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BOILEAU DESPRÉAUX

Publié le 31/05/2012

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Il n'avait pas de sensibilité : on ne lui connaît pas une passion; il n'aimait dans la campagne que le silence, le loisir et le repos; il y cherchait, si je puis dire, plutôt des satisfactions hygiéniques que des jouissances sentimentales ou esthétiques. Il avait une bonté intellectuelle sans tendresse, et il aimait ses amis solidement, vigoureusement, sans agitation ni expansion. Il était vif, pétulant, irascible, contredisant, têtu: humeur qui n'est pas en soi poétique, et qu'il dépensait toute à la défense de ses idées. Il avait une nature d'esprit avide de vérité, mais de vérité démontrée, évidente, tangible: il était passionnément raisonnable, raisonneur, et rationaliste. Aussi le système de Descartes le satisfit-il parfaitement.

Jusqu'ici, cette âme, cet esprit, même en leurs plus hautes parties, ne nous offrent rien que de prosaïque. Mais nous n'avons pas tout vu. Ce bourgeois positif ct raisonnable a des sens et des sensations d'artiste : il s'intéresse aux choses extérieures, il a le don de les voir, et le don de les rendre. Il n'ajoutera rien à sa sensation : car il n'a pas d'imagination; il réveillera exactement et représentera sa sensation...

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« BOILEAU DESPRÉAUX.

487 i687 à i698, des épigrammes contre Perrault, neuf Réflexions sur Longin (1692-1694), trois Épîtres, deux Satires; de 1703 à 1710, des épigrammes contre les Jésuites et la Satire XII (1705).

Voilà les principaux points de repère dans l'œuvre de Boileau.

Elle peut se considérer de deux points de vue, selon qu'on y chm-che un poète ou un critique.

i, LA POÉSIE DE BOILEAU.

Boileau est un petit poète doublé d'un grand artiste.

Si nous cherchons la poésie dans son œuvre, nous ne la trouverons ni dans les pièces purement morales, qui sont banales dans le lieu commun et lourdes dans le paradoxe, sans intérêt et sans vie, ni dans les satires littéraires, où il y a de la couleur, de l'éloquence même, une éloquence un peu courte et essoufflée, mais décidément rien de plus : des morceaux 5piques ou lyriques, nous tirerons la con­ clusion que Boileau est a peu près aussi épique que Chapelain, et aussi lyrique que La Motte.

Au reste, ses origines, sa vie, son tempérament, sa conversation, tout en lui exclut l'idée d'une forte nature poétique.

C'est un hour- , geois de Paris, de vieille bourgeoisie parisienne, né et élevé entre la Sainte-Chapelle et le Palais, mort au Cloître-Notre-Dame, et qui dans· ses soixante-dix ans de vie n'a guère quitté Paris que pour Auteuil; quelques séjours à Bàville, chez Lamoignon, ou à Hau­ tisle, chez Dongois, deux voyages à la suite du roi, une saison à Bourbon, épuisent la liste des déplacements de ce Parisien ren­ forcé.

Dans son ascendance, dans son alliance, des magistrats, des procureurs, des marchands : rien que de franchement bour­ geois.

Il l'est lui-même au plus haut point.

C'est un bon homme, dont la réelle élévation d'âme, le désin­ téressement, la bonté, la loyauté s'enveloppent de formes un peu âpres et brusques : économe, soigneux de son bien, un peu sen­ suel du côté de la table, aimant les bons dîners, les bons vins, les bons compagnons, rieur et railleur, éclatant en originales et plai­ santes saillies, peu dévot et toujours prêt à se gausser des gens d'Église, très indépendant d'esprit et très soumis à l'autorité : le plus doux des hommes avec sa mine de satirique.

Les problèmes métaphysiques et les ardeurs mystiques ne le tourmentent point : il est toute raison, il a le bon sens le plus positif et le plus pra­ tique.

Il ne vit jamais que des disputes de mots dans les querelles théologiques, même dans celle du jansénisme, auquel il ne tint que par une sympathie d'honnête homme et par certaines amitiés personnelles.. »

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