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Commentaire de l'incipit des Ames grises de Philippe Claudel

Publié le 05/01/2012

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               Tout d’abord,  le sujet du roman, reste flou. Il est lié au domaine judiciaire : des termes comme « l’Affaire « (L 14),  «le Procureur « (L 29),la  « prison« (L 24) ou encore le « grand procès « (L 27)font  songer à un crime : un meurtre, un viol ? L’emploi de la « majuscule « (L 14) et la réaction des habitants du village, leurs« soupirs« ou leurs « « mimiques« (14/15) montrent  assez le caractère dramatique de ce qui s’est passé et qui a laissé une trace dans la mémoire collective. Le récit promet donc d’être sombre, il risque de rouvrir « les plaies « (2) en mettant en scène les personnages d’un triste fait divers qui sont à ce jour disparus, désignés par la métaphore des « ombres « (10). La seule certitude repose sur le contexte  historique ; le récit, par une analepse, va remonter à « 1917 « (L13), année où se sont déroulés les « faits « (L06 ) près du « front « (L22), pendant la « guerre « (L20)

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« « il y a tout ce temps parti que les mots ne reprendront jamais » (L01 -02), posant d’emblée l’in - capacité de l’écriture à restituer le passé.

Malgré la mémoire que revendique le narrateur, les « vi- sages » (L 02) paraissent assez insaisissables.

Et la mise en ordre des péripéties pose problème, le narrateur « ne sai[t]trop par où commencer » (L 01).

Les obstacles se dressent devant lui, il avoue que la tâche « est bien difficile » (L 01) dès le début du roman, ce qui rend le lecteur perplexe quant à sa cap acité à mener le récit.

La narration commence , en apparence, avec spontanéité, sans recul, au fur et à mesure d u déroulement de sa pensée.

Un narrateur qui reconnaît ses limites n’est pas banal. Ainsi, bien des zones d’ombre voilent ce début de roman, par le biais d’un narrateur- personnage qui est détenteur d’informations capitales qu’ il cède avec beaucoup de réticences.

Si l’incipit joue en grande partie sur le non- dit, un personnage clé, le procureur, est, lui, largement décrit, «au premier plan »(10) Physiquement , c’est un homme âgé au moment de « l’Affaire » , il a « plus de soixante ans » (15 ) et arbore « des cheveux gris » (18).

Un choix d’adjectifs montre qu’il est plutôt ascétique, austère, il est « grand et sec » (16), sa silhouette ne signale pas un bon vivant.

I l apparaît hautain, et l’on se méfierait de lui – même s’il a de l’allure, ce que suggère la comparaison à une sorte d’aigle, « oiseau froid, majestueux et lointain » (16).

Son visage n’est pas expressif, il ne livre rien de ses émo - tio ns à travers ses« yeux clairs qui semblaient immobiles» (17) ou ses« lèvres minces» (17).D ’ailleurs il se montre très réservé, « il parl[e] peu» (16).

Globalement il apparaît comme un intellectuel, ce que symbolise son « haut front » (18).

Autre intro duction : Philippe Claudel, écrivain contemporain né en 1962, connaît un vif succès auprès d’un large public.

Il reçoit d’ailleurs le prix Goncourt des lycéens en 2007 pour Le rapport de Brodeck .

L’extrait proposé est tiré, lui, des Âmes grises, couronné par le prix Renaudot en 2003.

On peut se demander quel pacte de lecture le romancier veut établir dès le début du roman .

L’incipit intrigue par ses mystères et propose le portrait d’un personnage essentiel, le Procureur.. »

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