Commentaire les fiançailles Alcools
Publié le 23/04/2023
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COMMENTAIRE Les fiancailles fragement 3, 4, 5
Je n'ai plus même pitié de moi
Et ne puis exprimer mon tourment de silence
Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles
Un Icare tente de s'élever jusqu'à chacun de mes yeux
Et porteur de soleils je brûle au centre de deux nébuleuses
Qu'ai-je fait aux bêtes théologales de l'intelligence
Jadis les morts sont revenus pour m'adorer
Et j'espérais la fin du monde
Mais la mienne arrive en sifflant comme un ouragan
J'ai eu le courage de regarder en arrière
Les cadavres de mes jours
Marquent ma route et je les pleure
Les uns pourrissent dans les églises italiennes
Ou bien dans de petits bois de citronniers
Qui fleurissent et fructifient
En même temps et en toute saison
D'autres jours ont pleuré avant de mourir dans des tavernes
Où d'ardents bouquets rouaient
Aux yeux d'une mulâtresse qui inventait la poésie
Et les roses de l'électricité s'ouvrent encore
Dans le jardin de ma mémoire
Pardonnez-moi mon ignorance
Pardonnez-moi de ne plus connaître l'ancien jeu des vers
Je ne sais plus rien et j'aime uniquement
Les fleurs à mes yeux redeviennent des flammes
Je médite divinement
Et je souris des êtres que je n'ai pas créés
Mais si le temps venait où l'ombre enfin solide
Se multipliait en réalisant la diversité formelle de mon amour
J'admirerais mon ouvrage
INTRODUCTION :
Apollinaire, qui a vécu une période marquée par la Première Guerre mondiale et
la perte de sa muse, exprime son désespoir et sa quête de sens à travers une
poésie à la fois lyrique et moderne.
Le recueil Alcools,publié en 1913 par
Guillaume Apollinaire, rassemble des poèmes écrits entre 1898-1912 .Il
présente un parcours personnel depuis les poèmes de jeunesse jusqu’à « Zone »,
poèmes qui sont séparés en plusieurs sections.
Dans ce poème, le poète se livre
à une introspection profonde en utilisant un ton mélancolique pour exprimer son
désespoir, mais également un ton de détermination pour trouver une nouvelle
voie poétique.
Nous nous demanderons comment le poète exprime le désespoir
et la perte de sens qui l'habitent, ainsi que sa quête d'une nouvelle forme
d'expression poétique ? Dans un premier temps, nous analyserons la profonde
crise du poète Apollinaire qui se traduit par la suite par une perte de repères
poétiques avant de voir comment le poète parvient à renouveler l'expression
poétique en se tournant vers une nouvelle sensibilité artistique.
PLAN :
I.
C’est tout d’abord , en nous faisant par de ces tourment et de sa difficulté à
s’exprimer qu’Apollinaire aborde La crise existentielle qui le touche et le fait
souffrir :
Le poète est confronté à une crise profonde qui l'empêche d'exprimer son
tourment
Les mots se transforment en étoiles, symbole de la perte de repères et de
la difficulté à s'exprimer
Le poète brûle intérieurement au centre de deux nébuleuses, image de sa
souffrance intérieure
II.
les thèmes de la mort et de la perte dominent les vers l’empêche de voir clair
dans la poésie traditionelle :
Les cadavres des jours qui jalonnent la route du poète
La mort qui se profile, symbolisée par les morts qui reviennent pour
l'adorer
La perte de la poésie traditionnelle, que le poète ne maîtrise plus
III.
Sa remise en question et sa reconception de la poésie l’amène vers la quête
d'une nouvelle forme d'expression poétique :
Le poète médite et sourit des êtres qu'il n'a pas créés
L'amour de la beauté et des fleurs, qui peut devenir une source
d'inspiration poétique
L'ouverture à une nouvelle forme d'expression poétique, que le poète peut
admirer s'il parvient à la réaliser
I.
C’est tout d’abord, en nous faisant part de ces tourment et de sa difficulté à
s’exprimer qu’Apollinaire aborde La crise existentielle qui le touche et le fait
souffrir :
Dans ce poème, Apollinaire décrit une crise existentielle profonde qui le paralyse
et l'empêche de s'exprimer.
Cette idée est renforcée par la phrase nominale qui
ouvre le poème.
En effet, la première phrase "Je n'ai plus même pitié de moi" est
une phrase nominale, c'est-à-dire qu'elle ne comporte pas de verbe conjugué.
Cette absence de verbe traduit l'immobilisme et l'incapacité du poète à agir ou à
se définir.
De même, la répétition de la négation "plus même pitié de moi" insiste
sur le désespoir du poète et sur sa souffrance.
Le verbe "exprimer", qui apparaît
dans la deuxième partie de la phrase, est ainsi mis en relief et souligne
l'incapacité du poète à communiquer son tourment.
Cette crise existentielle,
symbolisée par l'impossibilité d'exprimer son mal-être, est donc au cœur du
poème et semble lui faire perdre ses repères poétique .
En évoquant, la transformation de ses mots en étoiles, le poète semble vouloir
nous communiquer ce qu’il conçoit comme une perte de repères et la difficulté à
s'exprimer.
Cette idée est d’autant plus confirmé par la subordination.
En effet,
la proposition "Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles" est
subordonnée à la phrase précédente "Et ne puis exprimer mon tourment de
silence".
Cette subordination met en relief l'idée que le poète est pris dans un
état de silence, de blocage qui le rend incapable de communiquer.
La métaphore
des étoiles suggère que les mots sont devenus des éléments éloignés et
inaccessibles, des points lumineux qui ne peuvent être atteints.
Cette image
poétique souligne l'incommunicabilité du poète et son sentiment d'impuissance
qui par ailleurs l’empêche de vivre en paix intérieurement.
Apollinaire nous fait part de la souffrance intérieure qui l'habite.
En effet,
l’utilisation du verbe "brûler" au présent de l'indicatif permet d'insister sur
l'intensité de la souffrance du poète, qui est présente en lui à chaque instant.
La
juxtaposition de deux nébuleuses autour du poète renforce l'idée de l'intériorité
de sa souffrance, qui est ici décrite comme une explosion de lumière et de feu.
Cette image poétique suggère que la souffrance du poète est d'une telle intensité
qu'elle est comparable à la violence des forces cosmiques qui agissent dans
l'univers.
Cependant , la souffrance dont il nous fait part ne peut que rejoindre
l’idée de mort qui pèse sur Apollinaire
II.
les thèmes de la mort et de la perte dominent les vers l’empêche de voir clair
dans la poésie traditionnelle :
Le poète évoque sa confrontation à la mort.
Une idée qui est particulièrement
marquante est celle des "cadavres de mes jours" qui "marquent [sa] route".
Cette idée est exprimée grâce à un procédé syntaxique qui met en évidence la
répétition du syntagme nominal "les cadavres de mes jours" en début de deux
vers successifs.
Cette répétition crée un effet d'insistance sur l'image des
cadavres des jours qui jonchent la route du poète et met en évidence la
répétition de cette expérience douloureuse tout au long de sa vie.
Le choix de ce
syntagme nominal est également significatif.
En effet, l'utilisation du terme
"cadavre" implique une idée de mort, de pourrissement, qui renforce le caractère
morbide et désespéré du poème.
On perçoit dans ces vers la profondeur de la
douleur ressentie....
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