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Commentaire Composé : Samuel Beckett, En attendant Godot, 1953, Acte II

Publié le 08/03/2011

Extrait du document

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En effet, Estragon est un personnage perdu, il ne se souvient même pas du couple nomade, Pozzo et Lucky : «Vladimir. - On pourrait jouer à Pozzo et Lucky ? «, «Estragon. : Connais pas «, il est devenu encore plus crédule, stupide, niais abasourdi, rongé par l'expectative de Godot, comme le connote également le fait qu'il reprenne naïvement une question de Vladimir : « Vladimir. : Tu ne veux pas jouer ? «, « Estragon. : Jouer à quoi ? «, mais aussi qu'il lui pose des questions inintelligentes, sans intérêt et complètement stupides : «Qu'est-ce que je dois faire ? « ; « Vladimir. : Dis-moi de penser. «, «Comment ? «. De plus, Estragon exécute sans réelles convictions, exhaustivement inintéressé et imbécilement ce qu'exige son compagnon : « Vladimir. : Engueule-moi ! «, «Estragon. : Salaud ! «, «Vladimir.- Plus fort «,«Estragon. : Fumier, Crapule « ; «Vladimir. - Dis, Pense, cochon ! «,«Estragon. :Pense, cochon ! «. Son désintérêt, son épuisement face a l'attente interminable : «Assez ! «, est également marqué par son désir de s'enfuir après avoir tant attendu Godot, ainsi il répète deux fois : « Je m'en vais «.

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« ne sais pas ».

Un Estragon donc, incapable de répondre aux questions posées par un Vladimir anxieux : « Où as-tuété ? Je t'ai cru parti pour toujours » qui rentre crédulement dans la fantaisie de son camarade et, n'en pouvantdéjà plus du retour de l'ennui et l'attente, pense triomphalement que Godot arrive enfin ! Il passe d'un étatdysphorique à un état euphorique : « C'est Godot ! enfin ! » ;« Il embrasse Estragon avec effusion » ; «Gogo ! c'estGodot ! Nous sommes sauvés ! Allons à sa rencontre ! Viens ! », la sois-disante arrivée de Godot semble donc libérerVladimir « Nous sommes sauvés ! » qui avait perdu tous espoir… et qui entraine Estragon dans son plaisir,dans sa délivrance comme le montre l'emploi de la seconde personne du plurielle dans les phrases ci-dessus et : « Iltire Estragon vers la coulisse ».Mais soudainement, Estragon excité, stimulé résiste, gesticule, se dégage et s'enfuis précipitamment de l'autre côté: « […] Estragon résiste, se dégage, sort en courant de l'autre côté », une deuxième fuite inattendu quisurprend et étonne aussi bien le spectateur que Vladimir qui s'agite à son tour et gesticule lui aussi dans tous lessens alors que cette seconde échappé d'Estragon est aussi brève que la première : «Vladimir.

: Gogo ! Reviens ! » ;« Silence.

Vladimir court à la coulisse à la coulisse où Estragon rentre précipitamment, court vers Vladimir qui seretourne » ; «Te revoilà à nouveau ! ».

Et comme durant la première évasion, Estragon se croit à nouveau maudit :« je suis damné ! », Vladimir lui demande encore une fois où il est partit : « Tu as été loin ?» et son camarade luirépond toujours aussi stupidement « jusqu'au bord de la pente » comme la première fois » et il se plaint à nouveauque des individus (ou un individu) arrivent par l'autre coté : « On vient pas là aussi ».

Vladimir, lui aussi, se laissedonc aller à la fantaisie et se croit attaquer par des assaillants comme le souligne cette métaphore : « En effet,nous sommes sur un plateau.

Aucun doute, nous sommes servi sur un plateau » ou encore « Nous sommes cernés »,Les deux personnages, totalement naïfs et stupides touts les deux, sont alors complètement affolés, paniqués etperdent leurs moyens face à cette pseudo menace.En effet, Estragon terrifié gesticule à nouveau dans tous les sens et tente de trouver une issue et s'enfuit unepremière fois par toile du fond mais il y bute et tombe par terre « Affolé, Estragon se précipite vers la toile du fond,s'y empêtre, tombe ».

Alors, Vladimir se moquant de lui : « Imbécile ! Il n'y a pas d'issue par là.

», essaye de trouverune solution après l'avoir aidée et décide de jouer avec les spectateurs, le public comme le montre, la didascaliesuivant : «Vladimir va le relever, l'amène vers la rampe.

Geste vers l'auditoire.

» qu'il prend comme potentiel issue :« Là il n'y a personne.

Sauve-toi par là.

Allez.

» avant de ridiculiser l'audience qui doit avoir de l'humour : « Il lepousse vers la fosse.

Estragon recule épouvanté » ; « Tu ne veux pas ? Ma foi, ca se comprend ».

Cependant,Vladimir, cette fois-ci, ne désespère pas comme le connote cette citation « Voyons.

» suivie de cette didascalie « Ilréfléchit » et trouve une troisième issue ou plutôt une cachette car « Vladimir.

: Il ne te reste plus qu'à disparaître.», c'est l'arbre : « Derrière l'arbre.

» qui est la dernière solution proposée avant le « dénouement » de la situation.En effet, l'action ou plutôt la fantaisie d'Estragon s'achève d'une manière aussi brusque, qu'elle est apparue.

Cedernier, sous la pression de Vladimir : « Vite ! derrière l'arbre » ; « Ne bouge plus » se ridiculise une dernière fois : «Estragon court de mettre derrière l'arbre qui ne le cacha que très imparfaitement » puis est contraint de se trahir etsort se sa ‘cachette' « Estragon sort de derrière l'arbre » avant de définitivement dénoncer sa folie etavouer qu'il a tout inventé « Vladimir.

: Tu n'es pas fou ? », « Estragon (plus calme).

: J'ai perdu la tête.

(il baissehonteusement la tête) Pardon ! » Une fantaisie donc, complètement imagée par le pauvre et naïf Estragon quitenter de tuer l'attente fastidieuse et l'ennui inéluctable.Cependant, cet extrait est fondé sur une forte connotation symbolique qui mêle le comique et le tragique ensembleet qui reflète un extrait s'inscrivant totalement dans le théâtre de l'absurde.En effet, le comique est extrêmement développé dans l'extrait et provoque rire d'une manière prodigieuse.

Parexemple, Vladimir en se rabaissant à l'état de sadomasochiste provoque un comique de situation.

Quand à lastupidité, la naïveté du pauvre Estragon, elle suscite un comique de mot :en effet, il répète imbécilement lesquestions de son camarade et il en pose d'autres qui n'ont aucun sens ni intérêt, de plus il obéit inintelligemment aVladimir et le répète mot pour mot.

Le comique de geste est lui aussi très abordé dans l'extrait, il est impossible dene pas rire quand estragon s'empêtre sur la toile du fond, ou quand les deux vagabonds se mettent à gesticulerpartout, courir l'un après l'autre pour finalement se retrouver, un comique de geste accentué notamment parEstragon qui s'éclipse deux fois pour soi-disant fuir alors qu'il revient quelques secondes après.

Puis, on peutapprécier si l'on a de l'humour le comique que j'appellerais le comique d'implication lorsque Vladimir joue et se moquedu public, de l'audience, du spectateur.Mais, c'est extrait peut également entrainer un sentiment tragique chez le spectateur qui constate que bien que lesdeux pauvres clochards tentent une mise en abyme( Estragon n'arrive pas intelligemment à y entrer, et às'imprégner de ce jeu de rôle) ou partent dans une fantaisie dans laquelle Godot arriverait ou dans laquelle de fauxassaillant les attaqueraient(où Vladimir, quand à lui, complètement dupe, rentre crédulement dans ce jeu imbéciled'Estragon) , afin tuer l'attente rébarbative, l'ennui soporifique et la rébarbative expectative, il sont donc prisonniersde la Condition humaine.En effet, ils essayent de se rebeller comme Pozzo l'avait fait ou du moins d'imiter celui-ci et Lucky, mais lespersonnages, piètres cabotins n'arrivent pas à donner forme à cette mise en abyme et ainsi, malheureusement ils neparviennent pas à retrouver cet instant, ce moment où le couple nomade avait réussis à les délivrer de leur attente,de leur ennui, de leur expectative et même de leur conditions humaine durant l'instant, certes court, d'un moment.Des hommes donc, victimes du temps et de la durée qui les dominent, un des sujets fondamentale de l'absurdeUn extrait appartenant donc totalement au théâtre de l'absurde, Estragon nous donne l'exemple d'un deuxième sujetfondamentale de celui-ci: l'homme est capable de se détruire lui-même sans réelle motivation, de s'autodétruire, desouffrir lui-même à tel point qu'il est capable de se « mutiler ».

Ici, Estragon se laisse aller a sa fantaisie et s'imagineune situation dans laquelle il se place victime, tout sa pour faire passer une nouvelle fois, l'attente rébarbative,l'ennui soporifique et la rébarbative expectative.

Il tente d'échapper à sa condition de simple humain mais la réalitéle rattrape vite et il est obligé de se trahir et d'avouer sa folie auprès de Vladimir.

L'homme est donc dépendant desa cruelle condition, cyclique comme le montre cette étude qui est obligé de se répéter parce que le texte se répèteafin de renforcer le fait que cette condition humaine s'imposera toujours face a l'homme, quoiqu'il fasse, quoiqu'il. »

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