Camus, Albert
Publié le 17/01/2022
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Ecrivain français, né à Mondovi, Algérie, mort à Villeblevin, Yonne (1913-1960). Albert Camus affirme de bonne heure des dons éclatants. Ce licencié en philosophie est aussi l'auteur d'essais remarqués (Noces, 1938), l'animateur d'une troupe de jeunes comédiens, un journaliste tenté par la politique, qui collabore à Paris-Soir et Alger-Républicain. Sa vision du monde, en fin de compte optimiste, inspire son plus beau roman, La Peste (1947), et justifie sa participation à la Résistance, puis aux luttes politiques et aux controverses d'après guerre. Son influence sur la jeunesse est alors immense, comparable à celle de Sartre, et ses pièces trouvent l'audience qu'elles méritent, soutenues par la ferveur du public et défendues par de grands acteurs. Prix Nobel de littérature en 1957, cet écrivain illustre est désenchanté, comme en témoigne son dernier roman La Chute. Déchiré par la guerre d'Algérie, il refuse de prendre position et trouve à quarante-sept ans une sorte de mort qu'il cherchait peut-être.
«
En 1935 et 1936, il écrit l'Envers et l'Endroit pour Edmond Charlot qui l'édite à Alger à un
petit nombre d'exemplaires.
Un de ses maîtres, à qui l'ouvrage est dédié, trouve cela bien mais
sans
rien d'extraordinaire et tente de le dissuader d'écrire.
Il devient lecteur chez Charlot, publie
des textes dans « Sud », écrit un roman qu'il trouve mauvais et qui est perdu, monte une troupe
théâtrale et adapte pour elle Malraux et Dostoïevski.
Un jour, remplaçant un acteur au pied
levé, il y goûte un tel plaisir qu'il continue de jouer.
Pour gagner un peu d'argent en préparant
sa licence de philosophie, il s'engage dans les tournées Alec Barthus pour quatre-vingts francs
par cachet et tient le rôle de Sganarelle dans les petites villes du bled.
A 29 ans, alors
qu'il a dû quitter l'Algérie, l'Étranger et le Mythe de Sisyphe lui valent la célé
brité.
En 1944 et 1945, ses éditoriaux de« Combat »marquent l'époque fiévreuse de la Libération
par sa rigueur et sa noblesse.
On joue le Malentendu et Caligula.
Sa gloire éclate en 1947 avec
la Peste et ne fera plus que croître, le chargeant par moments d'un poids insupportable.
Il est, avec
Sartre, un des deux prophètes de l'après-guerre.
Mais la maladie dont il n'est pas guéri le convainc
qu'il ne dispose que de peu de temps.
Le 3 janvier 1960, des amis, parmi les plus chers qu'il eut jamais, passèrent le voir à Lour
marin.
Il devait partir pour Paris deux jours plus tard par le train, mais un solitaire comme lui
ne savait jamais résister à la tendresse et à l'amitié : il les accompagna.
Le lendemain, quelques
minutes avant deux heures de l'après-midi, la mort l'attendait sur la nationale 5, près du village
de Villeneuve-la-Guyarde, dans l'Yonne.
Le médecin qui vint pour le constat funèbre s'appelait
Camus.
Comment juger une œuvre inachevée? Comment la lire et l'entendre quand l'âge et un
art plus parfait ne lui ont pas apporté des retouches ou des repentirs? Comment décider qu'elle
ne se serait pas durcie et que ce cartésien de l'absurde n'aurait pas refusé avec plus de netteté de
se soumettre aux règles établies?
Une quinzaine d'essais et de récits, quatre pièces de théâtre, c'est peu pour s'exprimer
quand on ne cesse de s'élever et que le regard embrasse davantage à chaque nouvelle foulée.
Qui
sait, oui, si tout en haut, il n'allait pas découvrir ce qu'il sentait lui échapper? Sa morale va
jusqu'au suicide si tout ce que fait l'homme est vain.
Mais cela dépend de l'homme, justement,
et la révolte contre ce qui s'oppose à l'homme est l'amorce de la grâce et du salut.
C'est là, peut
être, qu'il se trompe quand il appelle la révolte et refuse l'injustice qu'engendre fatalement toute
révolte.
C'est là que ses ennemis, pour peu qu'ils se limitent dans leur enquête, lui reprochent de
n'être pas allé au bout de tous ses choix et ricanent devant ce mot de justice qu'il a tant crié parce
qu'il était d'un pays où, pour ceux qui n'ont que le soleil pour bien, la justice compte plus que le
pain et devant ce mot de juste qu'il a voulu mériter.
Il vécut les événements d'Algérie comme
une tragédie antique.
On l'aimait pour sa noblesse, sa rigueur et cette fraternité contagieuse qu'il n'a cessé de
pratiquer.
Sous son aspect aride et doctoral, la fâcherie de Sartre elle-même n'est qu'une brouille
amoureuse.
M.
Robert Kanters lui a reproché d'être l'ami du genre humain.
C'est réduire sa
générosité à
la complaisance d'une concierge au cœur tendre et faire peu de cas des responsabi
lités
qu'il se reconnaissait ou dont on l'accablait.
Ça mène loin une morale qui repose sur la jus
tice et la charité! La majorité de ceux qui exigeaient de lui un choix qui ne leur coûtait rien n'aurait
pas seulement songé à courir au secours des causes qu'il a été le premier à défendre, alors même
qu'on les ignorait ou qu'on les jugeait perdues d'avance.
Quant à ses amis, aucun qui soit
allé
au combat avant lui ou n'ait tiré de son exemple les exigences nécessaires.
Sa philosophie
pouvait être grinçante : il la tempérait dans les propos par sa chaleur nord-africaine et son déses
poir ne poignardait que lui-même, toujours là, en effet, pour sauver les autres.
Camus s'éloigne? Il serait imprudent de l'affirmer.
Ou alors, c'est qu'une certaine qualité
humaine nous quitte avec lui et va nous laisser dans la seule compagnie des cosmonautes.
A
mille kilomètres
de la terre on ne sent plus le parfum des absinthes de Tipasa et des orangers de
Kabylie ni l'odeur de la terre mouillée de nos campagnes.
Mais on est loin aussi des pauvres,
des plages, des femmes
et de la vérité du monde.
109.
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