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Boileau

Publié le 12/05/2011

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— Boileau est né à Paris, en pleine Cité, quinzième enfant d'un greffier au Parlement. Il a grandi dans un milieu de bourgeois hommes de loi. Adolescent mélancolique, il entreprit et abandonna des études de théologie, puis se fit recevoir avocat. Mais à dix-neuf ans, il perdit son père, hérita de quoi vivre indépendant et suivit en Joute liberté sa vocation de poète. — Boileau vécut en bourgeois, d'une vie libre mais étroite, administrant son bien avec prudence, aimant l'ordre et le bon sens, la paix (il détestait les ambitieux et l'esprit de conquête). Il avait la fierté de sa classe, tempérée par son respect du Roi et des grands seigneurs dignes de leur rang. Positif, pratique, il n'était pas né pour les inquiétudes de la métaphysique ou du mysticisme, ni pour le sublime à la mode chez les mondains de son temps. Cela explique en partie ses points de vue critiques et son art. Par son art surtout, il appartient à la veine gauloise qui va du Roman de Renart au Lutrin. — Bourgeois donc, mais de Paris, caustique et railleur, sensible au ridicule, candide au fond, prompt à s'indigner, peu tendre et cependant capable d'amitiés fidèles. Peu curieux de la nature, il lui fallait une campagne qui ne le privât pas de conversations lettrées et qui d'ailleurs ne l'éloignât pas trop de Paris : Hautile, près de Mantes, et Bâville, dans la région de Rambouillet. En revanche, il adorait le spectacle de la rue et il a su bien rendre l'aspect pittoresque de sa chère capitale.

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« femme laide qu'il avait épousée pour son argent.

La Satire V, sur la noblesse, contient des traits cruels dont plusd'un contemporain dut se sentir atteint.

Enfin, qui ne connaît la Satire VI, qui évoque avec tant de pittoresque lesembarras de Paris, ses bruits, les périls nocturnes de ses rues ? Il y a, dans toutes ces pages, de très savoureuxtableaux de moeurs qui brillent parmi des développements moraux presque insipides et qui ont fait comparer Boileauà un petit-maître hollandais.— Les Epîtres sont extrêmement variées par le sujet : passage du Rhin, loisirs des séjours agrestes à Hautile chezson neveu ou à Bâville chez M.

de Lamoignon; consolation à Racine après l'échec de Phèdre; adieu à ses versqu'appelle le destin et qu'il prie de plaider dans le monde pour leur père; discours à son jardinier sur le tourment dutravail intellectuel...

Boileau chante le passage du Rhin dans un mouvement artificiel et gêné qui serait digne de sonennemi Chapelain; et il y a dans la plupart de ses épîtres beaucoup de banalité et de remplissage.

Cependant lepoète parle avec agrément de la campagne aux environs de Paris, avec émotion et fermeté de ses combats pour levrai, avec la plus éloquente générosité du génie de Racine et de Molière; et à maintes reprises sa bonhomiefamilière, alternant avec sa verve satirique qui se prolonge jusqu'ici, produit des suites de vers vivants, francsd'allure, pleins de saveur : voilà ce qui a permis à Voltaire de vanter les « belles Epîtres » de Boileau, où le ton estplus calme, où le talent se fait plus grave que dans lés Satires.— Boileau a voulu, après sa guerre contre la mauvaise littérature, publier un traité de la bonne.

S'inspirant d'Aristoteet d'Horace, s'inspirant aussi de son expérience et des chefs-d'oeuvre de ses amis, il a composé l'Art poétique,oeuvre didactique, oeuvre d'instruction et d'enseignement, mais plus pratique que théorique, plus réaliste et vivanteque dogmatique, car en ces quatre chants se réveille assez souvent la verve combative des Satires : le nom deTérence appelle une raillerie sur Montfleury; l'Enéide fournit l'occasion de se moquer de l'Alaric de Scudéry, l'Iliade lemotif d'un sarcasme à l'adresse du Childebrand de Carel de Sainte-Garde.— Le Boileau de l'Art poétique non seulement n'a pas été continument didactique, mais s'est montré vrai poète : ilsavait bien ce qu'il faisait en écrivant en vers son traité.

En effet, il donne à sa pensée la plus vive expression, « ildit toujours agréablement des choses vraies et utiles » et nombre de ses vers sont amis de la mémoire : qui ne lessait par coeur P Si poète est trop dire, disons : grand artiste, qui a netteté et vigueur, qui sait vivifier les idéesabstraites, qui peint à l'aide de sons et de rythmes, enfin pli frappe ses maximes avec un prodigieux relief.— L'auteur de l'Art poétique est-il essentiellement, censeur P Il s'est dit tour à tour censeur un peu fâcheux etesprit doux, ami de l'équité.

Il est les deux.

Car, d'une part, il a souvent l'air de vouloir décourager les poètes,tellement il défend l'art par des règles difficiles; et d'autre part, il a été grand et simple à l'égard de Racine, deMolière, sans compter qu'il s'est finalement montré libéral et conciliant avec Boursault, avec Perrault et quelquesautres.— Sa censure était d'ailleurs nécessaire.

Le satirique avait dénoncé les périls suspendus sur les destinées de notrelittérature.

Contre la facilité des poètes de Cour, contre les fantaisies anarchiques, le doctrinaire rappelle qu'il y ades règles bonnes à suivre et qui sont, d'ailleurs fondées en raison; et surtout il veut dresser, comme en un bilansuprême, les grands exemples de la tradition humaniste.— Boileau commence par proclamer la nécessité de l'inspiration; cela fait, il ne s'occupe plus que de l'art et de sesdisciplines.

— Le chant I comprend des préceptes d'ordre général : notamment la nécessité d'aimer et de suivre làraison, d'accorder avec elle la rime, de lui sacrifier la recherche précieuse, le faux brillant des italianisants, l'emphaseet le burlesque; puis d'obtenir à force de travail la pureté de style, enfin de savoir se corriger.

Le chant II définit lespetits et moyens genres poétiques (églogue, élégie, ode, sonnet, rondeau, ballade, satire).

Le chant III estconsacré aux grands genres : tragédie, épopée, comédie.

Le chant IV donne des conseils moraux, car il n'y a pasd'art vrai sans désintéressement ni vertu.

— Dans chacun des trois premiers chants se trouvent insérés un ouplusieurs développements fameux : une rapide histoire de la poésie française de Villon à' Malherbe (chant I); unehistoire de la satire chez les Latins et chez les Français (chant II); les jugements sur le' théâtre français au MoyenAge, sur le merveilleux païen comparé au merveilleux chrétien dans l'épopée, sur la part excessive de farce àdéplorer chez Molière (chant III).— La conception que Boileau s'est faite du merveilleux est fâcheuse.

Ignorant le poème de Dante, et sans doutecelui de Milton, peu touché des « machines » du Tasse qui ne l'intéresse que par ses peintures de l'amour, il n'apensé qu'aux fictions dont le merveilleux païen anime agréablement l'univers et qui donnent à toutes choses unvisage et une âme.

Il a estimé ces fictions indispensables; s'en priver, c'est à ses yeux chasser tout agrément.

Lespoètes qui ont essayé de les remplacer par le merveilleux chrétien, lui paraissent avoir fait fausse route.

Boileau,d'autre part, chrétien et chrétien rigoureux, s'indigne qu'on puisse faire intervenir tout ensemble les anges et lesdémons, Dieu et Satan; il voit un réel péril à associer un merveilleux vrai à des chimères.

Plus tard, Chateaubriand,Lamartine, Hugo, Vigny, mettront en oeuvre avec succès le merveilleux chrétien; de plus, ils inventeront unmerveilleux nouveau, le symbolisme philosophique : ainsi le poème épique revivra en évoluant.- Autre erreur, celle-ci sur le théâtre du Moyen Age : ce théâtre qui fut la grande passion des foules, Boileau le dit« abhorré »; les confrères de la Passion, grande troupe disciplinée d'acteurs exercés, il les confond avec une troupegrossière de pèlerins; enfin, les Mystères, il les condamne en tant que drames chrétiens et il les immole à larenaissance de l'antiquité païenne au théâtre, lui qui connaissait Polyeucte !— Même ignorance, même injustice, à l'égard de la poésie française de Villon à Malherbe (cf.

Ronsard et la Pléiade,VI).— Le tort de Boileau, en somme, a été de trop ignorer ses devanciers et par conséquent de méconnaître l'évolutionhistorique : ce qui l'a conduit à d'insoutenables absolus.

Il a cru que la beauté est unique et immuable, que lesgenres littéraires sont des êtres permanents qui jamais ne se transforment ni ne communiquent entré eux.— Dans ces conditions, 'comment la doctrine qui se dégage de l'Art poétique ne serait-elle pas sévère jusqu'àl'étroitesse et en partie caduque ?— La doctrine de Boileau est excessivement rigoureuse.

Son principe essentiel est qu'il faut rechercher le vrai,c'est-à-dire la nature, mais la nature surtout psychologique, la nature des sentiments et des pensées, la naturehumaine; encore convient-il de, choisir entre ses multiples aspects, de façon à atteindre la nature générale,. »

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