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COMMENT LIRE « LES CONFESSIONS »?

Publié le 23/06/2015

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Les lecteurs des Confessions doivent trouver par eux-mêmes ce que le narrateur ne dit pas toujours. Il arrive en effet que celui-ci n'aille pas au bout de ses analyses. Quand il décrit la première confrontation de Jean-Jacques avec l'injustice, il nous confie le soin de mesurer son désarroi : « qu'on s'imagine tout cela, s'il est possible, car pour moi, je ne me sens pas capable de démê­ler 1_1 ce qui se passait alors en moi « (ibid., p. 50). La fin du Livre IV est plus directe encore. Elle définit de manière stricte le rôle du lecteur : « C'est à lui d'assembler ces éléments et de déterminer l'être qu'ils composent : le résultat doit être son ouvrage « (p. 230). Par la suite, Rousseau met souvent en paral­lèle l'activité du lecteur et le silence du narrateur. Le premier doit poursuivre son enquête, le second doit s'abstenir de trop parler :

Lecteur, pesez toutes ces circonstances, je n'ajouterai rien de plus (L. IX, p. 536).

Lecteur sensé, pesez, décidez; pour moi, je me tais (L. XI, p. 667).

 

Le lecteur des Confessions se voit ainsi confier une double tâche. Il doit « sentir « comme un lecteur de roman, et « démê­ler, peser, décider« comme le lecteur sérieux des « bons livres «, les livres moraux. Cette lourde charge justifiait bien que l'auteur lui donne une leçon de lecture.

« L'apprentissage de la vie La lecture précède ainsi l'expérience.

« Je n'avais aucune idée des choses, que tous les sentiments m'étaient déjà connus», écrit Rousseau (L.

1, p.

37).

Les leçons tirées des livres se sub­ stituent aux enseignements de la vie.

Et Jean-Jacques conser­ vera à jamais l'empreinte de ses lectures, même lorsque la réa­ lité viendra les démentir: «elles[ ...

] me donnèrent de la vie humaine des notions bizarres et romanesques, dont l'expérience et la réflexion n'ont jamais bien pu me guérir» (ibid.).

Ces aveux éclairent la position prise par Rousseau dans Émile vis-à-vis des livres : il ne leur accorde qu'une place réduite dans l'éducation idéale qu'il imagine.

C'est sans doute qu'ils risquent d'influencer l'enfant et de compromettre sa liberté de jugement.

À cet égard, le bilan des Confessions est cependant plus nuancé.

Le narrateur se montre réservé à l'égard d'une éducation qui serait purement livresque.

Il juge en effet« les entretiens inté­ ressants et sensés d'une femme de mérite[ ...

] plus propres à former un jeune homme que toute la pédantesque philosophie des livres » (L.

IV, p.

225).

Mais Rousseau souligne aussi que la lecture aide Jean-Jacques à lutter contre la tyrannie de son maître Ducommun (L.

1, p.

73).

Elle lui offre, pendant de longues heures, le moyen de s'évader et garantit ainsi sa liberté.

--· LES PRÉFÉRENCES LITTÉRAIRES DE ROUSSEAU Rousseau cite rarement un livre sans émettre à son sujet un jugement de valeur.

En se référant aux « bons livres » (L.

1, p.

37; L.

Ill, p.

140; L.

IV, p.

191), à la« belle» (L.

IV, p.

191) ou à la « bonne littérature » (L.

Ill, p.

156), il nous signale ses préférences.

Deux types de livres ont sa faveur.

Les romans Les premiers ouvrages que découvre Jean-Jacques sont des romans d'amour du xv11 6 siècle, tombés aujourd'hui dans 66. »

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