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Bérénice (acte IV, scène 4)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Hé bien, Titus, que viens-tu faire ? Bérénice t'attend. Où viens-tu, téméraire ? Tes adieux sont-ils prêts ? T'es-tu bien consulté ? Ton c½ur te promet-il assez de cruauté ? Car enfin au combat, qui pour toi se prépare, C'est peu d'être constant, il faut être barbare. Soutiendrai-je ces yeux dont la douce langueur, Sait si bien découvrir les chemins de mon coeur ? Quand je verrai ces yeux armés de tous leurs charmes, Attachés sur les miens, m'accabler de leurs larmes, Me souviendrai-je alors de mon triste devoir ? Pourrai-je dire enfin, je ne veux plus vous voir ? Je viens percer un coeur que j'adore, qui m'aime. Et pourquoi le percer ? Qui l'ordonne ? Moi-même. Car enfin Rome a-t-elle expliqué ses souhaits ? L'entendons-nous crier autour de ce palais ? Vois-je l'Etat penchant au bord du précipice ? Ne le puis-je sauver que par ce sacrifice ? Tout se tait, et moi seul trop prompt à me troubler, J'avance des malheurs que je puis reculer. Et qui sait si sensible aux vertus de la reine Rome ne voudra point l'avouer pour Romaine ? Rome peut par son choix justifier le mien. Non, non, encore un coup, ne précipitons rien. Que Rome avec ses lois mette dans ta balance Tant de pleurs, tant d'amour, tant de persévérance, Rome sera pour nous. Titus, ouvre les yeux.

« l'avenir et la vision qui se présente à lui le décourage.

Il se sent démuni face à elle : cette vision mine les faiblesforces qu'il était parvenu à rassembler.

Remarquons que la métaphore guerrière se poursuit avec le participe passé « armés ».

L'adversaire est Bérénice, elle possède une arme redoutable.

Lorsque Titus lira la douleur dans ses yeux, il sera sans doute vaincu.

Ces trois phrases interrogatives nous montrent que Titus doute encore, seulement cettefois-ci, il ne doute plus de sa décision mais de soy courage. A cette étape du texte, les sentiments de Titus remontent à la surface alors qu'il avait voulu jusqu'ici les refouler.Ces sentiments sont exprimés par le verbe « adorer », qui a un sens plus fort que le verbe « aimer » (ce verbetraduit d'ordinaire le sentiment que l'on éprouve pour un dieu ou une déesse) : « Je viens percer un coeur quej'adore, qui m'aime ».

A partir du vers 13,Titus fait marche arrière.

Et dans les cinq vers suivants, six phrases interrogatives marquent une fois encore l'expression de son incertitude.

Cette fois, Titus doute de sa décision derompre.

Il trouve des excuses pour abandonner son projet initial.

Ainsi, il constate que la ville de Rome, c'est-à-direle peuple, est parfaitement calme et qu'aucun signe ne laisse présager un quelconque soulèvement.

Il constate demême que le pouvoir politique, « l'Etat », ne semble nullement inquiété par son projet d'union : « Vois-je l'Etat penchant au bord du précipice ? » Nous voyons maintenant le jeune homme reprendre confiance en lui.

Il pense pouvoir changer la loi ou passer outresans dommages, sans conséquences fâcheuses pour l'avenir de l'Empire.

Ainsi, les certitudes chancelantes de Titusse sont écroulées.

Il était convaincu de devenir impopulaire en changeant la loi, maintenant il serait plutôt enclin àpenser que Rome pourrait adopter Bérénice.

Cet ébranlement de la certitude est exprimé par l'expression « et qui sait » : « Et qui sait si sensible aux vertus de la reine, / Rome ne voudra point l'avouer pour Romaine ? » Les quatre derniers alexandrins montrent Titus aboutissant progressivement à une nouvelle conviction qui est, endéfinitive, contraire à la première.

Au vers 24, il regrette d'avoir songé à la rupture.

Puis il énumère les raisons quil'ont conduit à son changement de décision.

Enfin, il exprime sa nouvelle certitude : « Rome sera pour nous.

» Il est certain qu'il ne doit pas rompre avec Bérénice.

L'hésitation a cédé la place à ta conviction, les phrasesinterrogatives aux phrases déclaratives. Nous avons voulu mettre en évidence le retournement de situation qui s'opère dans l'esprit de Titus.

Au début del'extrait, sa décision est prise : il faut rompre coûte que coûte.

Peu après, il commence à douter de ses forcespuisqu'il lui faut affronter la femme qu'il aime.

Il anticipe leur entrevue et perd courage.

Titus finit par douter de sadécision et trouve alors des excuses pour reculer sans avouer sa faiblesse.

Enfin, il adopte la décision inverse : il nefaut pas rompre.. »

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