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commentaire de texte chapitre 6 le lambeau philippe lançon

Publié le 20/02/2022

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« Le 7 janvier 2015, lors des attentats de Charlie Hebdo, le journaliste Philippe Lançon se trouve dans la salle de rédaction lorsque les terroristes y pénètrent et tirent sur ses collègues et lui-même.

Il est gravement mutilé à la mâchoire.

Suite à cela, il écrit un livre sur sa reconstruction faciale et mentale, intitulé Le Lambeau.

Le texte proposé à l’étude en est un extrait.

Le passage se situe au chapitre 6, « Le Réveil », et traite justement de son réveil après sa première anesthésie.

L’auteur doit faire face à une nouvelle identité, totalement chamboulée par le tragique évènement. Ainsi, nous verrons comment il exprime les atteintes à l’intégrité de son « moi ».

Pour cela, nous étudierons d’abord sa difficulté à appréhender et intégrer cette nouvelle condition, pour ensuite montrer que cet évènement l’a changé pour toujours. Pour commencer, il est dur pour l’auteur de se rendre compte du bouleversement qu’a subi son « moi ». Tout d’abord, il est confus, et ses propos sont parfois flous.

Cela s’explique par l’état léthargique dans lequel il se trouve les quelques minutes précédant son réveil, qu’il désigne comme une « rêverie » (l.15).

Ses sens sont nébuleux, en particulier l’odorat : « l’odeur du café », une odeur qui se trouve réellement dans la salle de réveil, et « l’haleine de Gabriela » (l.3) (sa compagne), un souvenir olfactif se mélangent.

La confusion totale de ces deux odeurs est mise en avant par le parallélisme « l’une et l’autre, l’une dans l’autre » (l.

4).

Son repérage dans le temps est aussi imprécis, voire inexact : le paradoxe « pendant quelques secondes, pendant vingt ans » (l.7), ainsi que la mise en relation d’éléments temporels et spatiaux aux lignes 26 et 27 : « dans ces secondes qui allaient au-delà du lit » le montrent.

Son souvenir du terroriste manque aussi de précision, celuici étant seulement décrit par le complément du nom « aux jambes noires » (l.15).

Enfin, l’auteur a parfois besoin d’utiliser des images pour expliquer au mieux son ressenti : il se sert de comparaisons aux lignes 8 : « comme un bouquet de fleurs », et 19 : « comme des porteurs de lampe ».

Son « moi » est donc incapable de penser clairement et de manière cohérente. Ensuite, nous pouvons observer un grand décalage entre ses illusions et la réalité.

En effet, il se projette dans le futur, comme il l’aurait fait si l’attentat n’avait pas eu lieu : les connecteurs temporels « dans une semaine » (l.1) et « bientôt » (l.2) le montrent, et aller « à New York » (l.1) paraît irréalisable puisque nous savons, en tant que lecteurs informés du contexte, qu’il ne quittera pas l’hôpital avant plusieurs mois.

De plus, le récit étant rétrospectif, l’auteur met à distance ce qu’il pensait être vrai avec le modalisateur « croyais-je » (l.2).

Ce décalage est aussi perceptible lorsqu’il parle de « [s]a cafetière » : il se croit chez lui, comme le souligne la locution « au lieu de » (l.24), qui marque sa déception vis à vis de ce qu’il était persuadé de reconnaître (« la rambarde en fer forgé », l.24).

Sa réalité a tellement évolué, que son « moi » a grandement perdu de sa clairvoyance quant au monde qui l’entoure. Enfin, affronter cette nouvelle réalité est difficile.

Les expressions « ouvrant les yeux » (l.22-23) et « cette reprise de conscience » (l.28) ont un double sens : elles marquent en effet son réveil physique, mais aussi le fait qu’il se rend compte, réalise ce qu’il se passe.

Son retour à la réalité est brusque, comme l’expriment l’adverbe de rupture « soudain » (l.20), la locution temporelle « c’est alors que » (l.22) et le connecteur temporel « quelques secondes » (l.25).

L’expression « tout le reste s’est engouffré » (l.

27) est assez visuelle et imagée : il sombre dans sa nouvelle réalité, comme dans un gouffre. Ainsi, ces instants entre sommeil et réveil que l’auteur décrit expriment l’entre-deux flou où il se trouve, entre son ancienne identité et sa nouvelle. En effet, l’attentat est un évènement qui l’a changé pour toujours :ce ne sera plus jamais comme avant. L’idée d’un avant et d’un après est d’abord mise en avant.

Les compléments circonstanciels de lieux « à New York, chez Gabriela » (l.1) et « face à l’East River » (l.3), l’énumération « l’appartement, le lit, le café, le yaourt, […] la journée Shakespeare » (l.12-13), l’insistance sur « le sourire et l’haleine de Gabriela » (l.

4 et 13), sont des éléments qui réfèrent à sa vie avant l’attentat.

Cette vie était harmonieuse, comme le montre le rythme ternaire de l’énumération de. »

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