« C'est pour cela qu'il va au théâtre... »

Documents

A-Paul Claudel, L’Échange, 1894.

B-Émile Zola, La Curée, 1871.

C-Jean Giraudoux, Ondine, acte II, scène 1, 1939.

D - Victor Hugo, Ruy Blas, préface, 1838. ,

E - Honoré Daumier, Le Public de théâtre, 1864.

Annexe 1 - Résumé de Phèdre de Racine.

Annexe 2 - Résumé de La Curée de Zola.

► Vous répondrez d’abord aux deux questions suivantes.

■ Questions (4 points)

1. Répertoriez et classez les différentes raisons qui, selon les auteurs des textes ci-dessous, poussent les hommes à aller au théâtre. (2points)

2. De quels textes le dessin de Daumier (document E) peut-il être l’illustration ? Vous relèverez les phrases qui vous ont permis de répondre. (2 points)

► Vous traiterez ensuite un de ces sujets au choix.

■ Commentaire (16 points)

Vous ferez le commentaire des lignes 9 à 49 de l’extrait de L’Echange de Claudel (« Ils regardent le rideau [...] gémir »).

■ Dissertation (16 points)

« Nous n’allons pas au théâtre en inspecteurs, en contrôleurs. Nous allons au théâtre pour penser, une heure ou deux, à autre chose. Pour nous distraire, nous émouvoir. Pour entendre et voir de belles choses, des choses justes aussi, et bien dites », écrit le critique Michel Cournot à propos d’une récente mise en scène de Dom Juan. Pour Lechy Elbernon (documentA), le public vient au théâtre pour «se regarder lui-même», tandis que Hugo (documentD) distingue trois types de spectateurs attirés au théâtre pour des raisons différentes.

Selon vous, que vient chercher le public au théâtre ? Pourquoi va-t-on au théâtre ?

Vous répondrez en vous appuyant sur votre expérience personnelle de spectateur.

■ Écriture d’invention (16 points)

Vous êtes le directeur d’une école de théâtre et vous devez prononcer un discours d’accueil pour vos nouveaux élèves en début d’année.

Composez ce discours dans lequel vous devrez faire comprendre aux nouveaux venus leur mission d’acteurs.

• Enfin, le public de théâtre ici représenté est composé, comme l’analyse Hugo, des « femmes » (en bas à gauche), de « la foule » (debout à gauche) et des « penseurs » (assis aux premiers rangs). La pièce qui se joue

- sans doute un « drame » - allie « l’action » (une mort) à la « passion » (exprimée par les gestes de l’actrice) et représente « des événements grands, [...] douloureux, [...] terribles ». Enfin, dans le dessin, la « barrière de feu », « la rampe [...] qui sépare le monde réel du monde idéal » (le public de la pièce) est bien visible et sensible.

■ Commentaire

PRÉPARATION

► Trouver les idées directrices

• Faites, pour vous aider, la « définition » du texte (voir sujet n° 1, p. 29) qui peut vous ouvrir des idées directrices de commentaire.

• Analysez avec précision les termes de la « définition » Tirez-en des questions.

Par exemple :

« Scène de théâtre qui décrit le public de théâtre, propose une conception du théâtre et en expose les fonctions, sur un ton poétique. »

• Première piste

« Qui décrit le public de théâtre ? »

- La question est : Quel portrait, quelle description avec ses caractéristiques, ses traits distinctifs Lechy Elbernon fait-elle du public ? Quelle conception/opinion en a-t-elle ? Comment le présente-t-elle ?

- Relevez les expressions par lesquelles elle désigne les spectateurs ; ana-lysez-les.

- Extrayez-en les traits essentiels qu’elle leur attribue.

• Deuxième piste

« propose une conception du théâtre », « en expose les fonctions ». La question est : « Quelles fonctions Lechy Elbernon assigne-t-elle au théâtre ? »

- « Fonctions » : buts, visée, mission. Vous devez compléter la phrase : « Selon Lechy Elbernon, le théâtre sert à... » Vous trouverez divers buts.

- Relevez dans le texte les mots qui vous donnent des indices pour compléter cette phrase.

- Classez ces buts ou fonctions trouvés par ressemblances. Puis choisissez un ordre de présentation de ces buts.

• Troisième piste : un texte poétique

La question est : « D’où vient la poésie du texte ?

Permet ainsi de savoir « comment cela commence ou finit ».

Idée proche de celle développée dans le document C : « faire se dérouler la vie à la vitesse et à la mesure non seulement de la curiosité, mais de la passion humaine », « la trame de leur intrigue n’en sera pas changée, mais elle en sera plus vraie, plus forte et aussi plus fraîche ».

2.6. Le pouvoir de l’acteur : provoquer l’identification

• Don de l’acteur à son public qui se l’approprie ; « je suis toute à tous ».

• Capacité de l’acteur à hypnotiser, pouvoir de suggestion mentale : « ils pensent ce que je dis ».

• Capacité à provoquer l’identification avec les personnages : « j’entre dans leur âme comme dans une maison vide ».

-» Infuser une vision et une pensée.

3. Un texte théâtral poétique

3.1. Une typographie poétique

Une mise en page qui ressemble à celle d’un poème en prose ou de versets (cf. les passages à la ligne).

3.2. Un rythme lyrique poétique

• Scène emportée par un rythme lyrique dû :

- aux répétitions : cf. « œil/oreille » ;

-à des sortes de refrains : anaphore de « Et... » (I. 22-27) ; structure répétitive qui associe une subordonnée relative à un nom (I. 26-31) ;

-au parallélisme de certaines phrases (« Ils m'écoutent... dis ; ils me regardent et... ») ;

- à certaines phrases qui sont de véritables octosyllabes (« L’œil certes voit, l’oreille entend ») ou des alexandrins (de tragédienne) : 1.40, 49 (« Et quand je crie [...] gémir »).

3.3. Un Jeu sur les sonorités

Des jeux sur les sonorités qui se répondent comme des rimes intérieures : 1.42-43 (sons « on » et « ou »), 1.45 (son « m »). '

3.4. Le pouvoir de suggestion des images

• Comparaisons :

- qui créent une atmosphère de rêve et d’irréel : « comme les rêves que l’on fait quand on dort », « comme s’ils dormaient » ;

- empruntées à la nature : animale (« comme des mouches ») ; végétale (« [la vérité] n’a [-t-elle] pas dix-sept enveloppes, comme les oignons ? »).

• Métaphores :

- définition poétique de la vérité : du domaine de la nature (« chair vivante ») et en même temps empruntée au domaine du théâtre (« habillée ») : « la salle n’est rien que de la chair vivante et habillée ».