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«Ce que l'on admire surtout chez un homme vraiment cultivé c'est beaucoup moins son savoir que son aptitude à s'informer de ce qu'il ne sait pas encore. » Que penser de cette affirmation de Fernand Robert ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Introduction

  • Spécialisation de plus en plus poussée.
  • Est-ce aux dépens de la culture générale ?

S'il reste des « hommes cultivés «, comment comprendre ce terme ?

Première partie.

Différence très visible entre un expert et un homme cultivé.

  • Ce dernier n'est pas un homme de sciences, ni un érudit,

pas plus qu'il ne doit se contenter d'être un dilettante ou un amateur.

  • L'idéal de « l'honnête homme « (17e s.) était celui d'une société de privilégiés, et fort dépassé au XXe s.
  • L'homme cultivé est un véritable humaniste.

Deuxième partie

  • La culture générale nécessite des qualités morales et socia-les :

« Tête bien faite «.

Liberté des expériences.

Obtention de la sagesse.

Devise de l'homme cultivé : « Que sais-je ? « et rejet de tout préjugé ; développement d'un jugement sain grâce à la « lecture « (livre, cinéma, audio-visuel...).

  • Mais il faut être un « suffisant lecteur «, qui garde son esprit de toute passivité.
  • Faire profiter les autres ; les « éclairer «.
  • Avoir toujours le sens de l'humain.


    Conclusion

II faudrait ne dispenser les connaissances particulières qu'à ceux qui ont d'abord reçu un enseignement général.

  • Notre fin de siècle pessimiste est-elle capable de comprendre que la spécialisation tend à séparer les hommes, tandis que la culture humaniste les unit, car elle est « ouverture d'esprit « ? (Robert).

« La différence entre l'expert — dont la formation est de plus en plus exigée par le développement du machinisme —et l'homme cultivé, apparaît vite.

Le savoir pur, la connaissance des sciences dont la nécessité s'impose d'autantplus que le nombre des techniciens parallèlement aux besoins de l'industrie s'avère toujours insuffisant, voilà quin'est pas le fait de l'homme cultivé.

Déjà Pascal l'avait pressenti lorsqu'il rencontra des « honnêtes gens », lors desa période mondaine.

La science, — qui d'ailleurs n'existe pas en elle-même, mais représente un ensemble desciences —, révèle une complexité de plus en plus grande, une remise en question permanente qui nécessite uncontinuel approfondissement.

Les spécialistes, même s'ils arrivent à acquérir des connaissances très larges hors deleur domaine — mais il est bien peu de Pasteur ! — sont poussés à les orienter dans un sens déterminé.

Un hommecultivé ne peut atteindre de telles possibilités d'approfondissement, lui qui recherche un enseignement général.

C'estpourquoi il fuira aussi toute érudition.

L'homme cultivé n'est pas le « rat de bibliothèque », et sans doute souffre-t-ilde toutes ces émissions radiophoniques ou télévisées, si chères à notre époque, qui font de plus en plus appel à uneconnaissance de pointes d'épingles, à une « tête [...J pleine», mais non « bien pleine », qui réclame du participant lenom du 1er coureur cycliste, le nombre des cordes de la viole, ou la hauteur de saut de J.-Cl.

Killy au championnat du monde! Déjà au 17e s.

La Bruyère raillait Hermagoras, l'érudit ridicule qui connaissait les moindres nuances du passé mais ignorait ses contemporains.

Cependant l'homme ne doit pas non plus se croire cultivé, s'il acquiertseulement une connaissance superficielle, ou si — en dilettante — « il vole ...

d'objet en objet » (La Fontaine).L'idéal du Clitandre des Femmes Savantes de Molière, qui réclame que l'on ait « des clartés de tout» était celui de l'« honnête homme» en un siècle où l'instruction n'était encore que l'apanage des privilégiés et où le mondain faisait partie de cette caste.

L'homme cultivé moderne n'est pas un mondain ni un amateur ; moinsprofond qu'un savant mais éloigné de l'érudition, il doit avoir des qualités morales et sociales qui font de lui unvéritable humaniste, donc un homme digne de la condition d'homme. * * Car la culture générale, si elle n'est pas amas de connaissances, est une formation intellectuelle et morale solide.C'est du côté de Montaigne et de sa conception de l'homme qu'il faut se tourner pour se rendre compte qu'« unetête bien faite» sera en premier l'apanage de l'homme cultivé.

On l'aura laissé « trotter à son train» (Montaigne),pour « faire siennes» ses expériences qui deviennent alors connaissance, mais aussi sagesse.

L'homme cultivé ferapreuve avant tout d'une « aptitude à s'informer de ce qu'il ne sait pas encore », épousant là aussi une des devisesde Montaigne : « Que sais-je ? ».

Il fera passer en 1 er le développement de sa réflexion et de son jugement, se gardera des préjugés et préventions ; et le complément de sa curiosité d'esprit toujours en éveil sera une aptitude àne jamais juger sur à priori mais toujours après réflexion et confrontation des faits.

Or pour juger sainement, nous dittoujours Montaigne, il faut avoir « frotté et limé sa cervelle à celle d'autrui », par la conversation, les voyages, lesexpériences personnelles, mais en 1 er par la lecture — lecture des livres ou de l'image (cinématographique ou autre) — c'est-à-dire prise de contact avec la pensée humaine, siècles par siècles, grâce à une méthode réfléchie,permettant de revenir en arrière, de comparer les découvertes, de vivre avec les grands esprits.

Précisons bien quele livre est un merveilleux instrument de culture et qu'on ne peut être un homme cultivé sans avoir enrichi son esprit par des lectures variées et nombreuses ; mais précisons aussi que l'homme moderne ne peut ignorer qu'il fait partiede la civilisation de l'audio-visuel et que négliger les possibilités d'enrichissement offertes par le cinéma, lesdisques...

toutes les formes de culture non écrite serait une nouvelle manière de fermer sa cervelle par des préjugés nouveaux.

Ciné-clubs et discothèques (en attendant que se répandent les vidéo-cassettes) sont aussi utiles quebibliothèques et cercles de lecture.

Simplement, c'est grâce aux deux derniers que la pensée humaine s'est perfectionnée pourparvenir au stade où nous la voyons.

Cependant cette « lecture », qu'elle soit celle de la lettre moulée ou de l'imageou du son, ne peut être profitable qu'au « suffisant lecteur » (Montaigne), c'est-à-dire à celui qui n'est jamaispassif, qui prend des notes, confronte les remarques, ne se contente pas d'une distraction ou d'une évasion.

Ainsiprocédait Montaigne dans sa « librairie ».

De plus le « lecteur » (et il peut être aussi bien, dans son sens large, celuiqui « lit » dans la Nature, comme Rousseau, ennemi de tout savoir purement livresque le recommandait, celui doncqui « s'informe [ de toutes manières] de ce qu'il ne sait pas encore »), doit aussi faire preuve d'esprit critique ; ildoit — selon la recommandation de Diderot — savoir « démêler le vrai du faux », s'appuyer sur des qualités moraleset sociales qui l'aideront à un choix judicieux.

« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », rappelleGargantua à son fils Pantagruel (Rabelais).

Une discipline morale est le complément obligatoire de la culture Ainsiseulement est-on humaniste, capable de rejeter les idées préconçues, de rechercher l'équilibre et la modestie, depenser à autrui et non d'acquérir une culture égoïste qui serait alors stérile.

L'intelligence et la culture doivent êtreutilisées pour « éclairer » de moins favorisés.

Il ne faut jamais perdre de vue que la culture n'est pas oeuvreindividuelle mais oeuvre de la société dans laquelle on vit.

Il faut donc toujours conserver le sens de l'humain. Certes, à notre société moderne les techniciens sont indispensables.

Mais plutôt que de former des spécialistes dèsle plus jeune âge, ne peut-on ne dispenser les connaissances particulières qu'à ceux qui auront d'abord reçu lesconnaissances de base, celles qui constituent l'Enseignement général ? Il semble que la nouvelle réforme reviennesur les étiquettes trop hâtives, les catalogages castrateurs, et désire prolonger davantage la période où le lycéenn'a pas encore à choisir une voie étroite.

Peut-être nos ministres sont-ils parvenus à la conclusion que la culturehumaniste s'avère de plus en plus nécessaire pour unir les hommes que la spécialisation tend à séparer ? Mais notrefin de siècle pessimiste est-elle toujours apte à vraiment comprendre à quel point il est difficile de « faire bienl'homme » (Montaigne), et que « la culture, c'est avant tout l'ouverture d'esprit » (F.

Robert) ?. »

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