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BOSSUET (Jacques Bénigne)

Publié le 17/02/2019

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bossuet
BOSSUET (Jacques Bénigne), évêque et écrivain français (Dijon 1627 - Paris 1704). La brillante carrière de Bossuet, son zèle polémique le firent, de son vivant, considérer comme le chef de l'Église de France. Son talent oratoire est traditionnellement tenu pour un modèle de l'éloquence classique. En réalité, son rôle et son œuvre apparaissent aujourd'hui plus complexes quand ils sont confrontés au contexte politique et religieux de leur temps. Il naît dans une famille de parlementaires dont il hérite le goût de l'ordre et le dévouement au roi. Voué dès l'enfance à l’Église, il fait ses études au collège jésuite de Dijon, puis au collège de Navarre à Paris.
Plusieurs milieux s’ouvrent à lui : l'Oratoire, la congrégation de Saint-Maur, les salons (Antoine Amauld le présente à l'hôtel de Rambouillet où il improvise son premier sermon en 1642 devant l'évêque Cospéan et Voiture). Il rejoint cependant son canonicat de Metz en 1652. Il y applique les principes de saint Vincent de Paul : aider les conversions (il encourage une mission des Lazaristes, controverse avec le pasteur P. Ferry), surveiller les mœurs (il devient correspondant de la Société du Saint-Sacrement en 1660), défendre le peuple en rappelant aux grands leurs devoirs. La prédication est pour cela une arme efficace (Sermon sur l'éminente dignité des pauvres, 1659 ; prédication du carême au Louvre, 1662). Il est soutenu par Anne d’Autriche, et n'adopte dans les querelles (notamment celle du jansénisme) que des positions de négociateur. Sa notoriété grandit au cours de séjours à Paris de plus en plus fréquents : sa défense des intérêts de l’Église de France, son savoir, lui valent d’être nommé évêque de Condom (1669), de prononcer les oraisons funèbres d'Henriette de France, puis d'Henriette d'Angleterre, et de devenir, en 1670, précepteur du Dauphin. Il est alors à l'apogée de sa carrière et son Exposition de la doctrine catholique (1671) lui vaut une réputation européenne. Pour l'éducation du Dauphin, il revient à l’érudition (recherches pour le Discours sur l'histoire universelle, publié en 1681), mais surtout il confronte l'enseignement chrétien avec la réalité de la Cour et du gouvernement. Fasciné par la conception d'une monarchie de droit divin qu'il dépeint selon l'idéal de puissance et d'ordre de l’Empire romain, marqué aussi par le pessimisme qui voit dans les peuples des forces dangereuses (influence de Hobbes), il écrit pour son élève une Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte (publiée en 1709), apologie d’un pouvoir fort qui associe les missions de l'Église et de l'État. À la fin de son préceptorat (1680), il est nommé évêque de Meaux. Il fait alors figure de chef du clergé français. Son Sermon sur l'unité de l'Église, qui ouvre l' Assemblée du clergé en 1681 et s'efforce de définir la part des pouvoirs pontifical, monarchique et épiscopal, est reçu comme un manifeste du gallica nisme. Une crise s'ouvre entre Paris et Rome, dont le principal bénéficiaire est le roi, qui pousse à la fermeté et négocie en sous-main. Bossuet semble ensuite perdre de son importance politique, mais se fait le champion des droits ecclésiastiques et de l'orthodoxie : contre les protestants [Histoire des variations des Églises protestantes, 1688), contre les quiétistes (il obtient la condamnation de Fénelon), contre les jésuites, contre Mal-ebranche, contre Richard Simon... Son activité pastorale (rédaction d'un catéchisme, de textes de piété) et de directeur de conscience (lettres à Mmc d'Albert, à Mme Comuau) est intense. Dans cette dernière partie de sa vie, bien connue grâce à sa correspondance et au Journal de son secrétaire Ledieu, il est peu à peu tenu à l’écart, malgré des honneurs ostensibles. Saint-Simon le montre, malade, s'entraînant, dans d'ultimes promenades, à gravir le grand escalier de Versailles. Il prononce son dernier sermon, dans sa cathédrale, le 18 juin 1702.
 
L'œuvre abondante de Bossuet répond aux besoins de son action et non à la recherche esthétique. Ses contemporains n'en ont pas fait un modèle (les modèles sont Senault et Bourdaloue) ; lui-méme ne s'estimait habile qu'en latin et n'a publié que la partie érudite et militante de son œuvre, laissant perdre ainsi la plupart de ses Sermons (environ 200 conservés sur 1 000 prononcés). Ses manuscrits montrent un travail acharné de correction, mais une part laissée à l'improvisation. Il a exercé sur ses textes une censure croissante, ne prêtant ses manuscrits qu’à quelques amis. Son indifférence à la littérature contemporaine, sa modération dans la querelle des Anciens et des Modernes (il est ami de Perrault comme de Boileau, et semble n'être entré à l'Académie française qu'en raison de son préceptorat), enfin sa condamnation du théâtre (Maximes et Réflexions sur la comédie, 1694) montrent qu'il ne retient de la littérature
 
qu'un idéal de purisme et de langage élevé. Il explique sa conception de l'éloquence chrétienne dans son Sermon sur la Parole de Dieu et dans une lettre au cardinal de Bouillon : elle doit agir comme un sacrement, où l’auditeur recueilli entende la Parole divine, et non des mots. Par là Bossuet s'écarte des prédicateurs célèbres (Bourdaloue, Fénelon, Massillon) pour qui la rhétorique est un moyen de séduire pour amener à réfléchir : pour lui, « l'éloquence doit venir d'elle-même », il refuse un art oratoire de spectacle, « comme si la chaire était un théâtre où l'on monte pour disputer le prix du bien-dire », et vise une simplicité forte qu’on appelle alors le sublime. Son style est donc traditionnel et plus apte à séduire les assemblées de prélats que le public. Il emploie essentiellement des phrases ou des périodes assertives, avec de nombreuses références bibliques. Peu d'images, mais beaucoup d'antithèses, procédé baroque qui simule l'accord de deux réalités contradictoires ( « le pouvoir des rois est illimité, il est pourtant soumis aux lois »). L'usage fréquent du «je ne sais quoi » évoque la transcendance et les limites de l'analyse devant la puissance des institutions ( « je ne sais quoi de divin s'attache au prince »), les réactions collectives ou la psychologie individuelle (« le monde sait remuer si puissamment je ne sais quoi d'inquiet et d'impatient que nous avons dans le fond du cœur »). Cette base stylistique est complétée par beaucoup d'érudition, par des passages narratifs, par une violence polémique acerbe qui révèle l'influence des Provinciales de Pascal. Les Oraisons funèbres (seul texte littéraire qu'il ait publié en 1689) sont un exemple de sa manière, où les longs passages de louange des grands servent certes une politique conservatrice, mais surtout magnifient le message édifiant (« Je veux dans un seul malheur déplorer toutes les calamités du genre humain, et dans une seule mort faire voir la mort et le néant de toutes les grandeurs humaines »).

bossuet

« ouvre l'Assemblée du clergé en 1681 et s'efforce de définir la part des pouvoirs pontifical, monarchique et épiscopal, est reçu comme un manifeste du gallica ­ nisme.

Une crise s'ouvre entre Paris et Rome, dont le principal bénéficiaire est le roi.

qui pousse à la fermeté et négocie en sous-main.

Bossuet semble ensuite perdre de son importance politique, mais se fait le champion des droits ecclésiasti­ ques et de l'orthodoxie : contre les protestants [Histoire des variations des Eglises protestantes, 1688), contre les quiétistes (il obtient la condamnation de Fénelon), contre les jésuites, contre Mal­ ebranche, contre Richard Simon ...

Son activité pastorale (rédaction d'un caté­ chisme.

de textes de piété) et de directeur de conscience (lettres à Mm• d'Albert.

à Mn>< Cornuau) est intense.

Dans cette dernière partie de sa vie, bien connue grâce à sa correspon­ dance et au Journal de son secrétaire Ledieu.

il est peu à peu tenu à l'écart, malgré des honneurs ostensibles.

Saint­ Simon le montre, malade, s'entraînant, dans d'ultimes promenades, à gravir le grand escalier de Versailles.

Il prononce son dernier sermon, dans sa cathédrale, le 18 juin 1 702 L'œuvre abondante de Bossuet répond aux besoins de son action et non à la recherche esthétique.

Ses contempo­ rains n'en ont pas fait un modèle (les modèles sont Senault et Bourdaloue) ; lui-même ne s'estimait habile qu'en latin et n'a publié que la partie érudite et militante de son œuvre, laissant perdre ainsi la plupart de ses Sermons (environ 200 conservés sur 1 000 prononcés).

Ses manuscrits montrent un travail acharné de correction, mais une part laissée à l'improvisation.

li a exercé sur ses textes une censure croissante, ne prêtant ses manuscrits qu'à quelques amis.

Son indifférence à la littérature contempo­ raine, sa modération dans la querelle des Anciens et des Modernes (il est ami de Perrault comme de Boileau, et semble n'être entré à l'Académie française qu'en raison de son préceptorat), enfin sa condamnation du théâtre (Maximes et Réflexions sur la comédie, 1694) mon­ trent qu'il ne retient de la littérature qu'un idéal de purisme et de langage élevé.

Il explique sa conception de l' élo ­ quence chrétienne dans son Sermon sur la Parole de Dieu et dans une lettre au cardinal de Bouillon elle doit agir comme un sacrement, où l'auditeur recue illi entende la Parole divine, et non des mots.

Par là Bossuet s'écarte des prédicateurs célèbres (Bourdaloue, Féne­ lon, Massillon) pour qui la rhétorique est un moyen de séduire pour amener à réfléchir pour lui, « l'éloquence doit venir d'elle-même>>, il refuse un art oratoire de spectacle, « comme si la chaire était un théâtre où l'on monte pour disputer le prix du bien-dire », et vise une simplicité forte qu'on appelle alors le sublime.

Son style est donc traditionnel et plus apte à séduire les assemblées de prélats que le public.

Il emploie essentiellement des phrases ou des périodes assertives, avec de nom­ breuses références bibliques.

Peu d'ima­ ges, mais beaucoup d'antithèses, pro­ cédé baroque qui simule l'accord de deux réalités contradictoires ( « le pouvoir des rois est illimité, il est pourtant soumis aux lois >>).

L'usage fréquent du « je ne sais quoi » évoque la transcendance et les limites de l'analyse devant la puis­ sance des institutions («je ne sais quoi de divin s'attache au prince >>).

les réactions collectives ou la psychologie individuelle ( « le monde sait remuer si puissamment je ne sais quoi d'inquiet et d'impatient que nous avons dans le fond du cœur»).

Cette base stylistique est complétée par beaucoup d'érudition ..

par des passages narratifs, par une violence polémique acerbe qui révèle l'influence des Provinciales de Pascal.

Les Oraisons funèbres (seul texte littéraire qu'il ait publié en 1689) sont un exemple de sa manière, où les longs passages de louange des grands servent certes une politique conservatrice, mais surtout magnifient le message édifiant {«Je veux dans un seul malheur déplorer toutes les calami tés du genre humain, et dans une seule mort faire voir la mort et le néant de toutes les grandeurs humaines»).

Le style de Bossuet est le reflet de sa conception du monde : la proclamation. »

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