CÉSAIRE (Aimé}

CÉSAIRE (Aimé}, écrivain et homme politique français (Basse-Pointe, Martinique, 1913}. Sans avoir appartenu au mouvement surréaliste, il mena cepen dant à bien son projet essentiel d'intégration du poétique et du politique. Après ses études secondaires au lycée de

Fort-de-France, il prépare l'École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand en compagnie de L. S. Senghor qui lui fait connaître l'Afrique ; avec L. G. Damas, il fonde l'Étudiant noir (1934), où, pour la première fois, des écrivains noirs partent à la recherche des richesses passées de leurs peuples et rejettent les modèles politiques et culturels occidentaux en revendiquant leur « négritude ». Son poème Cahier d'un retour au pays natal, écrit en 1938-39 à l’École normale supérieure, paraîtra en volume après la guerre (1947), préfacé par André Breton qui reconnaît là « un grand poète noir » et s'enchante de la violence, du lyrisme de ce chant profond de la liberté. Revenu en 1939 à la Martinique comme professeur de lettres, Césaire crée avec René Ménil et Aristide Maugée la revue Tropiques, où paraissent divers poèmes qui formeront les Armes miraculeuses. De même, les recueils poétiques Soleil cou coupé (1948) et Corps perdu (1945), repris et modifiés dans Cadastre (1961), marquent l'engagement d'une poésie caraïbe où le nègre vient réveiller l'Antillais indolent de ses images, de ses rythmes et de sa souffrance en une langue pleine de sève [Ferrements, 1959). La cause des Noirs, l'appel à la solidarité, y devient celle de l'humanité tout entière. Maire de Fort-de-France (depuis 1945) et député de la Martinique, d'abord (1946) apparenté au groupe communiste, Césaire rompt avec le P. C. F. en 1956 en raison de ses positions sur l'indépendance des colonies africaines. Il fonde alors le parti progressiste martiniquais. Son Discours sur le colonialisme (1955) est un pamphlet montrant la nécessité pour le tiers monde de se ressourcer et de dégager la particularité des nations qui le composent. Ainsi, Toussaint Lou-verture (1962), étude historique sur le général de Saint-Dominique, fondateur de la première république noire, exilé en France, sert à élucider le passé glorieux des peuples noirs et à en percevoir les erreurs face aux menées colonialistes. Cette même problématique anime son théâtre (Et les chiens se taisaient, 1956 ; la Tragédie du roi Christophe, 1963; Une saison au Congo, 1967) qui expose dramatiquement l'aporie du chef politique dont l'idéal révolutionnaire se heurte aux manœuvres intéressées des notables et à l’indifférence des masses encore endormies. Une tempête (1969) a trouvé dans la pièce de Shakespeare des résonances actuelles, tandis que Moi, Laminaire (1982) reprend ses thèmes constants sur le mode symphonique.