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Bel Ami

Publié le 22/05/2015

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UN CONTE PARMI D'AUTRES ? Le réalisme du texte L'Ingénu est bien plus réaliste que les autres contes, tout merveilleux en est exclu. C'est le seul où apparaît une date (« en l'année 1689, le 15 juillet au soir »), où les personnages, exception faite du Huron, portent un nom propre, où les fonctions assumées par certains protagonistes sont des réalités connues des lecteurs de l'époque (bailli, prieur, évêque..), où les personnages historiques sont très aisément identifiables, où la société ressemble fort à elle des contemporains de Voltaire. Cet ancrage dans une réalité historique rend ce récit vraisemblable. C'est pourquoi il a pu être dis que L'ingénu, plus qu'un autre conte était un roman : il n'est pas malaisé d'en faire un résumé, à l'inverse de Candide ou de Zadig. L'intrigue est plus consistante et le traitement des personnages différent. Certes les personnages secondaires, comme le bailli, son fils, Mlle de Kerkabon sont simplifiés à l'extrême, mais dans leur portrait l'ironie cède souvent la place à une bonhomie bienveillante. La psychologie de Mlle de Saint-Yves est assez fouillé et, par amour pour l'ingénu, elle se révèle être capable de prendre en main son destin. Entre Gordon et son élève les liens d'amitié sont solides et la relation entre le « vieux savant » et le « jeune ignorant » est traitée de façon approfondie par Voltaire. En effet l'apprentissage du Huron diffère de celui de Candide qui, pour évoluer, devait se déprendre des enseignement néfastes de Pangloss. Au contraire un véritable dialogue s'est instauré entr...

« ● Écrasons l’infâme Ce n'est pas un hasard si Voltaire  situe l'action de l'Ingénu 4ans apr ès la r évocation de l’ édit de Nantes . Il peut ainsi d évelopper le   th ème   qui appara ît d éjà dans Le si ècle de Louis XIV et qui lui est cher,   Louis XIV aurait été un grand roi si le fanatisme des jésuites n'avait pas engendré une politique religieuse intransigeante . Ainsi  l 'Ing énu  est  ému par le sort  des   huguenots   en   fuite   qu'il   rencontre   à  Saumur   (chapitres   8)   et   il   ne   comprend   pas   qu'un   «        grand   roi…se   prive   ainsi   de   tant   de   cœurs   qui      l'auraient aim é et de tant de bras qui l'auraient servi»    . Voltaire d énonce ici l'intol érance pr êter aux catholiques qui oppressent des protestants      pourtant bien utiles  à la nation . Ainsi faut­il comprendre son mot c élèbre   Écrasons l'inf âme   :  i l s’agit de lutter contre tous types de fanatismes et d'intolérance .

 Toute secte me para ît le  ralliement  de l'erreur, dis l'ing énu (chapitre 9).  C e conte comme les autres, est une  œuvre     engag ée    ; s'y retrouve les th ème chers  à leur auteur: r elativisme, refus de l'ethnocentrisme, remise en   cause des institutions temporelles et religieuses, r équisitoire contre l’Inf âme … Et Voltaire n'a pas manqu é de fourbir ses armes favorites:   ironie, satire .. Comme toujours, le conte a une vocation critique et gr âce à l'histoire, il est une  «critique en action» . ● Voyageur étranger, bon sauvage, âme sensibles : la parenté littéraire de l'Ingénu D'abord,   il   este   avant   l'ing énu,   une   tradition   litt éraire   de   la      fiction du voyageur é    tranger        d   é   cou    v   rant   les   mœurs      europ éennes        :   les   Lettres   Persanes   de   Montesquieu   (1721)   en   t émoignant.

  Mais   en   1767,   le   go ût   du   jour   est   plut ôt   aux   voyageurs   en      provenance du Nouveau Monde. Le thème du bon sauvage      remporte   surtout   un   vif   succ ès   au      XVIII ème      si ècle.      Rousseau   a   publi é  en   1755   le   premier   Discours sur  l'origine et les  fondements  de  l’in égalit é  parmi les hommes. A cette occasion na ît une  pol émique entre les deux philosophes   ;   Voltaire contre Rousseau, croit que la civilisation et l culture, loin d' être  à l'origine de la d épravation de l'homme soit source de progr ès . C'est   pourquoi  l'Ing énu n'est pas un vrai sauvage mais un Bas­Breton huron et anglais, polyglotte et dot é d'un physique avantageux  . Voltaire n'a   donc pas forc é l'exotisme de son personnage, cr ée en vue de sa fonction dans le conte. C e qui importe,c'est qu le héros, grâce à son regard ingénu et la droiture de son jugement, mette en lumière les très et les iniquités de monde civilisé    . Ce qui ruine d éfinitivement le mythe du bon sauvage     c’est ce que l'ing énu est, dit le texte  «       chang é de brute en homme        », ce, gr âce      çà   sa fr équentation de  Gordon  et  par l'amour de  Mlle  de  Saint­Yves . En outre, il ne repart  pas  en Huronie  mais  demeure  en France.  Le   sauvage a donc cess é d'être sauvage et est devenu bon au contact de la civilisation. Le XVIII ème  si ècle connut  aussi un engouement tr ès vif pour les   romans sentimentaux   tels Pam éla de  l’ écrivain anglais   Richardson, ou l a Nouvelle H éloïse de Rousseau, Voltaire  jugea e dernier ennuyeux et en railla les effusions larmoyantes . Pourtant la dette   de l'Ing énu envers  ce type de productions semble  évidente   l'intrigue amoureuse y est tr ès d évelopp ée et Mlle de Saint­Yves n'est ­elle pas une   h éroïne  belle  et sensible , dont le destin illustre  le  th ème  des «   infortunes  de  la vertu   »   ? Faut­il  donc   lire   l'Ing énu comme  une  parodie  des   romans sentimentaux ou bine Voltaire a­t­il  été influenc é par le go ût de son si ècle        ?  . »

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