commentaire de text musset
Publié le 30/04/2017
Extrait du document


«
Cette dispute s’appuie donc sur des propos véhéments qui dévoilent des enjeux de pouvoir et des rivalités.
2 : Les forces en présence
Marianne et Octave jaugent leurs forces réciproques lors de cet affrontement, de cette joute verbale
subtile et tendue.
Marianne l’emporte si l’on considère que c’est elle qui parle le plus et que c’est elle qui met
le coup final (obligeant d’ailleurs Octave dans la suite de la scène à de laborieuses justifications).
Musset
lui-même expliqua qu’à la suite de l’écriture de l’ensemble de la scène, il « resta étourdi de la force du
raisonnement [de Marianne] ».
Il ajouta avoir pensé : « Il serait incroyable que je fusse moi-même battu par
cette petite prude.
».
C’est que la jeune fille semble à la hauteur du libertin, habitué à manier le verbe pour
séduire.
Ainsi c’est elle qui dans ce passage est à l’origine de toutes les images (comparaisons et métaphores
filées) : Octave est un ambassadeur ou une nourrice, l’amour est du chinois ou de l’arabe, ou un enfant à la
mamelle.
Le jeune homme se contente de développer en associant naturellement la nourrice au lait, puis en
filant la métaphore : le lait devient indifférence.
La seule image dont il est à l’origine est celle de la « rose sans
épines et sans parfum », image certes cruelle (Et Marianne la lui reprochera dans la suite de la pièce) mais qui
au fond n’est que la variation d’un topos amoureux.
Marianne dont l’art de la répartie semble abouti est celle qui manie avec le plus de conscience les mots.
Lorsqu’elle passe à une nouvelle image, elle le signale : « Ou peut-être que… ».
Et elle se moque dans sa
dernière réplique de l’image avancée par Octave, lui déniant toute inventivité et toute spontanéité.
Marianne a compris que l’amour est d’abord échange verbal, ses mots sont affûtés et elle a démontré qu’elle
ne redoutait pas l’affrontement avec un séducteur patenté dont le lecteur-spectateur a déjà pu entendre (voire
admirer) au début de la pièce l’efficacité rhétorique.
II : Un dépit amoureux
1 : Le véritable sujet de la dispute
Le schéma actantiel de départ de la pièce place Coelio au cœur de l’intrigue.
Il est le sujet qui demande
à Octave d’être l’adjuvant de son amour.
Le mouvement même de la pièce, sa progression tend à effacer
Coelio.
Progressivement l’intérêt dramatique va se déplacer sur les relations entre Octave et Marianne.
Il en
est ainsi dans ce passage : si Coelio est nommé dans la première réplique d’Octave, il est ensuite évoqué à
travers le pronom de l’absence « il ».
Octave dans un sursaut va ensuite utiliser une 1 ère
personne du pluriel très
ambigüe qui ne cache pas la disparition de Coelio comme sujet de l’entretien.
Le sujet de l’entretien, en effet, est véritablement l’amour en général et celui dont chacun des interlocuteurs
est capable (ou coupable ?).
Deux conceptions opposées de l’amour s’affrontent ici et chaque personnage
incarne une conception différente.
Marianne raille l’amour de Coelio dont Octave est le porte-parole et donc le
représentant : elle lui reproche d’être incapable de s’exprimer seul, et elle reproche à cet amour son manque
de limpidité (Chinois, arabe ?), sa fragilité et sa brièveté.
L’expression « un amour comme celui-là » montre le
peu de cas qu’elle accorde à un sentiment qu’elle considère (sans doute à tort d’ailleurs, le lecteur-spectateur a
déjà pu constater la douleur du fragile Coelio) avec mépris car futile et éphémère.
Elle en appelle donc à un
amour sincère et profond, vrai et authentique, un amour qui relève de l’évidence (celui qui « s’explique tout
seul »).
Quant à Octave, il reproche à Marianne sa froideur lorsqu’il critique son indifférence et la compare à
une rose fade.
L’amour est donc le sujet de la dispute (En latin, disputatio : échange, débat d’idées, débat), un amour brûlant
et quasi-sensuel avec ces références très osées à la mamelle et aux lèvres, ou cette référence à un enfant, fruit
d’un futur amour…
C’est donc à une sorte de guerre des sexes que se livrent ici les personnages ; d’ailleurs, ils utilisent le lexique
de la guerre et de la diplomatie : « interprète », « ambassadeur », « craignons »..
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