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Commentaire de la lettre 62 des Lettres Persanes

Publié le 17/05/2019

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?Commentaire composé de la lettre 62 Il s?agit de la lettre soixante-deux des Lettres Persanes, la dix-septième lettre dans les correspondances consacrées au sérail et la deuxième de Zélis parmi ses 5 lettres en tout. Elle a comme objet la subordination « heureuse » des femmes où Zélis pense qu?il vaut mieux confier la fille d?Usbek âgée de sept ans aux eunuques noirs du sérail le plus tôt possible. Il faut l?habituer à la subordination avant que les passions la pousse à l?indépendance. Elle justifie cette idée par le fait que la phallocratie est un ordre naturel. A la fin, Zélis affirme qu?elle n?est pas moins heureuse qu?Usbek et que dans sa prison, elle est plus libre que lui. C?est ainsi que s?impose la voix auctoriale, qui repose sur la satire de l?institution orientale et métaphoriquement du despotisme occidental. Pour dévoiler cette énonciation implicite, nous étudions d?abord la cruauté de l?éducation orientale, ensuite la synthèse ironique de Zélis et de Montesquieu. Zélis entame sa lettre par la description de l?éducation au sein du sérail, dont la fille qu?elle a eue avec Usbek est un exemple. De là , se dessine une sacralisation de cette éducation à travers le champ lexical du sacré «  sainte », « sacré », « pudeur »,.. En effet, la réception d'une nouvelle jeune fille donne lieu à un vrai rite religieux, « une éducation sainte dans le sacrés murs». Par conséquent, nous pouvons déceler la structure carcérale et répressive du sérail. Grâce aux termes « intérieurs », « murs », et « renferment », nous pouvons dire que c?est un espace clos et d?étouffements physiques. Symboliquement, il est un lieu de contraintes où se jouent des rites...

« esclave et « tu » du maitre revient ici mais renversée : « Je » maitre et « tu » esclave.

c’est ce qui fonde l’ironie de Zélis.

Cette idée se trouve encore renforcée par la tournure stylistique de la négation « ne connais pas » et « n’a fait que languir » affirmant l’ignorance d’Usbek de la vraie liberté, la vraie vie.

En effet, Zélis avoue que la liberté d’esprit vaut beaucoup plus que la liberté du corps à travers l’hyperbole: « j’ai gouté ici mille plaisirs », « mon imagination a travaillé sans cesse ».

Donc elle jouit d’une prison heureuse quine l’a pas anéantie moralement puisqu’elle a «vécu »malgré son immobilité physique.

Par conséquent Usbek est dans le véritable enfermement : ses inquiétudes.

Et comme pour le martyriser encore plus, la femme lui énumère les tournements et les marques de la dépendance dont il souffre énormément « tes soupçons, ta jalousie, tes chagrins, sont autant de marques de ta dépendance » L’ironie se lit aussi dans la série des impératifs : « continue », « fais veiller », « «ne te fie pas », « augmente » qui montrent sa capacité de vivre heureuse derrière les verrous qu’il lui a imposés par lui-même.

C’est ainsi que les rôles se trouvent inversés afin de montrer que la dépendance psychologique est plus contraignante que les murs du sérail.

Et c’est à travers de cette ironie que la voix auctoriale d’impose.

Au début, Montesquieu se désolidarise de son personnage féminin, instrument d’une énonciation détournée.

En effet, Zélis devient l’objet de l’ironie auctoriale par l’exemple qu’elle donne de l’esclave qui délecte son esclavage.

Son discours malgré son apparence épidictique d’un être raisonnable ne fait d’elle qu’un personnage ironique, à travers duquel le lecteur est invité à examiner la condition féminine sous un régime tyrannique et phallocratique.

Montesquieu se moque non seulement de l’institution orientale fondée sur la monopolisation du corps féminin et sa réification, mais aussi de la figure de la femme qui accepte cet ordre, l’intériorise et veut même le transmettre à sa fille.

Idéologue des Lumières, il ne peut pas s’empêcher de critiquer la naturalisation de la servitude à travers la condition féminine dans le sérail et dans sa relation maritale.

Cette relation est fondée sur la phallocratie qui accorde à l’homme la toute puissance et instrumentalise la femme.

Un ordre de telle cruauté est mis à la forte satire de Montesquieu dans cette lettre et dans les toutes les autres correspondances entre Usbek et ses femmes.

Cela nous mène à dévoiler le deuxième niveau de l’énonciation auctoriale qui s’avère être double : L’ironie de l’absolutisme dont la phallocratie n’est que l’expression symbolique.

A ce niveau, Montesquieu cesse de prendre le contre-pied de son personnage et se solidarise avec lui dans son ironie d’Usbek, figure du despote.

En effet, il caricature l’ordre tyrannique de la monarchie tout en préfigurant la chute du despote qui trouvera son trépas symbolique à cause du suicide de sa femme Roxane.

Il s’avère donc que Montesquieu opte pour cette énonciation double et biaisée dans le but d’ironiser sur l’absolutisme occidental, et c’est ainsi qu’il passe pour un grand moralisateur et penseur des Lumières. Voilà, en somme, une lettre qui préfigure le dénouement tragique des lettres persanes dont laquelle Zélis explique l’ordre phallocratique naturel et la cruauté de l’éducation orientale, et finit par se moquer de son maitre.

Cette ironie nous dévoile la posture d’un auteur satirique qui opte pour cette figure féminine afin de se moquer de la phallocratie et symboliquement du despotisme occidental.

Cette caricature est une constante dans les Lettres Persanes ( présente dans les 38 lettres du consacrés au sérail).

Elle fait de Montesquieu un grand moralisateur des Lumières dont le style et l’esprit critique et moqueur nous rappelle les Lettres Anglaises de Voltaire.. »

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