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Charles Ferdinand Ramuz, extrait de Derborence

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

(Charles Ferdinand Ramuz est un romancier contemporain suisse de langue française. L'action de Derborence se situe dans le Valais, pays alpin voué à l'élevage. Dans l'extrait proposé, une jeune femme regarde la montagne au-dessus de son village ; elle pense à son mari, qu'elle a épousé quelques mois auparavant, et qui est berger dans la montagne.)

En face d'elle, et juste au niveau de ses yeux, il y ales montagnes. Il n'y en a pas seulement une, ni deux, ni dix, mais des centaines ; elles sont rangées en demi-cercle comme une guirlande de fleurs suspendue dans le bas du ciel. C'est plus haut que les forêts, plus haut que les pâturages, plus haut que les rochers ; là flottent toutes ces neiges, toutes ces glaces coloriées, qui sont étrangement détachées de ce qui les porte, qui sont devenues étrangères à leurs soubassements que l'ombre a déjà noircis. Et plus l'ombre augmente au-dessous d'elle, plus elles deviennent légères, plus aussi leur clarté s'accroît, qui est faite de tous les roses, de tous les rouges, de tous les tons de l'or ou de l'argent. Alors ça lui a fait doux autour du coeur. En avril, quand on s'est marié, les pêchers étaient en fleurs. Ils recommencent à fleurir, c'est une promesse. Elle a parcouru de l'oeil toute la chaîne, encore une fois : c'est comme quand le pêcher fleurit, en effet, comme quand l'églantine s'ouvre, comme quand le cognassier plus incertain, plus timide, plus tardif, montre le dernier ses bouquets ; car les montagnes à ce moment ont commencé à pâlir, à passer ; elles se fanent, elles deviennent grises ; mais qu'est-ce que ça fait ? pense-t-elle, parce que demain elles refleuriront.

Deux solutions se présentent

  • On connaît l'auteur et, dans ce cas, on essaie de montrer en quoi le texte est représentatif d'une oeuvre. Il ne faut pas chercher, cependant, à dire tout ce que l'on sait d'un écrivain : une sélection s'opère en fonction de l'extrait à étudier.

Ramuz est un romancier et essayiste d'origine helvétique. Ses écrits dépeignent souvent la vie paysanne et la rencontre avec la nature. Derborence date de 1936 et s'inscrit dans cette série.

« Comparaison et métaphore La comparaison, à la différence de la métaphore, contient un outil de comparaison.

Dans le texte, on trouve à plusieurs reprises «comme».

La comparaison commence dès le premier paragraphe par «comme une guirlande de fleurs» et se développe dans le dernier avec la répétition de «c'est comme quand», expression lourde qui insiste sur les éléments communs entre les sommets et les fleurs. De la comparaison, on passe en fin de texte à la métaphore : «elles se fanent», «demain elles refleuriront». L'assimilation entre les fleurs et les montagnes est complète et permet de saisir facilement la partie symboliquedu texte et le rôle de la description dans la démarche romanesque. Réseaux lexicaux On trouve bien évidemment le réseau lexical de la montagne avec les rochers et les neiges.

D'égaleimportance, celui des fleurs dont nous avons parlé dans la comparaison. Toutefois, on notera que le deuxième paragraphe, avec la polysémie «les roses», «couleurs et fleurs», joue un rôle intermédiaire. Les couleurs font aussi penser aux fleurs, les roses, les rouges, ton chaud de l'or et froid de l'argent qui rappelle lesneiges. Contrastant avec ces teintes variées, «l'ombre a déjà noirci» les sommets. L'auteur insiste aussi sur la légèreté : «suspendre», «flotteur», «détachées» qui s'opposent à la pesanteur des montagnes ou au terme «soubassements». PLAN DÉTAILLÉ Premier thème : la description du paysage : la grandeur La présence de la montagne On remarque la simplicité de la présentation : «il y a», «il n'y en a pas seulement une», «c'est plus haut», «ça lui a fait doux». Ces formules verbales ont l'avantage d'introduire la nature comme une évidence, quelque chose d'indiscutable etd'imposant. Une description contrastée Nous avons vu que la couleur intervient à plusieurs reprises.

Non seulement les sommets sont teintés de roses ou derouges, mais on imagine une palette extrêmement variée avec la répétition de «tons» et l'insistance de «tous les tons».

Il s'agit de couleurs chaudes et nobles en harmonie avec la grandeur du paysage mais en contraste avec le blanc des neiges ou le noir de l'ombre.

De même, l'auteur joue sur les contrastes entre la légèreté des sommets (voirle réseau lexical) et la pesanteur des soubassements Enfin la comparaison puis la métaphore confondent montagnes et fleurs.

La couleur, tout d'abord, est sans doutel'élément commun.

De même le passage de «elles se forment» à «elles refleuriront» reproduit-il le mythe des saisons pour les végétaux comme pour la montagne. Mais on est frappé, là aussi, par le contraste entre la délicatesse de l'églantine, du pêcher et la puissance dessommets alpins. Il est probable que cette opposition entre la chaleur et le froid, la légèreté et la pesanteur, la délicatesse et la forcedonne du caractère au paysage et aussi un certain mystère : Ramuz écrit que les glaces se sont étrangementdétachées et l'accumulation des comparatifs «c'est comme quand» montre que l'auteur tente de dépeindre le paysage montagnard par une unité d'approximation. Second thème : une vision qui nous renseigne sur les sentiments de la jeune femme Une apparente confrontation On peut tout d'abord s'interroger sur la relation de l'homme à la nature. La première impression est celle d'une confrontation : «en face d'elle», «juste au niveau des yeux».

La disproportion s'accroît encore au second paragraphe comme le prouvent les comparatifs «c'est plus haut que». Compte tenu des circonstances fournies dans le libellé, on pourrait penser que le personnage est animé d'unsentiment de jalousie. Le début du troisième paragraphe dément cette impression : «ça lui a fait doux autour du cœur».. »

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