Charles Péguy, poète mort au front
Publié le 28/03/2019
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Charles Péguy, poète mort au front
Sous le patronage de Jeanne d'Arc, ce chrétien fervent a milité pour sa patrie et s'est fait le chantre d'un nationalisme mystique dans une poésie aux accents de prière.
Les écrivains morts à la Grande Guerre
Le 5 septembre 1914, le lieutenant Charles Péguy du 276e régiment d'infanterie est tué à Villeroy, à 22 km de Paris. On ne connaissait pas bien cet officier avant qu'un article de Maurice Barrès dans Le Figaro ne rappelle quel fut l'engagement de cet ardent patriote qui dirigeait à Paris une petite librairie, sise rue de la Sorbonne, où il publiait ses Cahiers de la Quinzaine.
Péguy est né à Orléans, en 1873, dans cette campagne de plaines qu'il aimait tant et qui était pour lui le creuset d'une nation et d'un peuple dont Jeanne d'Arc est la figure protectrice. Orphelin de père, élevé par une mère modeste, il est un bon élève que ses professeurs encouragent. Au lycée de Sceaux il prépare I'Ëcole normale supérieure où il est reçu en 1894 avant d'en démissionner peu après.
La foi de son enfance a cédé la place à l'engagement politique dans les rangs du parti socialiste. Mais Péguy peine à se situer dans les luttes de son temps. Militant nationaliste il défend pourtant avec ferveur Dreyfus, catholique il n'a pas de mots assez durs contre l'Église, républicain farouche il rompt avec Jaurès. C'est qu'il lui faut une tribune personnelle pour exprimer une pensée fiévreuse, cette tribune il la crée de toutes pièces en fondant, en janvier 1900, Les Cahiers de la Quinzaine qui paraîtront jusqu'en 1914, accueillant dans leurs pages des écrivains prestigieux comme Anatole France, Romain Rolland ou les frères Tharaud. Péguy y livre avec fougue dans ses articles un combat à la fois spirituel et social qui éreinte l'intellectualisme stérile comme le socialisme fourvoyé.
Depuis 1908 il a retrouvé la foi, elle lui inspire une poésie faite d'incantations, de litanies ininterrompues où le mysticisme se mêle à
l'humanisme. L'œuvre de Péguy se construit en trilogies, une manière de trinité poétique qu'inaugure en 1910 Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (suivi par Le Porche de la deuxième vertu, 1911, et Le Mystère des Saints Innocents, 1912). La Pucelle y est la figure majeure qui réconcilie le spirituel et l'Histoire. Les Tapisseries (La Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc, 1912 ; La
«
Charles
Péguy
par Jean-Pierre
Laurens
(1875-1 932) Cha
rles Péguy ,
poète mort au front
Sous le patr onage de Jeanne d'Arc, ce chrétien
fervent a mil ité pour sa patrie et s'est fait le chant re
d'un national isme mystique dans une poésie aux
accents de prière.
L e 5 septe mbre 1914, le
lieu
tenant Charles Péguy du
276e régimen t d'i nfa nterie
est tué à Vi ller oy, à 22 km de Paris.
On ne connaissait pas bien cet
of ficier avant qu'un article de
Ma urice Barrès dans Le Figaro ne
rappelle quel fut l'engagement de
cet ardent patriote qui dirigeait à
Paris une petite librairie, sise rue de
la Sorbonne, où il publ iait ses
Ca hier s de la Quinza ine.
Péguy est né à Orléans , en 1873,
dans cette campagne de plaines
qu'il aimai t tant et qui était pour
lui le creuset d'une nation et d'un
peuple dont Jeanne d'Arc est la
fig ure protectrice.
Orphelin de
père, élevé par une mère modes te,
il est un bon élève que ses
professe urs encouragent.
Au lycée
de Sceaux il prépare I'Ëcole
normale supérieur e où il est reçu
en 1894 avant d'en démissionner
peu après.
La foi de son enfance a cédé la
plac e à l'e ngag emen t politique
dans les rangs du parti socia liste.
Mai s Péguy peine à se situer dans
les luttes de son temps.
Militant
nat ionalis te il défend pourtant
avec ferveur Dreyfus, catholique il
n'a pas de mots assez durs contre
l'Égl ise, républ icain farouche il
romp t avec Jaurès.
C'est qu'il lui
faut une tribune personnelle pour
exprimer une pensée fiévreuse,
cette tribune il la crée de toutes
pièces en fonda nt, en janvier 1900,
Les Cahier s de la Quinzaine qui
pa raîtront jusqu'en 1914, ac cueil
lant dans leurs pages des écrivains
pres tigieux comme Anatole France,
Roma in Rolland ou les frères
Tharaud.
Péguy y livre avec fougue
dans ses articles un combat à la fois
spi rituel et soci al qui éreinte
l'i ntellectualisme stérile comme le
socia lisme fourvoyé.
Depuis 1908 il a retrouvé la foi,
elle lui inspir e une poésie faite
d'i ncantations, de litanie s ini nter
rompues où le mys ticisme se mêle à l'human
isme.
L'œuvre de Péguy se
construit en trilogie s, une manière
de trinité poétique qu'inaugur e en
1910 Le Mys tère de la charité de
Jeanne d'Arc (suivi par Le Porche
de la deuxiè me vertu, 1911, et Le
Mystère des Saints Innocent s,
1912 ).
La Puce lle y est la fig ure
majeur e qui réconci lie le spir ituel
et l'Histo ire.
Les Tapisseries (La
Ta pisserie de Sainte Geneviève et
de Jeanne d'Arc, 1912 ; La
Charles Péguy (au centre) pendant des
manœuvres en 1913 avec le 76• RI
Ta pisserie de Notre-Dame, 1913 ;
Ève, 1g14) poursui .vent cette œuvre
constru ite sur les plans des
cathéd r ales , rém iniscenc e des
pèlerinages que Péguy a entrepris à
Char tres.
Le poète y pr end les
accents du > selon
le mot de Claudel, et le pèlerinage
devient une croisade de milli ers
d'ale xandrin s qui prêche le retour
aux valeurs chrétien nes, l'abandon
à Dieu et la condam nation du
monde moderne.
Les accents patriotiques n'y sont
pas absents et renouent avec la
tr adi tion d'un cathol icisme
national iste, alors que la gu err e
approche..
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