Commentaire composé: la mort de Raoul
Publié le 16/11/2022
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«
Commentaire composé
Marcel Proust a dit « On ne guérit d’une souffrance qu’à condition de
l’éprouver pleinement ».
Si l’expression de la souffrance a ainsi pour but le
consoler, ne peut-elle pas être un indicateur sur le mode de vie du défunt :
richesse et popularité.
L’histoire se passe au Moyen-Age, à Cambrai, une
commune de France.
Elle est le récit de l’enterrement d’un jeune chevalier
mort au combat.
Comment l’enterrement ou la mort de Raoul rappelle l’importance de ce
personnage dans Raoul de Cambrai, Chanson de geste ?
Dans un premier temps, nous verrons comment est affecté l’entourage du
défunt.
Puis, dans un second temps nous relèverons les caractéristiques
qui font de Gautier un chevalier.
Pour commencer, les proches de Raoul ressentent des sentiments très
forts lors de son enterrement.
En effet, son entourage est en souffrance et extériorise ce sentiment de
différentes manières.
C’est pourquoi, Gautier est accablé de tristesse et
répète combien la mort de Raoul lui est douloureuse « si n’ot pas le cuer
lié » vers 3431, et « duel » vers 3434.
Sa peine est si forte et visible aux
yeux de tous, que les chevaliers présents en pleurent de compassion
« maint gentill home en pleure[n]t de pitié » vers 3433.
Il y a aussi, la
mère de la victime, Dame Aalai qui est très malheureuse « Dame A[alais]
fut d’ire trespensee » vers 3451.
L’amie de Raoul a conscience de son
chagrin et le mentionne vers 3518 « duel, je le parvois si grant ».
Le
narrateur utilise une hyperbole vers 3473« il n’est nus hom qi por verté vo
die tant alast loing, en Puille n’en Hongrie, q[e] por un conte de tele
signorie tel duel veïst en trestoute sa vie » pour accentuer le chagrin que
ressentent ses compagnons, personne dans un très grand périmètre
n’aurait vu un tel accablement.
De plus, il répète le mot douleur vers 3472
« diex » et vers 3476 « duel » pour bien insister sur le fait que ce n’est
pas une douleur passagère mais un réel désespoir qui les submergent.
Ensuite, Héloïse en entrant dans l’église se met à crier « a haute voix
escrie » vers 3486 et caractérisé par un point d’exclamation vers 3513,
3529,3487,3488, 3496,3498 et 3466.
Cela prouve qu’elle est touchée
personnellement par sa mort.
Le cri traduit une perte de contrôle.
Par
conséquent, elle se laisse submerger par ses émotions et n’arrive donc pas
à garder son calme.
En effet, dans une église plus qu’ailleurs, nous
sommes censés faire le moins de bruit possible afin de respecter le culte
du seigneur.
En outre, Héloïse, l’amie de Raoul est tellement touchée
qu’elle en est épouvantée vers 3486 « esmarie » cela définit toute
l’horreur et toute l’appréhension qu’elle ressent face au décès de son bien
aimé Raoul.
Pour elle c’est un déchirement vers 3487 « con dure
departie ».
Ainsi, elle ressent une grande souffrance morale.
Elle a
l’impression de se rompre à l’intérieure d’elle-même, sans pour autant en
mourir.
Elle s’en fait la réflexion vers 3509 à 3510 « por quoi ne part mes
quers soz ma mamele qant celui per cui devoie estre ancele ».
De ce fait,
elle est tellement peinée qu’elle se demande pourquoi ce resentiment
ne l’a pas tuée.
Selon elle, il faut pleurer la mort et regretter la perte de
Raoul vers 3487 « La vostre mors doit estre trop haïe ».
Ensuite, elle
s’adresse à la dépouille de Raoul vers 3487 à 3500 « Sire R[aous], […] ma
vie.
», ainsi que vers 3533 à 3535 « Biax […] departant ! ».
Elle lui parle
comme si celui-ci pourrrait encore l’entendre ou lui répondre.
Elle lui fait
ses adieux.
C’est la première étape du deuil.
Elle prend enfin conscience
de sa perte et essaie de l’accepter.
Dans son désespoir qu’elle traduit par
une phrase exclamative, de nouveau elle hausse le ton et se laisse
dominer par ses émotions du vers 3497 au vers 3498 « Mors felonese,
trop par frustes hardie qi a tel prince osas faire envaïe ! ».
C’est une
allégorie dans laquelle, elle accuse la mort de lui avoir enlevé son précieux
ami et semble ignorer la véritable raison pour laquelle Raoul s’est fait tuer.
Elle est radicale et définitive dans sa décision (renoncer à l’amour) tout
comme l’est la mort, par son côté irreversible.
De plus, l’affliction que
ressens la jeune fille ne s’exprime pas uniquement par la souffrance
morale mais également sur un plan physique.
En effet, elle perd
connaissance à plusieurs reprise vers 3452
« sa fille chiet de maintenant
pasmee ».
Dans cet exemple, elle est désignée comme la fille de Dame
Aalai car elle devait épouser son fils dans moins d’un mois.
Elle s’évanouit
de même vers 3501 « lors chiet pasmee » et de nouveau vers 3514 « lors
chiet pasmee ».
Ce qui nous prouve à quel point elle est choquée voir
traumatisée de la mort de son fiancé.
Pour finir, l’auteur insiste de
nouveau sur sa peine avec le champ lexical de la tristesse « tant par est
esbahie » vers 3501, « plorant » vers 3533 et « duel » vers 3535.
Puis,
nous constatons que le tourment de certains personnages se traduit en
colère.
Ainsi, Gautier, ne cesse de menacer le meurtrier de Raoul, vers
3436-3437 « ne l’amerai si l’arai essilié, ars ou destruit ou del regne
chacié ! » et vers 3445 à 3447 « si t’averai le cuer del pis sachié, en cent
parties fendu et peçoié ! Tuit ti ami en seront detrenchié ! ».
Il souhaite le
tuer mais pas que, auparavant, il veut assassiner l’ensemble des amis du
coupable pour que celui-ci, tout comme lui, ressente la peine que
provoque la perte d’un être cher.
Gautier songe également à le mutiler vif,
puisqu’il souhaite lui arracher le cœur, mais il veut aussi profaner sa
dépouille car il veut couper cet organe symbolique en morceaux.
De plus,
il est très énervé et crie ses menaces dans l’église.
Cela est marqué par la
présence de point d’exclamation vers 3437, 3438, 3446, 3447.
De ce fait,
Gautier est très échauffé vers 3438 « con tu m’a fait irié ».
Il insulte
l’assassin Bernier vers 3438 « cuivers bastars » et vers 3459 « bastars »,
et le menace de nouveau vers 3464 et 3465 « ne seroit pas en pais la
contree : la vostre mors seroit chier comparee » en exprimant cette
menace une nouvelle fois, il tient à être entendu et espère peut être que
ses paroles seront répétées à la personne concernée.
Cela témoigne de
l’intensité de sa colère.
Il veut générer de la peur chez le coupable et que
celui-ci soit en état d’alerte, on peut dire que c’est de la violence
psychologique.
Ensuite nous observons tout le long du réçit, des codes et valeurs
chevaleresques qui rappellent la fonction de chevalier de Raoul.
Tout d’abord, nous relevons toutes les références religieuses du texte.
Raoul est recouvert d’un linceul et repose dans cercueil, selon les rituels
catholiques.
Le narrateur insiste bien sur le respect de cette tradition et le
répète à deux reprises « biere » vers 3432, ainsi que vers 3455 et
« paile » vers 3432 et « velee » vers 3454.
Ensuite, Gautier s’adresse au
saint pour jurer de venger sa mort vers 3441 « par les sains qe Jhesu ont
proié » il cherche leurs approbations en affirmant que si il arrive à venger
Raoul, ce sera par la volonté....
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