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Bérénice - Acte 2 scène 2: TITUS

Publié le 17/01/2022

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Bérénice - Acte 2 scène 2: TITUS « Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère, A ses maîtres toujours trop soigneuse de plaire, Des crimes de Néron approuver les horreurs ; Je l'ai vue à genoux consacrer ses fureurs. Je ne prends point pour juge une cour idolâtre, Paulin : je me propose un plus noble théâtre ; Et sans prêter l'oreille à la voix des flatteurs, Je veux par votre bouche entendre tous les coeurs. Vous me l'avez promis. Le respect et la crainte Ferment autour de moi le passage à la plainte ; Pour mieux voir, cher Paulin, et pour entendre mieux, Je vous ai demandé des oreilles, des yeux ; J'ai mis même à ce prix mon amitié secrète : J'ai voulu que des coeurs vous fussiez l'interprète, Qu'au travers des flatteurs votre sincérité Fît toujours jusqu'à moi passer la vérité. Parlez donc. Que faut t'il que Bérénice espère ? Rome lui sera t'elle indulgente ou sévère ? Dois-je croire qu'assise au trône des Césars, Une si belle reine offensât ses regards ? » C'est en 1670 que Racine a fait représenter pour la première fois devant la cour sa tragédie de Bérénice, après avoir accepté d'affronter le célèbre Corneille en traitant quelque temps après lui le même sujet (Corneille est l'auteur de Tite et Bérénice) : celui des amours entre Titus et Bérénice. Au coeur de l'oeuvre de Racine, nous trouvons le déchirement d'un homme entre son devoir d'empereur et l'amour qu'il éprouve pour la princesse Bérénice. C'est autour de ce dilemme tragique, entre les sentiments et le devoir, l'intérêt particulier et l'intérêt général, que se construit toute la pièce. Celle-ci peut se lire comme le long avènement de sa décision, comme le retardement d'une décision qu'on sait inéluctable. Au cours de la deuxième scène de l'acte II, les spectateurs sont témoins d'une conversation privée entre Titus et son confident Paulin. Celui-ci confirme l'opposition de Rome à cette union avec Bérénice. Héroïque, Titus annonce sa décision : il va quitter celle qu'il aime dans l'intérêt de Rome. Etudiant ce passage, la question au centre de notre travail sera de montrer dans quelle mesure la tirade de Titus est nécessaire à la révélation du conflit central de la pièce entre l'amour et le devoir. Si dans un premier temps nous pouvons étudier la situation d'énonciation et la structure de la tirade, nous verrons ensuite qu'elle met en place le conflit central de la pièce entre amour et devoir et annonce subtilement quel sera le dénouement de ce conflit.

« Je veux par votre bouche entendre tous les cœurs.

Dans ce passage, Titus évoque la cour de Rome et sa servilité, son hypocrisie, qui la disqualifie pour lui donner un avishonnête sur son possible mariage avec Bérénice.

La deuxième section s'arrête a : Je veux par votre bouche entendre tous les cœurs.

Dans ce passage, Titus montre bien que Paulin est le seul à pouvoir répondre à la question qui l'occupe, car si la vérité nepeut se frayer un chemin jusqu'à l'empereur, son conseiller peut quant a lui apprendre de la bouche du peuple romain cequ'il pense de son union avec Bérénice.

Quant aux derniers vers du passage, ils correspondent a une sorte de glose finale,de résumé conclusif, qui énonce directement ce qui est non seulement l'enjeu du passage, mais celui de la pièce : Titusdoit-il choisir d'épouser Bérénice ? II.

Une tirade utile a l'action : la mise en évidence du conflit entre amour et devoir Titus, en quête de l'opinion publiquea.

Il faut bien voir en effet que la pièce s'organise autour de ce conflit central : Titus doit-il choisir d'épouser Bérénice, ouchoisir de se conformer aux opinions du peuple romain ? Ce conflit est bel et bien présent dans cette tirade du début del'acte II puisque Titus s'enquiert de l'opinion publique.

En effet, s'il ne veut pas consulter la cour a ce sujet, c'est parce qu'illa sait servile, incapable de s'opposer a lui : A ses maîtres toujours trop soigneuse de plaire, Voila pourquoi il s'adresse a Paulin, car lui seul a la discrétion suffisante et l'honnêteté pour lui révéler l'opinion publique : Et sans prêter l'oreille à la voix des flatteurs, Je veux par votre bouche entendre tous les cœurs.

Dans une certaine mesure, nous pouvons juger qu'une telle insistance pour connaitre la vérité de l'opinion publique révèlechez Titus un secret désir de quitter Bérénice : certains critiques lisent en effet la pièce comme une tentative de Titus pourse débarrasser d'une vieille maitresse et de devenir un homme en prenant le pouvoir… « Un si belle reine »b.

Cependant, il faut bien voir que Titus affirme son amour pour Bérénice, notamment dans les vers conclusifs de la tirade : Dois-je croire qu'assise au trône des Césars, Une si belle reine offensât ses regards ? » Ces vers en position conclusives montrent bien quel dilemme est celui de Titus : entre l'amour et le devoir, le désir de s'unira cette « si belle reine » et celui de se conformer a l'opinion publique pour prendre le pouvoir.

Nous verrons à présent quel'issue de ce dilemme central est pourtant suggérée subtilement.

III. Une annonce implicite de ce qui sera le dénouement tragique de la pièce ? La cruauté de la cour, annonciatrices du choix de Titusa.Dans une certaine mesure, nous pouvons voir que le choix que fera Titus est déjà annoncé dans cette tirade.

Lisons en effet ces quatre alexandrins : « Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère, A ses maîtres toujours trop soigneuse de plaire, Des crimes de Néron approuver les horreurs ; Je l'ai vue à genoux consacrer ses fureurs ».

Ces vers évoquent en effet la cruauté de Néron, ses crimes et ses méfaits.

Titus se place dans sa lignée en l'évoquantcomme un prédécesseur, ce qui indique que lui aussi va se livrer a un méfait, a une cruauté : celle de répudier la femmequ'il aime, ou qu'il a aime, afin d'embrasser le pouvoir. b.. »

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