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BILAN DU XVIIIe SIÈCLE : LES LUMIÈRES

Publié le 28/02/2012

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De Mirabeau (1749-1791), Chateaubriand a laissé un portrait qui condense en traits bien marqués les aspects aristocratiques et démocratiques : « Il avait du Gracchus et du Don Juan, du Catilina et du Gusman d' Alfarache, du roué de la Régence et du sauvage de la Révolution. « Par la vigueur d'un style calculé, il a su orchestrer aux premiers jours de la lutte l'âme nationale et ses aspirations : interrogations, exclamations, répétitions visent à imprimer une réalité profonde dans l'esprit de ses auditeurs.

« LES LUMIÈRES ET LA TOURMENTE 381 des innombrables pièces créées dans la tour­ mente), on ne saurait passer sous silence les genres annexes :la chanson, colportée de bouche à oreille, suffit à assurer 1 'immortalité à un Fabre d'Églantine (Il pleut, il pleut, bergère!), tandis qu'un Rouget de Lisle donne en quelques cou­ plets la mesure de 1 'émotion épique chez des soldats va-nu-pieds.

Le journalisme, en dehors de ses chroniques traditionnelles, trouve dans les émeutes matière à enflammer les cœurs à travers une langue vigoureuse qui n'échappe pas tou­ jours à la trivialité.

Les éphémères publications disparaissent en même temps que celui qui les animait, assurant ainsi un renouvellement cons­ tant du témoignage journalistique révolution­ naire.

Mais 1 'éloquence demeure à juste titre le grand genre révolutionnaire : la nécessité poli­ tique du moment impose aux tribuns improvisés ou aux politiciens de trouver les mots et les rythmes capables d'assurer le lien entre 1 'action et la parole, de convaincre une assemblée indé­ cise.

Mirabeau, Danton, Robespierre et Saint­ Just sont les plus brillants orateurs de cette époque.

De Mirabeau (1749-1791), Chateaubriand a laissé un portrait qui condense en traits bien marqués les aspects aristocratiques et démocra­ tiques : « Il avait du Gracchus et du Don Juan, du Catilina et du Gusman d' Alfarache, du roué de la Régence et du sauvage de la Révolution.

» Par la vigueur d'un style calculé, il a su orches­ trer aux premiers jours de la lutte 1 'âme natio­ nale et ses aspirations : interrogations, excla­ mations, répétitions visent à imprimer une réalité profonde dans 1 'esprit de ses auditeurs.

Sa phrase, calquée sur la période de la rhétorique classique, se distingue radicalement de la struc­ ture simpliste des discours de Danton (1759- BIBLIOGRAPHIE 1794), plus soucieux d'efficacité et d'improvisa­ tion que d'art véritable.

Avec Robespierre (1758-1794) et Saint-Just (1767-1794), l'éloquence devient à la fois pensée et action : plus que des discours en situation, leurs proclamations marquent l'aboutissement doctrinal de tout un siècle.

Cohérents dans leur mystique révolutionnaire jusqu 'aux limites de l'humain, ils ont également su lier les mots aux faits : si l'on a pu dire de Saint-Just que ses « paroles étaient comme des haches », c'est que, délaissant l'emphase ou l'emporte-pièce, il est parvenu à réduire en formules saisissantes un contenu théorique qu'il souhaitait imposer dans toute son ampleur.

Le jeune tribun affirmait que« la Révolution ne doit s'arrêter qu'à la perfection du bonheur».

Le temps des violences passé, celui des bilans arrive, et 1 'on se trouve, bien sûr, loin de ce but idéal.

Aussi, méfiante pour quelque temps à 1 'égard des idées généreuses et abstraites, n'espérant plus trouver dans le cadre de la vie sociale la réalisa­ tion parfaite de 1 'homme, la pensée va se renou­ veler.

C'est vers la littérature que se tournent de nouveau les écrivains : délaissant la philosophie qui s'était emparée d'elle pendant tout un siècle, la vie littéraire va être dominée par un nouveau thème, vécu non plus comme jusqu'alors de l'extérieur, mais au contraire de l'intérieur : le sentiment ..

Dans le même temps, et en réaction contre l'omniprésente raison, se développent les courants illuministes et les littératures de l'étrange (le plus célèbre exemple étant, avant même la Révolution, Le diable amoureux de Cazotte, 1772).

Sentiment et besoin d'irrationnel : il n'en fallait pas plus pour que vînt éclore une nouvelle littérature.

La plume et la parole étaient aux hommes de génie ...

que le xvme siècle venait de réhabiliter! Les « Classiques du Peuple » (Éditions Sociales) offrent de nombreux extraits des principaux orateurs révo­ lutionnaires (Danton, Saint-Just, Robespierre, Marat, Babeuf) avec des introductions d'inspiration marxiste.. »

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