bals, leurs cafés, leurs rues ; il aimait les
coudoyer, leur parler, les tutoyer, flairer leurs parfums violents, se sentir près d'elles.
C'étaient des femmes
enfin, des femmes d'amour.
Il ne les méprisait point du mépris inné des hommes de famille.
Il tourna vers la Madeleine et suivit le flot de foule qui coulait accablé par la chaleur.
Les grands cafés, pleins de
monde, débordaient sur le trottoir, étalant leur public de buveurs sous la lumière éclatante et crue de leur
devanture illuminée.
Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, les verres contenaient des liquides
rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances ; et dans l'intérieur des carafes on voyait briller les gros
cylindres transparents de glace qui refroidissaient la belle eau claire.
Duroy avait ralenti sa marche, et l'envie de boire lui séchait la gorge..
»
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