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Commentaire du chapitre X du livre I du Rouge et le noir

Publié le 21/02/2023

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« Commentaire du chapitre X du livre I du Rouge et le noir 1 Julien s'échappa rapidement et monta dans les grands bois par lesquels on peut aller de Vergy à Verrières.

Il ne voulait point arriver sitôt chez M.

Chélan.

Loin de désirer s'astreindre à une nouvelle scène d'hypocrisie, il avait besoin d'y voir clair dans son âme, et de donner audience à la foule de sentiments qui l'agitaient. 5 J'ai gagné une bataille, se dit-il aussitôt qu'il se vit dans les bois et loin du regard des hommes, j'ai donc gagné une bataille ! Ce mot lui peignait en beau toute sa position, et rendit à son âme quelque tranquillité. 10 Me voilà avec cinquante francs d'appointements par mois, il faut que M.

de Rênal ait eu une belle peur.

Mais de quoi ? Cette méditation sur ce qui avait pu faire peur à l'homme heureux et puissant contre lequel une heure auparavant il était bouillant de colère acheva de rasséréner l'âme de Julien.

Il fut presque sensible un moment 15 à la beauté ravissante des bois au milieu desquels il marchait.

D'énormes quartiers de roches nues étaient tombés jadis au milieu de la forêt du côté de la montagne.

De grands hêtres s'élevaient presque aussi haut que ces rochers dont l'ombre donnait une fraîcheur délicieuse à trois pas des endroits où la chaleur des rayons du soleil eût rendu impossible de s'arrêter. 20 Julien prenait haleine un instant à l'ombre de ces grandes roches, et puis se remettait à monter.

Bientôt, par un étroit sentier à peine marqué et qui sert seulement aux gardiens des chèvres, il se trouva debout sur un roc immense et bien sûr d'être séparé de tous les hommes.

Cette position physique le fit sourire, elle lui peignait la position qu'il brûlait d'atteindre au moral.

L'air pur de ces montagnes élevées communiqua la sérénité et même la joie à son âme.

Le maire de Verrières était bien toujours, à ses yeux, le représentant de tous les 25 riches et de tous les insolents de la terre ; mais Julien sentait que la haine qui venait de l'agiter, malgré la violence de ses mouvements, n'avait rien de personnel.

S'il eût cessé de voir M.

de Rênal, en huit jours il l'eût oublié, lui, son château, ses chiens, ses enfants et toute sa famille.

Je l'ai forcé, je ne sais comment, à faire le plus grand sacrifice.

Quoi ! plus de cinquante écus par an ! un instant auparavant je m'étais tiré du plus grand danger.

Voilà deux victoires en un jour ; la seconde est sans mérite, il faudrait en deviner le comment.

Mais à demain les pénibles recherches. 31 Julien, debout sur son grand rocher, regardait le ciel, embrasé par un soleil d'août.

Les cigales chantaient dans le champ au-dessous du rocher, quand elles se taisaient tout était silence autour de lui.

Il voyait à ses pieds vingt lieues de pays.

Quelque épervier parti des grandes roches au-dessus de sa tête était aperçu par lui, de temps à autre, décrivant en silence ses cercles immenses.

L'œil de Julien suivait machinalement l'oiseau de proie.

Ses mouvements tranquilles et puissants le frappaient, il enviait cette force, il enviait cet isolement. C'était la destinée de Napoléon, serait-ce un jour la sienne ? Stendhal, Le Rouge et le Noir, livre premier, chapitre X Introduction – La particularité dans l’écriture de Stendhal c’est de mélanger plusieurs registres : à la fois réaliste et romantique, il n’en est pas moins profondément critique.

En effet, il n’hésite pas à mettre à distance les sentiments et attitudes de ses personnages.

Le héros du Rouge et le noir, Julien Sorel, est bien décidé à s'élever au-dessus de sa condition de fils de charpentier.

Au service de M.

de Rênal, il voit peu à peu sa situation évoluer et, suite à un quiproquo, il parvient même à obtenir de M.

de Rênal une augmentation.

À la fin du chapitre X du livre premier, il s'isole pour méditer sur cette victoire pour le moins inattendue.

On pourra alors se demander comment Stendhal traduit les mouvements de l'âme de son héros.

Nous commencerons par observer l'élévation de Julien Sorel avant de montrer que ce personnage mène à sa manière une guerre contre la société.

Nous soulignerons pour finir la singularité de ce héros tout à fait singulier. I.

Une élévation 1.

Une double ascension 2.

Une méditation solitaire II.

Un héros en guerre 1.

Une bataille 2.

L'ivresse de la victoire III.

Un héros singulier 1.

Un héros qui se questionne 2.

Un héros contemplatif Conclusion – Stendhal parvient donc bien à représenter la complexité de son héros.

L'approche réaliste n'exclut pas la plongée dans « une foule de sentiments ».

Si cette élévation semble temporairement apaiser ce singulier personnage, elle ne met pas un terme au combat qui est le sien.

C'est que Julien Sorel n'est pas au bout du parcours imaginé par le romancier. CORRECTION : I.

Une élévation 1.

Une double ascension Le héros s'élève au propre comme au figuré dans cet extrait.

Au sens propre : - Le verbe « monter » marque le début de cette double ascension. - Le lexique renforce cette impression de hauteur.

Autour de Julien Sorel se dressent par exemple « de grands hêtres » et on le voit finalement se tenir « debout sur un roc immense » et « debout sur son grand rocher », après avoir savouré « l'ombre de ces grandes roches ».

Nous rencontrons aussi dans ce texte d'« énormes quartiers de roches nues ». - Les répétitions qui parcourent l'extrait confirment que Julien Sorel est au diapason d'un paysage impressionnant. - Egalement au sens figuré : « cinquante francs d'appointements par mois ».

Julien a conscience de la double ascension : « Cette position physique le fit sourire, elle lui peignait la position qu'il brûlait d'atteindre au moral ». 2.

Une méditation solitaire La position de Julien Sorel lui permet aussi de s'éloigner des autres hommes. - Le paysage offre un calme propice.... »

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