Charles BAUDELAIRE : L'invitation au voyage
Publié le 16/09/2006
                             
                        
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Deux sources d'inspiration sont à l'origine de ce poème :
Le mythe d'une Hollande où règnent le calme, le bien-être, l'ordre, et une richesse venue d'ailleurs.
                                                            
                                                                                
                                                                    Baudelairen'y était pas allé, note Antoine Adam (édition Garnier des 	Fleurs du Mal), 	mais il existait une tradition littéraire	sur la Hollande, « terre béatifiante » dit ailleurs Baudelaire.
                                                            
                                                                                
                                                                    En outre celui-ci, comme critique d'art, connaissaitsuffisamment la peinture flamande pour ne pas se faire, à travers elle, une idée très esthétique de ce pays.	
La figure de Marie Daubrun, d'autre part, femme aimée de Baudelaire au même titre que Jeanne Duval et ApollonieSabatier, mais d'une façon beaucoup plus  ambiguë.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le poète lui consacre un cycle de  poésies où il célèbre sesmys	térieux yeux verts, en les comparant à plusieurs reprises à un 	«ciel brouillé».
                                                            
                                                                                
                                                                    	Un poème porte d'ailleurs ce titre,	où l'on peut lire :	
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert?)Alternativement tendre, rêveur, cruel,Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel [...]Comme tu resplendis, paysage mouilléQu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé! » 	
Mais ces deux sources de « L'Invitation au Voyage », celle qui suscite le désir d'un voyage idyllique et celle quiillustre le rêve du pays idéal, ne doivent être tenues que pour ce qu'elles sont : des explications de la 	genèse 	du	poème, mais non du poème lui-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce qui nous importe ici, c'est moins la réalité dont part l'écrivain que la façondont il l'idéalise.
                                                            
                                                                                
                                                                    On  oubliera donc passablement  la Hollande réelle  ou la personne  historique qu'a  pu être  MarieDaubrun.
                                                            
                                                                                
                                                                    En revanche, on tentera d'approfondir les racines profondes de l'imaginaire de Baudelaire et l'art par lequelil invite la bien-aimée (et nous-mêmes) à voyager avec lui.
On ne manquera pas non plus de se référer assez souvent au poème en prose intitulé, lui aussi, « L'Invitation auVoyage », que Baudelaire écrivit deux ans plus tard, tant le thème lui était cher.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il y déclare.
                                                            
                                                                                
                                                                    « 	Un musicien a écrit	l'Invitation 	à la valse ; 	quel est celui qui composera 	/Invitation au voyage, 	qu'on puisse offrir à la femme aimée, à	la soeur d'élection ?» 	Cette perspective nous indique clairement que nous avons à commenter ici, non une invitation	réelle, mais un chant idéal, composé par un maître peintre et musicien.
COMPOSITION
« L'Invitation au Voyage » se compose de trois évocations successives, trois petits volets d'un grand tableau qu'ona souvent comparé à un triptyque hollandais.
                                                            
                                                                        
                                                                    Le premier décrit les « 	ciels brouillés» 	du pays mystérieux, semblables	aux yeux de la bien-aimée ; le second imagine la chambre rêvée où les amants abriteraient leur intimité ; le troisièmeest une vue sur le port, puis sur la ville entière au crépuscule.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Mais  cette  claire succession  ne nous  donne  qu'une  vague idée du mouvement  du poème,  de sa dynamiqueparadoxale 	— puisqu'en fin de compte, comme dans « Harmonie du soir», tout le mouvement du texte ne fait que	tendre à  l'immobilisation finale.
                                                            
                                                                                
                                                                     Si l'on examine de  façon plus détaillée  la composition de cette « invitation »  auvoyage, on distinguera plusieurs linéaments qui se développent conjointement :
 	
C'est d'abord un 	voyage dans l'espace 	dont on vient de dire les trois étapes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais il faut préciser.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans la	première strophe, la description est mouvante : l'idée de départ 	(«aller là-bas») 	engendre le tableau des 	«ciels	brouillés», 	qui lui-même se fond dans l'image des yeux « 	brillant à travers leurs larmes»; 	ainsi s'opère une	première boucle visuelle, qui ramène la dynamique de la rêverie à une sorte d'arrêt-sur-image.	
Dans la seconde  strophe, alors que la description  semble s'enfermer  dans les détails  d'un intérieur  hollandais,l'irruption des  « 	miroirs profonds» 	et de la 	«splendeur orientale» 	suggère un  arrière-plan, un espace  s'offrant à	notre imagination, avant que le thème de la « 	douce langue natale» 	ne fixe, ne 	fige 	la scène dans un étrange passé.	La dernière strophe, quant à elle, accomplit l'ultime passage de l'agitation au repos : à l'évocation des vaisseaux, quivagabondent, succède la contemplation d'un monde qui s'endort au soleil couchant.
Quant au refrain, à la suite de chaque couplet, il a pour effet de clore l'invitation par un tableau ordonné, qui sembleimmuable dans l'espace et dans le temps.
Concurremment à ce mouvement spatial en effet, on observe un 	déplacement temporel 	dont on peut se demander	s'il opère une progression dans le temps ou une plongée
dans l'intemporalité.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'impératif présent qui meut tout le poème 	(«Songe 	») nous oriente vers un futur proche ; mais	l'indicatif qui suit nous donne aussitôt le sentiment que 	déjà 	le poète contemple dans les yeux de l'aimée le 	«pays	qui (lui) ressemble»..
                                                                                                                    »
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