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Commentaire linéaire : Ronsard, « Quand vous serez bien vieille … »

Publié le 08/11/2011

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ronsard

Travail préparatoire : S’il s’agit d’un poème : après s’être assuré que la thématique générale a été comprise, s’attacher d’abord à la manière dont le poème est construit : Types codifiés de poèmes : blason, sonnet, poème en prose, ode, chanson, élégie etc…  -voir s’il y a des strophes (par exemple sonnet = 4 strophes, deux quatrains et deux tercets)  les vers et leur nombre de syllabes (régularité ou au contraire irrégularité ? homométrie ou hétérométrie ?)  -vers : hexamères, décasyllabes, alexandrins (divisé en deux hémistiches égaux 6 / 6)  les rimes : -rimes plates : deux rimes qui se suivent. AABBCC….  Rimes embrassées : ABBA  Rimes croisées : ABAB.  Rimes brisées : deux hémistiches riment ensemble

ronsard

« noblesse à Hélène vieillie, ce qui tempère la violence de l'évocation.Figuration d'une scène : utilisation du PSC de temps et du futur.

Une scène qui s'ouvre aux yeux d'Hélène (ladestinataire du poète) et aux yeux du lecteur.

Utilisation des participes présents : durée et accentuer le caractère« visuel » de la scène.Les deux vers suivants marquent l'irruption du « je », d'abord indirectement : « mes vers », puis ostensiblement misen valeur en début de vers : « Ronsard ».

On note que « mes vers / émerveillant » (rime interne) se répondent,soulignant fortement cette entrée de la première personne, et soulignant le talent de poète de Ronsard, quiconstituera le fond de son argumentation dans le second quatrain.

Sa maîtrise formelle, par ailleurs, est démontréepar l'équilibre des alexandrins (tous ont une césure après la sixième syllabe ) , qui se confirme dans la suite dupoème.Insister sur l'inscription du nom (de Ronsard) au cœur du quatrain : une véritable « signature » (rapport à lapostérité, thème de la gloire par la poésie)L'imparfait « j'étais belle » est en soi moqueur, puisqu'il postule la laideur d'Hélène vieillie.

Cela dit, on peut noter queRonsard tempère quand même, puisque c'est le seul indice de laideur, Hélène vieillie n'étant pas à proprement parlerdécrite ( ça n'est pas le « Laid tétin » de Marot ! )« Belle » rime avec « chandelle » (rime suffisante), façon d'indiquer que la beauté est aussi fragile que la flammed'une chandelle (symbole baroque traditionnel du fragile, de l'instable ) : le poète poursuit le memento mori.

On estdonc plus près, en dépit des apparences, de l'avertissement que de la rosserie.Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,Déjà sous le labeur à demi sommeillant,Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,Bénissant votre nom, de louange immortelle. Dans le quatrain suivant, Ronsard continue d'étaler sa maîtrise formelle : « lors » répond fermement à « quand », et« sommeillant / réveillant » est une rime riche.

C'est qu'ici, son talent de poète est le sujet : la gloire d'être aiméed'un poète tel que lui est son argument principal.« Mon nom », à la césure du troisième vers, fait référence à l'inscription de « Ronsard » dans le premier quatrain.Il poursuit dans le symbolique : « à demi sommeillant ».

N'est-ce pas là aussi un avertissement, le sommeil passantpour un substitut de la mort ? Auquel cas le fait que le nom de Ronsard « réveill[e] » est éminemment symbolique :le poète est celui qui accorde une forme de vie éternelle, comme l'incite à penser le mot suivant à la rime,« immortelle ».Très clairement, il continue de plaider sa cause en se mettant en valeur : cette fois, son nom est mis en valeur à lacésure.

Par ailleurs, il laisse entendre qu'Hélène est la seule à le mépriser, cf.

la tournure « vous n'aurez …qui … nes'aille … ».

Bien sûr, cela ne va pas sans un certain humour, puisque c'est la « servante » ( et le mot est mis envaleur à la césure ) qui reconnaît la valeur de Ronsard ! Ce mélange d'auto-célébration et d'auto-dérision est lafaçon qu'a Ronsard de tenter de convaincre Hélène.« Votre nom » est mis en valeur à la césure … mais le nom d'Hélène à proprement parler ne figure pas dans cesonnet … comme si Ronsard voulait montrer qu'il peut tout aussi bien cesser de chanter ses louanges si elle serefuse à lui.

(ou comme si l'objet féminin n'était qu'un prétexte au chant poétique, ou un objet interchangeable ousubstituable) Ronsard souffle donc le chaud et le froid dans ce premier mouvement : il se moque d'Hélène, mais dans certaineslimites, lui rappelle sa condition mortelle tout en lui promettant l'immortalité poétique.

Un sujet des plus graves semêle à un humour omniprésent : Ronsard joue les contradictions pour amener Hélène à céder.

2e mouvement Je serai sous la terre et, fantôme sans os,Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain.De façon très traditionnelle, les tercets ouvrent un nouveau mouvement.

Celui-ci est lui-même très structuré : deuxvers pour le poète (distiche), deux vers pour Hélène, ce que le parallélisme « je serai /vous serez » rend plusévident encore.Le « je » apparaît pour la première fois … mais il n'est pas particulièrement à son avantage : « fantôme sans os » !L'image des « os » - même si c'est pour les nier – est saisissante, et participe du memento mori.Cela étant, le second vers présente une idée plutôt apaisée de l'au-delà : « repos ».

Le qualificatif de « myrteux »,à travers l'allusion à Vénus, accentue son autoportrait en amoureux et poète amoureux.

Notons que, par la mêmeoccasion, il signale discrètement son érudition, une de ses qualités de poète.

(référence à la mythologie constantechez Ronsard : participe aussi de l'idéalisation, du grandissement à l'œuvre, notamment celle de la figure féminine)Le portrait d'Hélène se pose en contraste.

Le « foyer » tranche avec les « ombres », la position « accroupie » avecla position « sous terre », implicitement allongée (espace rassurant - ?- de l'intime vs espace inquiétant de la mort).Curieusement, c'est la situation du mort qui semble préférable à celle de la vivante : au « repos » de l'un répondentles « regret[s] » de l'autre.

D'où la valeur supplémentaire que l'on peut accorder à la position « accroupie » =position douloureuse, qui répond au « labeur » du vers 6.Les vers 11 et 12 sont en fait une version condensée du premier quatrain : « foyer » reprend « assise auprès dufeu », « accroupie » reprend « dévidant et filant », et le vers 12 explicite le ton sur lequel il faut lire le vers 4.Ronsard se montre à la fois insistant, et plus pudique encore que la première fois dans le portrait de la vieille Hélène.A noter cependant que le terme « vieille » revient, pique récurrente qui montre que Ronsard n'a pas complètementrenoncé à la goujaterie.Le poète et Hélène sont réunis au vers 12, mais c'est pour être mieux séparés par la césure : « mon amour / et. »

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