Blanchot et l'écriture
Publié le 17/02/2013
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« Écrire c'est se faire l'écho de ce qui ne peut cesser de parler, - et, à cause de cela, pour en devenir l'écho, je dois d'une certaine manière lui imposer silence. J'apporte à cette parole incessante la décision, l'auto rité de mon silence propre. Je rends sensible, par ma méditation silencieuse, l'affirmation ininterrompue, le murmure géant sur lequel le langage en s'ouvrant devient image, devient imaginaire, profondeur parlante, indistincte plénitude qui est vide. »
« Quand écrire, c'est'découvrir l'interminable, !'écri vain qui entre dans cette région ne se dépasse pas vers l'universel .. li ne va pas vers un monde plus sûr, plus beau, mieux justifié, où tout s'ordonnerait selon la clarté d'un jour juste. Il ne découvre pas le beau lan gage qui parle honorablement pous tous. Ce qui parle. en foi, c'est ce fait que, d'une manière ou d'une autre, il n'est plus lui-même, il n'est déjà plus personne. Le\"II\" qui se substitue au \"Je\", telle est la solitude qui arrive à l'écrivain de par l'œuvre. \"Il\" ne désigne pas le désintéressement objectif, le détachement créateur. \"Il \"ne glorifie pas la conscience en un autre que moi, l'essor d'une vie humaine qui, dans l'espace imagi naire de l'œuvre d'art, garderait la liberté de dire \"Je\". \"Il\", c'est moi-même devenu personne, autrui devenu l'autre, c'est que, là oùje suis, je ne puisse plus m'adresser à moi et que celui qui s'adresse à moi, ne dise pas \"Je\", ne soit pas lui-même.»

«
42 / Création littéraire • 6
propos· une lettre de Rilke (Autriche, 1875-1926):
« Depuis des semaines, sauf deux courtes interrup
tions,
je n'ai pas prononcé une parole; ma solitude se
ferme enfilJ et
je suis dans le travail comme le noyau
dans
le fruit.»
Cette solitude permet à }'écrivain de se mettre à l'écoute
d'une force« interminable»,
ce« besoin d'écrire» sou.,
vent étouffé par les exigences de la vie pratique.
Il dqit
pour cela
se fermer au monde : ·
« Quand écrire, c'est'découvrir l'interminable, !'écri
vain qui entre dans cette région ne se dépasse pas vers
.
l'universel._
Il ne va pas vers un monde plus sûr, plus
beau, mieux justifié, où tout s'ordonnerait selon la
clarté d'un jour juste.
Il ne découvre pas le beau lan
gage qui parle honorablement pous tous.
Ce qui parle .
.
en foi, c'est ce fait que, d'une manière ou d'une autre,
il n'est plus lui-même, il n'est déjà plus personne.
Le"II" qui se substitue au "Je", telle est la solitude qui
arrive
à l'écrivain de par l'œuvre.
"Il" ne désigne pas
le désintéressement objectif, le détachement créateur.
"Il "ne glorifie pas la conscience en un autre que moi,
l'essor d'une vie humaine qui, dans l'espace imagi
naire de l'œuvre d'art, garderait la liberté de dire
"Je".
"Il", c'est moi-même devenu personne, autrui
devenu l'autre, c'est que, là
oùje suis, je ne puisse plus
m'adresser à moi et que celui qui s'adresse à moi, ne
dise pas "Je", ne soit pas lui-même.»
Il y a donc dans l'acte d'écrire une sorte de détachement
par rapport
au« moi» dans ce qu'il a de singulier.
Cela
explique, pour Maurice Blanchot, que de nombreux
écrivains aient éprouvé
le besoin de tenir un journal.
Le
journal
es.t pour le créateur un moyen de « garder le
rapport avec soi
», de maintenir le lien avec celui qu'il
est quand il n'écrit pas.
Tout écrivain est en proie à deux forces opposées.
L'une qui le pousse à, n'être que l'écho de ce qui en lui
ne peut cesser de parler; l'autre qui tend
à l'écarter.
»
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