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Commentaire composé sur le fable "Les Membres et l'Estomac" de La Fontaine.

Publié le 03/03/2025

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« S2 L1 Lettres classiques & modernes Commentaire composé - « Les membres et l’estomac », livre III, fable 2, La Fontaine. Jean de La Fontaine, écrivain et fabuliste du XVIIe appartenant au Classicisme, est principalement connu pour ses fables.

À bien des égards, ces dernières constituent des critiques sociales plus ou moins explicites, comme cette fable-ci intitulée « les membres et l’estomac ».

« Les membres et l’estomac » est la deuxième fable du livre III, elle succède à la fable « Le meunier, son fils et l’âne » qui introduit des thèmes qui touchent à la vie en communauté et en société dont il est également question dans ce texte.

Cette fable met alors en scène une querelle entre tous les membres d’un corps et l’estomac ; alors que les membres semblent symboliser le peuple, l’estomac semble symboliser le pouvoir royal.

Ancré dans un contexte historique particulier puisque succédant à la fronde et aux remontrances du peuple, cette fable apparait à première vue comme une dénonciation de l’égoïsme du peuple et comme un rappel de l’importance de l’équilibre des rôles et du pouvoir royal dans une société.

Toutefois, une pointe d’ironie sous-tends une vision plus critique de la monarchie et fait de cette fable un texte ambivalent. Comment cette fable, par son ton ironique, oscille-t-elle entre légitimation et dénonciation du pouvoir royal ? Si cette fable apparait tout d’abord comme une explicite tentative de légitimation du pouvoir royal, cette allégorie met toutefois en avant une fine considération du peuple alors même que le ton ironique employé sous-tend un regard plus critique sur la monarchie. I.

Une fable qui s’inscrit comme une tentative de légitimation du pouvoir royal. A.Un pouvoir bénéfique pour le peuple. En effet, ce texte semble tout d’abord s’inscrire comme une légitimation du pouvoir royal centralisé.

Cette légitimation auprès du peuple passe donc d’abord par une description méliorative des bienfaits de cette administration. Des vers 30 à 35 on relève alors un vocabulaire propre à la bonté qui vise à présenter le Roi comme un bienfaiteur qui agit dans l’intérêt de tous puisqu’il « fait subsister l’artisan », « enrichit le Marchand », « gage le magistrat », « maintient le laboureur » et « donne paie au soldat ».

Ainsi, le pouvoir royal est associé à une sorte de bonté, d’indulgence, qui permet au peuple de vivre et qui maintien la vie et la société. Ce pouvoir apparait comme d’autant plus bénéfique pour le peuple lors de l’échec de la révolte de ce dernier.

En effet, les membres du corps décident de « chomm[er] », dès lors le parallélisme au vers 15 « les mains cessent de prendre, les bras d’agir, les jambes de marcher » annonce une catastrophe, voire une véritable tragédie rendue par le rythme ternaire de la phrase.

Ainsi, le vocabulaire employé change et se tourne vers l’échec et la souffrance : il est question d’ « erreur » au vers 18, de « langueur » au vers 20 ou encore de « forces [qui] se perdirent » au vers 21.

Ce lexique est d’ailleurs accentué par S2 L1 Lettres classiques & modernes l’utilisation de formes négatives, particulièrement au vers 20 qui précise « il ne se forma plus de nouveau sang au coeur » et associe ainsi directement l’éviction du pouvoir royal à la mort et à la faillite de la société.

Par ces procédés, l’auteur nous montre la nécessité de ce pouvoir mais surtout les bienfaits qu’il engendre pour le peuple. Ainsi, cette fable s’inscrit d’abord comme une tentative de légitimation du pouvoir royal dans la mesure où elle donne à voir les bénéfices que le peuple gagne à obéir : qu’il s’agisse de moyens de subsistance ou d’un équilibre plus global. A.Un pouvoir mesuré. Mais cette fable s’inscrit aussi comme une légitimation du pouvoir royal dans la mesure où elle cherche à donner de celui-ci une image de mesure, d’équilibre et d’égalité.

Il s’agit alors de montrer le pouvoir royal comme porteur d’une juste rétribution et garant d’un ordre, d’une stabilité.

Ainsi, l’antithèse au vers 25 qui articule « elle reçoit » et « elle donne » vient opposer les deux termes afin de présenter le pouvoir royal comme un système complet et sain.

De la même manière, au vers suivant, on oppose le pronom « tout » au pronom « elle » pour montrer que le travail de tout un peuple est dévoué à ce pouvoir mais surtout pour souligner la réciprocité (le terme est directement utilisé) de cette dévotion : le peuple donne mais le roi tout autant. La monarchie semble si sensible à ce maintien de l’ordre, de l’équilibre et de la stabilité qu’elle participerait même davantage que le peuple lui-même à son propre bien-être, en témoigne la rime pauvre qui articule aux vers 24 et 25 « Que celui qu’ils croyaient oisifs et paresseux, à l’intérêt commun contribuait plus qu’eux » qui présente la monarchie comme plus soucieuse de l’intérêt commun mais surtout plus active de ce bien commun. Ainsi, cette fable s’inscrit également comme une tentative de légitimation du pouvoir royal dans la mesure où elle présente cette administration comme garante d’un ordre, d’une organisation, d’un équilibre et d’une stabilité saine pour la société. II.

Une allégorie qui montre toutefois une fine compréhension du peuple. A.

Un fabuliste adopte le point de vue populaire. Toutefois, l’ambiguïté du texte se dessine lorsque que l’on prête un peu plus attention au point de vue du fabuliste.

En effet, dans cette fable, il est question avant tout du peuple qui constitue le sujet du texte, l’acteur principal de la fable (là où d’ailleurs le pouvoir royal métaphorisé en estomac est pointé du doigt pour sa passivité).

En effet, l’impératif utilisé au vers 13 « Chommons » caractérise bien cette activité et cette initiative du peuple, tout autant que le parallélisme « ainsi dit, ainsi fait » au vers 11 qui, par le contraste entre dire et faire, montre la valeur performative du langage du peuple et donc sa capacité à s’ancrer dans la société par des actes et des faits. S2 L1 Lettres classiques & modernes Ainsi, cette fable semble, malgré son éloge du pouvoir royal, afficher une fine considération du peuple. De la même manière, on remarque que le point de vue narratif interne employé par le fabuliste semble l’inclure dans la masse du peuple : en témoigne les marques de la première personne du pluriel des vers 10 à 12 telles que « Nous suons, nous peinons », « nous n’en profitons pas » ou encore « notre soin n’aboutit qu’a fournir ses repas ».

Ainsi, le fabuliste lui-même semble porteur d’un autre point de vue : celui du peuple avec lequel s’instaure une sorte de complicité. Cette fable, bien que d’abord tournée vers une légitimation du pouvoir royal semble donc également, par le point de vue narratif.... »

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