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Commentaire James Joyce (p.242-244 Folio classique) : Tandis qu'il descendait les marches [...] sur le point de choir.

Publié le 03/04/2012

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Dans Ulysse, James Joyce écrit «  Dieu a fait l'aliment, le diable l'assaisonnement. «. Cette vison d'une vie de plaisir qui nécessite parfois de pécher perdure dans l'oeuvre de James Joyce. Portrait de l'artiste en jeune homme est un roman de formation écrit en 1916 qui n'est pas autobiographique. Cependant, à la lecture de la progression de Stephen Dedalus vers sa vocation d'artiste, il est évident de penser que l'auteur a lui aussi vécu certaines étapes cruciales de ce parcours. Comme l'affirme son frère Stanislaus Joyce dans « Open letter to Dr Oliver Gofarty «, James Joyce a du faire un choix face à la proposition de rentrer dans les ordres tout comme il le fait vivre à Stephen Dedalus dans le chapitre IV. Après une éducation pieuse dans l'école jésuite de Clongowes, Stephen mène une vie rythmée par les messes, prières et réflexions religieuses. Le directeur du collège jésuite convoque Stephen afin de lui soumettre l'idée de devenir prêtre. Le directeur vante le pouvoir des prêtres et flatte Stephen en tant qu'être d'exception choisi de Dieu. Dans l'extrait qui nous intéresse, Stephen Dedalus sort tout juste de son entretien avec le directeur et il se projette dans une possible vie de prêtre. C'est alors qu'il prend la décision de ne pas entrer dans les ordres même si le salue de son âme en dépend et de s'affirmer en tant qu'homme. Sa vocation lui apparait par une peinture négative de la vie cléricale puis l'incompatibilité de sa personnalité avec cette vie qui le pousse presque instinctivement à ne pas entrer dans les ordres jésuites et à s'affirmer en tant qu'homme. 

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« 1.

Le nom de Stephen : .Le patronyme de Stephen Dedalus fait référence à Dédale, le constructeur dulabyrinthe de Crète, ce qui fait de cette oeuvre le labyrinthe que doit traverser Stephen pour atteindre sa vocation.Ainsi James Joyce nous donne à voir la religion comme un nouveau piège qui tient Stephen éloigné de sa vied'artiste.

Le piège de la prêtrise, une étape que Stephen doit franchir.

.

L'autre nom mentionné dans cet extrait est celui de la rue de résidence des jésuite «Gardiner Street » qui fait référence à Stephen Gardiner, un évêque anglais qui a plaidé en faveur du divorce d'HenriVIII.

Stephen Gardiner a donc été malgré sa Foi contre l'avis de l'Eglise catholique à la suite de quoi il a été destituéde son rôle d'évêque.

Le rapprochement avec le prénom du héros est évident, Stephen va rejeter les ordres endépit de sa Foi pour s'accomplir en tant que personne.

.

La construction autour du titre « Révérend Stephen Dedalus S.J.

» en une seulephrase, un seul paragraphe, sans verbe fait ressentir au lecteur la brutalité du nom qui « jaillit » devant les yeux deStehen.

Il est inconcevable pour Stephen de modifier ce nom qu'il a fini par s'approprier.

Le fait d'ajouter les initialesS.J.

-Societas Jesu- marquerai son appartenance à l'ordre jésuite et le destituerai de son véritable nom, de savéritable identité.

 Stephen Dedalus a appris à aimer son nom, il en a fait sa force et une marque d'originalité.

Lareligion apparait ici comme une « menace » à son nom et au fait de s'affirmer en tant que personne.

2.

La personnalité de Stephen en opposition : .

Dès la première phrase de cet extrait, par un effet de sustentation avec « : », JamesJoyce insiste sur le « masque morne, reflétant le jour englouti ».

Ce masque taciturne qui s'impose à Stephen deuxfois dans cet extrait est décrit comme un visage « sans yeux, à la mine renfrognée et dévote, taché de rose parune colère étouffée.

» et assimilé au visage du prêtre.

L'idée même du masque implique la nécessité de refouler sonidentité et de changer sa personnalité.

Le fait que ce visage de prêtre ne peut voir et étouffe toute parole impliqueque Stephen devra ne regarder que Dieu et refouler ses sentiments si il accepte de porter ce masque alors qu'il asoif d'apprendre du monde qui l'entoure.

Cette personnalité qui s'oppose est accentuée par le contraste entre lestermes qui qualifient Stephen et ceux qui qualifient l'univers morne des prêtres.

Si tout semble figé, creux et triste,Stephen est associé au mouvement (« animait », « réveillerait », « passait »).

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Stephen s'interroge puis affirme sa personnalité.

Par le biais de question « qu'étaitdonc devenu […] ? », puis de phrases affirmatives, il tente de se définir.

Il est timide, orgueilleux, un êtred'exception, qui a soif de liberté et d'indépendance.

Cette étude de sa personne le place définitivement enopposition avec la vie qui lui est proposée.

Le communautarisme, le fait d'être perdu dans « l[es] eau[x]paresseuse[s] » d'une vie de dévotion ne lui convient pas.

.

L'orgueil de Stephen a toujours joué un rôle moteur pour le personnage.

Après avoirété flatté par le directeur, c'est l'orgueil de Stephen qui le pousse à refuser son offre.

C'est le pouvoir de toutchanger « de son chef » qui le convainc.

Même après tant d'années de dévotion, l'ordre jésuite n'a que peud'influence sur lui, il peut d'un simple « acte précis » tout défaire.

Ce pouvoir flatte l'Ego de Stephen et le confortedans son choix.

James Joyce insiste à nouveau sur l'orgueil de Stephen avec « sa propre sagesse » ou « lui-même »,Stephen veut être considéré avec son caractère exceptionnel. Stephen affirme donc son nom et sa personnalité dans cet extrait, James Joyce met en évidenceun caractère incompatible avec la vie dans les ordres.

Tout l'être de Stephen semble lui ordonner de ne pasaccepter l'ordination.

III.

Stephen devient un homme.

1.

L'instinct de Stephen : .

Dans cet extrait, Stephen semble être contrôlé par son instinct.

Les pensées etimpressions qu'il a lui sont imposées (« Il se vit », « Le nom […] jaillit en toutes lettres devant ses yeux etfut suivi de l'apparition d'un visage »).

Les pensées semblent se bousculer dans son esprit, il y a un grand nombre descènes décrites dans ce passage relativement court et ces pensées se superposent rapidement les unes aux autresau fur et à mesure qu'il progresse sur sa route (« à ce moment même »).

Stephen semble incapable de contrôler leflot de ses pensées, comme si son fort intérieur les lui dictait.

.L'instinct de Stephen se manifeste aussi dans l'opposition entre son âme et sonéducation.

A la manière de Freud, James Joyce met en place la personnalité complexe de Stephen tiraillée entre son« ça » et son « surmoi » (« Un instinct éveillé par ces souvenirs, plus fort que l'éducation ou la piété, s'animait en lui», « la distance qui séparait son âme […] la faible emprise qu'exerçait sur lui tant d'années vécues dansl'ordre et l'obéissance »). Dans cet extrait, James Joyce nous met face à la bataille qui s'exerce en Stephen.

Son instinctlui intime presque l'ordre de renoncer à dire ses voeux.

2.

La chute vertigineuse d'Adam : .

Dans la Bible, Adam accepte de manger le fruit afin d'acquérir la connaissance, iciStephen fait le même choix, il est appelé par l'idée d'acquérir la sagesse du monde.

Il est alors au même titrequ'Adam destitué de son Paradis, de son cocon qui l'éloigne des dangers du monde.

Stephen choisi de poursuivre saquête de sagesse, de croquer la pomme même si c'est en désobéissant à Dieu.

Il décide de pécher, de risquer saplace au paradis afin de s'épanouir en tant qu'homme et de devenir ce qu'il est.

La chute de Stephen est amorcée.

.

Cette idée de chute est renforcée par le mouvement de Stephen dans cet extrait.L'idée de descente est omniprésente (« il descendait les marcher », « la descente en file ») et arrive à son. »

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