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SAINT-PIERRE, Charles Irénée Castel, abbé de (vie et oeuvre)

Publié le 13/10/2018

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SAINT-PIERRE, Charles Irénée Castel, abbé de

 

(1658-1743). Normand, issu d’une famille d’ancienne noblesse, il fit ses études chez les jésuites, à Caen, et les continua à Paris, s’intéressant particulièrement aux sciences physiques et naturelles. La charge, qu’il avait achetée, de premier aumônier de Madame, mère du Régent (bien qu’il n’eût reçu que les ordres mineurs), et la protection de Mme de Lambert le firent admettre en 1695 à l’Académie française sans qu’il eût encore rien publié. En 1702, il devint abbé commendatairc de Tiron. Il participa aux négociations de la paix d’Utrecht, en qualité de secrétaire du futur cardinal de Polignac, et commença d’élaborer ce qui allait être l’œuvre fondamentale de son existence, le Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (3 vol., 1713-1717). Le Discours sur la polysynodie (1718), qui était un violent réquisitoire contre la politique de Louis XIV, lui valut d’être chassé de l’Académie française (seul Fontenelle eut le courage de voter contre l’exclusion). De 1724 à 1731, il fut avec le marquis René-Louis d’Argenson et l’abbé Alary l’animateur du club de l’Entresol. qui se réunissait place Vendôme, chez le président Hénault, et où hommes politiques et diplomates, français et étrangers, échangeaient leurs idées dans un climat d’étonnante liberté. Il eut une vieillesse longue et heureuse, soutenant infatigablement ses innombrables projets de réforme de la société, et faisant de nombreux séjours chez Mme Dupin, à Chenonceaux, où le jeune Jean-Jacques Rousseau eut l’occasion de le rencontrer.

« sciences physiques et nat urelles.

La charge, qu'il avait achetée, de premier aumônier de Madame, mère du Régent (bien qu'il n'eOr reçu que les ordr es mineurs), et la prot ection de Mme de Lamb ert le firent adme ttre en 1695 à l'A cadé mie frança ise sa ns qu'i l eût encore rien publié.

En 1702, il devint abbé commen datair e de Tiron.

n p articipa aux négociations de la paix d'Utrecht, en qualité de sec rétaire du futur cardinal de Pol ignac, et com mença d'élaborer ce qui allait êt re J'œuvr e fo nda­ mentale de so n existence, le Proj et pou r rendr e la paix perpét u elle en Europe (3 vo l., 1713 -17 17).

Le Discours sur la polysynodie (1718 ), qui était un violent réq uisi­ toire contre la politique de L ouis XIV, lui valut d'être chassé de l'Aca dém ie française (se ul F on tenelle eut le coura ge de voter contr e 1' excl u sio n).

De 1724 à 1731, i 1 f ut avec Je marquis R ené-Louis d'Arge nson et l'abbé Alary l'animateur du club de l'Entresol, qui se réunissait place Vendôme , chez le président Hénault, et où hommes po liti qu es et diplomate s, françai s et étrangers, échan ­ geaie nt leur s idées dan s un climat d'étonnante libe rté.

Tl eut une vieille sse l ongue et heur euse, soutenant infa tiga­ blemen t ses innombrables projet s de réforme de la socié té, et faisant de nombreux séjours chez Mm• Dupin, à Chenonce a ux, où le jeu ne Jean-Jacques Roussea u eut l'occasion de le rencontrer.

L'i nvent eur du mot «bienfaisance », «cet ho mme rare, l'honneur de son siècle», selon R ousseau, pass ait , aux yeux de ses contemporains, pour un utopiste, un rêveur .

Mai s ce que l e cardi nal Duboi s appelaü « les rêves d'un homme d e bien» apparaît plutôt comme un ensem bl e de projets élaborés par un réfo rmi ste très en avance sur son temps et non par un visionnaire chiméri ­ que.

n avait été un observ ateur attentif pendant « plus de cinquante ans, ou à la Cour ou dan s la ville capitale» , comme il Je dit lui-m ême, e t avait «co nnu personnelle ­ ment la plupa r t des prin ces, des mini stres, des géné rau x, et ceux qui ont fait l es principaux personnages de [son] temps » .

Auss i ses M émoires sur« la réparation des che­ mios», «pour dim inuer le nombre des proc ès », sur «l'éta blissement de la taille proportion nelle », ou ses Proje ts de « taille tarif ée»,« pour petf ect ionner l'éduca­ tion », et même« pour perfectionner l' o rtografe 1 sic] des langues d'Europe», ne font-ils qu'anticiper des réformes raisonnables.

JI le savait, d'aille urs : «Mes projets sub­ sistero nt; plu sie urs entreront dan s les jeunes esp rits de ce ux qui auront un jour part au gouverne ment , et pour ­ r ont être alor s fort utiles au public futur ».

D e ces projets, celui qu'il a conçu «po ur rendre la paix perpétu elle en Europe » semble à la fois le plu s géné reUX et le plus irréali sable .

TI paraissait tel atJX ye u x de Leibniz, lui -même pourtant «e uropée n » et iréniste convainc u, qui écri vait dans un e lettre: «J'a i vu q u elq ue chose du projet de M.

de Saint -Pierre pour ma intenir une paix perpétuell e en Europe.

Je me souviens de la devise d'un cimetière avec ce mot : Pax perpetua; car les morts ne se battent po int, m ais les viva nts s ont d'une aut re humeur, et les plus pui ssan ts ne respectent g u ère les tr ibunaux» .

Roussea u, malgré la sympathie et l'admira­ tion qu'il lui porte, repr oc he à l'abbé de Saint - Pierre, dans son analyse critique du Projet de paix perpétuelle, de n'avo ir «travai llé qu e pour des êtres imaginaires en pensant travailler pour ses cont empo rains ».

Il est étrange de voir Rousseau donne r des leçons de réalisme, lui qui aurait dO savo ir mieux que tout autre que l'on ne travaille pour les hommes de l'avenir- et même pour les contempo rains - qu'en acco rda nt sa juste part à l ' im aginatio n.

Et d'ailleur s, le bon abbé n'avait nulle ­ ment une vision naïve et idyllique de l'humanité.

Il ne fau t pas oublier qu'il avait été fortement marqu é par Hobbes , pour qui 1' état de gue rre de tous contre tous entraîne pour les hommes la nécessité , s'ils ne veule nt p as péri r, de r emettre leurs droits ind ivid uels entre les SAINT -PIERRE mains d'un pouvoir unique et fort, c hargé de faire r égner l'ordre et la paix.

Le Projet de paix perpétuelle ne fait que transpose r cette ana l yse sur le plan des rel atio ns internationales.

Pour écha pper a u x lutte s épuisa ntes et stéri les, les souv erains de l'Europe chrétienne doivent consti tuer une ligue et fo r mer un « co rps eu ropéen », qui garantira définitivement l'état territorial actuel des pays participants, s'érigera en tribunal e urop éen po ur juge r d es liti ges et di s po sera de forc es armé es eu1·opé enn es pour faire respecter ses décision s.

Rou sseau, Bentham , Kant reprendront et développeront, à la fin du xvme siè­ cle, ces idées «co nduisa nt vers Je gran d but, l 'ultime perfection : la société des nation s» (Kan t).

Pour n'avoir pas encore été réali sées, ou pour l'avoir été si mal, en s ont-e lles moins urgentes, moins « réa list es »? n e n va de même des idées politiques exprimées dan s la Polysynodie.

L'abbé de Saint-Pierre y critique l'abso ­ lutisme autoritaire et centralisa teur de Louis XI V et d e ses ministres, absolutisme qu 'il qu alifi e de « vizirat ou despotisme orie ntal ».

Il lui opp ose un e m ona rchie tem ­ pérée ou « aristo-monarchie », dan s laque lle le roi règne mais ne gouve rne pas, et qui repo se sur la multiplication des. »

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