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COMMENTAIRE DE TEXTE : CHAPITRE XX DE GARGANTUA

Publié le 22/04/2012

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gargantua

 

 

François Rabelais est moine, médecin et écrivain. Illustre personnage de la Renaissance et du mouvement humaniste à l'essor duquel il a grandement participé, ses ouvrages les plus célèbres sont Gargantua et Pantagruel qui tiennent toutes deux du conte, avec leurs personnages de géants, et de la parodie de l'héroïque et du comique. Rabelais favorise ainsi les prémices du roman réaliste et satirique tant son oeuvre demeure considérée comme une des premières formes du roman moderne.

L'extrait étudié, le chapitre XX de l'ouvrage, est un passage essentiellement descriptif qui nous présente les habitudes de Gargantua sur un ton empreint d'ironie qui s'inscrit dans la continuité de la critique d'une certaine forme d'enseignement. Le texte suit l'ordre chronologique d'une journée-type de la vie du géant. On s'intéressera ici au mode de vie auquel Gargantua s'est habitué en démontrant à la fois combien il est un élève rendu pitoyable par ces façons de vivre insalubres puis dans un même temps à la part de responsabilité de ses mauvais professeurs l'ayant amené à adopter ce mode de vie trivial en lui inculquant leur enseignement scolastique régressif.

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« besoins naturels ''il chiait, pissait, crachait, rotait, éternuait et se mouchait'' (ligne 26) et cela ''abondamment'' comme l'auteurn'oublies pas de le préciser afin d'affirmer le chant lexical du gigantisme fait autour du personnage et de ses manières.Rabelais fait l'énumération d'un petit-déjeuner très copieux même pour un géant : ''belles tripes frites, belles carbonades,beaux jambons, belles grillades et force tartines'' (ligne 28) et résumant ainsi le régime des Sorbonagres à la goinfrerie et àl'ivrognerie.

Tout au long de cette description de la journée de Gargantua, Rabelais prend bien soin d'employer l'imparfaitpour souligner combien ce mode de vie est devenu habituel dans le quotidien du géant.Devant la remarque de Ponocrates lui prodiguant de faire de l'exercice avant de ''se goinfrer ainsi au saut du lit'' (ligne 32),Gargantua lui déploie les enseignements de ses anciens maîtres confusément, son discours confondant conseils, citations etfaits jamais remis en question dans une suite illogique l'amenant à se convaincre lui-même de la salubrité de sa façon devivre : ''Je me suis retourné six ou sept fois dans mon lit avant de me lever.

(...) C'est ce que faisait le Pape Alexandre, (...), etil a vécu jusqu'à sa mort'' (ligne 35).

Le géant devit du sujet de sa goinfrerie pour amener celui de la boisson et il expliqueainsi que ce sont ses maîtres - dont il fait l'éloge, ''Maitre Tubal (qui fut le premier de sa licence à Paris'' (ligne 42) - qui l'onthabitué à ce mode de vie ''c'est pourquoi ils buvaient les premiers'' (ligne 41) ajoute-t-il pour justifier de la teneur de sespropos.

Il assure combien ces habitudes lui conviennent et combien elles sont saines pour sa santé, ''d'où le proverbe : Levermatin n'est pas bonheur ; boire matin est le meilleur'' (ligne 48) conclut-il.

Vient ensuite un passage consacré à la religion ettout au long duquel se distingue le champ lexical de la quantité et de la lourdeur faite autour de l'office religieux que subitGargantua.

''dans un grand panier un gros bréviaire pesant, (...), à peu près onze quintaux'' (ligne 51), ''on lui amenait sur unchariot à boeufs un tas de patenôtres de saint Claude, aussi grosses que le moule d'un bonnet, et, (...), il en récitait plus queseize ermites'' (ligne 60), tous les éléments associés au culte religieux sont exagérés pour montrer combien l'office semblepesant et purement formaliste, presque mécanique.

Là encore les précepteurs interviennent ''l'haleine désinfectée à forcede sirop de vignoble'' (ligne 56) pour renouer avec le thème du penchant de ces derniers pour la boisson.

La quantité, ''vingt-six ou trente messes'' (ligne 54), ''des kyrielles de chapelets'' (ligne 58), empiète sur la qualité et la foi authentique en estnégligée : Gargantua ''entendait'' les messes et ''marmonnait'' ses prières.

Il en est de même pour le temps consacré à l'étude,la part de l'enseignement dans ses habitudes quotidiennes étant quasi nulle, ''Il étudiait une malheureuse demi-heure''(ligne 65), et bâclée, ''les yeux posés sur son livre, mais son âme était à la cuisine'' (ligne 66).

On retrouve dans la dernièrepartie de l'extrait tous les champs lexicaux dans une conclusion amenant en leur point culminant la trivialité, le gigantisme etl'animalisation du personnage : ''Après avoir pissé un plein pot de chambre, il s'asseyait à table'' (ligne 68) puis uneénumération décrit son repas que Rabelais compose ''par quelques douzaines de jambons, de langues de boeuf fumées, decaviar, d'andouilles, et autres avant-coureurs du vin'' (ligne 70).

À nouveau on marque le récit par une exagération pourinsister sur la goinfrerie et le gigantisme caricatural ''quatre de ses gens lui jetaient dans la bouche, à tour de rôle et sanss'arrêter, de la moutarde à pleines pelletées'' (ligne 74).

Quelques dernières indications amènent la fin du récit descriptif duquotidien du géant par l'appuie qui est fait quant à la notion de démesure dans les habitudes et le personnage de Gargantua :''il mangeait, (...), des mets au gré de son appétit, et ne cessait de manger que lorsque son ventre lui tirait'' (ligne 77).

Tout au long du chapitre, on constate bien les mauvaises habitudes occasionnées par les enseignements et l'éducation desprécédents précepteurs Sorbonagres de Gargantua sur sa façon de vivre.

''en buvant il n'avait ni mesure ni règle'' (ligne 79)conclut presque le chapitre et résume assez bien les conséquences de l'enseignement dispensé pendant de longues annéespar ses précepteurs Sorbonagres.

La part de responsabilité des précepteurs et de cette éducation constitue ainsi pourRabelais un freins à toute capacité de réflexion et d'esprit critique et à tout libre-arbitre tant Gargantua ne fait que répéter lespréceptes et les habitudes dispensés par la Sorbonne.

Cette éducation scolastique, certes caricaturale, dont Gargantua estune acerbe critique, amène de nombreuses conclusions quant aux conséquences et aux caractéristiques d'un certainenseignement qui, à l'aube de l'Humanisme, va à l'encontre des idéaux initiés par des auteurs comme Rabelais : un profondmépris du corps, une absence d'hygiène et d'exercice physique, mais une véritable obsession du boire, du manger et desdésirs.

La religion est réduite à une pratique mécanique et l'absence quasi totale d'apprentissage, aussi bien pratiquequ'intellectuel, condamne Gargantua à demeurer sot et ignorant.

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