Commentaire de la scène 5 de l'acte IV du Tartuffe de Molière.

Avec Le Tartuffe, Molière déchaîna les foudres du parti des dévots. En s’attaquant au fanatisme et à l’hypocrisie des directeurs de conscience, il déclencha une cabale menée avec virulence  par la Compagnie du Saint Sacrement et les Jésuites. Aussi, dut-il lutter durant cinq ans et rédiger trois versions de sa comédie avant qu’elle ne soit autorisée au public parisien en 1669. Molière place au centre de sa pièce, Tartuffe, le personnage éponyme qui sous couvert de dévotion, manipule Orgon le chef d’une famille de la haute bourgeoisie parisienne et l’aveugle au point que ce dernier s’apprête à lui léguer ses biens et à lui donner sa fille, Mariane. Afin d’empêcher cette catastrophe, Elmire, la femme d’Orgon et la soubrette Dorine fomentent un plan ; elles comptent se servir des sentiments qu’éprouvent Tartuffe envers Elmire. Ainsi, à la scène 5 de l’acte IV, Elmire, ayant  installé son mari sous une table, livre une fausse déclaration d’amour à Tartuffe pour dévoiler à son mari l’hypocrisie du faux dévot. Mais celui-ci la presse alors de céder à ses avances. Comment Molière démasque-t-il Tartuffe ? D’une part, il fait jouer à Elmire une comédie dangereuse et d’autre part il donne une satire du faux-dévot.             En quoi Elmire joue-t-elle un jeu dangereux et comique ? 1. Un personnage en danger. Elmire est une position délicate : sa fausse déclaration a enflammé le désir de Tartuffe qui cherche à la posséder. Elle exprime donc dans cette scène la peur de l’adultère et l’angoisse face au viol.  Ex1 : "(Elmire tousse plus fort) «, vers 312  / « Après avoir encore toussé «, vers 323. Analyse : Didascalies dont les adverbes « plus « et « encore « montre la progression de l’angoisse d’Elmire qui appelle à l’aide son mari. Ex2 : « Oui, je suis au supplice « (v. 313) / « on s’obstine à m’y vouloir réduire « (v. 329), «  Tant pis pour qui me force à cette violence « (v. 334). Analyse : champ lexical de la torture, Elmire emploie des expressions hyperboliques (notez la diérèse sur « vi-olence « mettant de l’emphase sur son martyre) pour souligner le danger extrême dans lequel elle se trouve. Ex3 : « Il faut se résoudre à céder « (v. 323), « il faut que je consente à tout accorder « (v. 324), « Il faut bien s’y résoudre « (v. 332). Analyse : la répétition du verbe d’obligation « il faut « place Elmire en situation de ...