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BOURGEADE Pierre : sa vie et son oeuvre

Publié le 18/11/2018

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L’ange du bizarre plane sur son œuvre fournie en titres — une trentaine environ —, mince en volume, parce qu’il aime les textes courts, elliptiques, où tourne un carrousel d’images. Il ne raconte pas, il ne commente pas, il montre, il met en scène. Il est vrai que cet écrivain est aussi homme de théâtre, mais d’un théâtre à peine écrit, fait de collages et de montages, alors que ses textes littéraires, nouvelles, romans, poèmes, révèlent l’attention qu’il prête à la forme, le travail qu’il opère sur le langage.

 

Il est découvert en 1966 par Georges Lambrichs, directeur de la collection « le Chemin » chez Gallimard où se cherche une avant-garde. Son premier livre est un recueil de nouvelles érotiques, les Immortelles. Une vingtaine de femmes s’y encadrent dans leur pratique de l’amour et leurs fantasmes. Autour d’elles rôdent la folie, la mort comme chez Georges Bataille, mais aussi la farce. Deux ans avant la révolution de Mai, Pierre Bour-geade retrouve l’humour noir des surréalistes. Son second livre, la Rose rose (1968), un de ses meilleurs et qu’on devrait rééditer, procède d’une tout autre inspiration. 

BOURGEADE Pierre (né en 1927). Juriste, fonctionnaire, romancier, poète. Né dans les Pyrénées occidentales aux confins du Béarn et du Pays basque qui garantissent son ironie et son humour. Il abandonne la fonction publique en 1974 pour se consacrer à la littérature.

« L'ange du bizarre plane sur son œuvre fournie en titres -une trentaine environ -, mince en volume, parce qu'il aime les textes courts, elliptiques, où tourne un carrousel d'images.

Il ne raconte pas, il ne commente pas, il montre, il met en scène.

Il est vrai que cet écrivain est aussi homme de théâtre, mais d'un théâtre à peine écrit, fait de collages et de montages, alors que ses textes littéraires, nouvelles, romans, poèmes, révèlent l'atten­ tion qu'il prête à la forme, le travail qu'il opère sur le langage.

Il est découvert en 1966 par Georges Lambrichs, directeur de la collection « le Chemin » chez Gallimard où se cherche une avant-garde.

Son premier livre est un recueil de nouvelles érotiques, les Immortelles.

Une vingtaine de femmes s'y encadrent dans leur pratique de 1 'amour et leurs fantasmes.

Autour d'elles rôdent la folie, la mort comme chez Georges Bataille, mais aussi la farce.

Deux ans avant la révolution de Mai, Pierre Bour­ geade retrouve l'humour noir des surréalistes.

Son second livre, la Rose rose (1968), un de ses meilleurs et qu'on devrait rééditer, procède d'une tout autre inspira­ tion.

C'est un pamphlet historique qui dresse les annales de nos dix années noires (1936-1945).

Dans un passé simple insistant se mêlent les grands événements et les petits faits de la réalité familière, le « ils » des Français et le «je » autobiographique d'un garçonnet qui grandit dans son village.

Ces deux textes révèlent les deux direc­ tions où va s'engager l'œuvre de Pierre Bourgeade: le sexe et l'histoire.

A la veine érotique appartiennent New York Party (1 969), le plus connu de ses ouvrages, une satire de l'Amérique, de ses mœurs, du capitalisme, et l'Aurore boréale (1 973), texte obscur, éclaté, qui porte l'obscénité à son comble et signe un échec.

Alors, sa création évolue, son style change.

De flam­ boyant il devient plus précis, retenu, soucieux de cerner au plus près la réalité.

Des récits se composent qui illus­ trent les phénomènes politiques et sociaux de notre temps : la dissidence dans l'Armoire (1977), le printemps de Prague dans Une ville grise (1978), l'univers concen­ trationnaire nazi dans Le Camp (1979), la guerre d' Algé­ rie et la torture dans Les Serpents (1983).

Ce retour au réalisme n'est qu'apparent, sauf dans ce dernier li v re.

La folle imagination qui suscitait précédemment les visions érotiques se retrouve maintenant dans les fables inven­ tées qui jouent de la bouffonnerie, de l'horreur ou du fantastique.

En témoignent la Fin du monde (1984), rêverie d'une Apocalypse causée par la disparition des femmes et satire de la commercialisation du sexe, et ces Mémoires de Judas ( 1985) où l'auteur décide de tuer par amour, lui ayant pardonné, ce traître mythique auquel l'antisémitisme est accroché.

Ce conte fantastique où retentit Je texte évangélique est une des œuvres les plus subtiles et les plus réussies de son auteur.

Parallèlement à cette création littéraire se développe une œuvre théâtrale à laquelle participent les meilleurs metteurs en scène, Jorge Lavelli, Daniel Benouin, Geor­ ges Lavaudant, etc.

: pièces politiques comme Orden (1969) sur la guerre d'Espagne, Deutsches Requiem sur le nazisme (1973 ), ou pièces culturelles comme Palazzo Mentale (1976) où l'Europe cherche son identité à tra­ vers ses écrivains.

Le texte n'y intervient que comme élément du spectacle auquel concourent à parts égales la musique et le visuel.

On lui doit aussi une adaptation de Ma mère de Georges Bataille (1982), des Oiseaux d'Aristophane chez Jean-Louis Barrault (1985).

L'œuvre diverse, baroque de Pierre Bourgeade, oscil­ lant entre le tragique et le comique, le politique et l'éroti­ que, relève essentiellement, dans sa forme poétique et figurée, de la satire allégorique, ce qu'illustrent encore Sade, Sainte-Thérèse (1987) ou l'Empire des livres (1989).. »

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